Voici quelques champignons bizarres, bizarres… Certains arborent des couleurs incroyables, d’autres des formes qui font penser à des organes du corps humain. Petit voyage dans le monde des champignons étranges présentés sur le passionnant portail de la mycologie.
De la cervelle
Non comestible. De toute façon, à moins d’être un fan de cervelle, Ascocoryne sarcoïdes ne donne pas franchement envie d’y goûter. Il est mou, gélatineux. D’ailleurs, les Anglais l’appellent “Purple Jellydisc”. À l’automne et en hiver, on peut le trouver, en France, sur les parties pourrissantes des arbres feuillus, notamment des hêtres, mais aussi des chênes et parfois des bouleaux.
La coupe de l’elfe
Comestible, mais sans saveur. Impossible de le croiser dans nos contrées. Sarcoscypha occidentalis aux petites coupes orange – rouge vif qui peuvent atteindre 2 cm, se rencontre notamment à l’est des Rocheuses aux États-Unis, dans les Caraïbes, en Amérique centrale. Ce champignon n’a aucun intérêt culinaire. Il est limite caoutchouteux. Il se développe sur des brindilles, des branches mortes des chênes, des érables et des tilleuls.
Une fraise à la crème ?
Comestible, mais sans aucun intérêt. Un drôle de zygoto cet hydnelle de Peck (Hydnellum peckii) ! Son développement le fait passer de forme quasi circulaire (photo) à celle d’un ectoplasme déprimé… Ce qui intrigue, c’est son chapeau qui, quand on le presse, exsude un latex rouge fraise. Espèce commune en Amérique du Nord, très rare en Europe. Il pousse dans les forêts de conifères, en sol acide.
Les doigts de l’homme mort
Non comestible. Tremblez cueilleurs… Le xylaire polymorphe connu également sous le nom de pourridié xylarien ou de doigt noir vous guette. Non seulement il ne se mange pas, mais il est vraiment très très curieux, ressemblant à la main d’un macchabée sortant du sol. Argh… Xylaria polymorpha pousse quasiment à longueur sur des branches, des souches mortes (chênes et hêtres particulièrement).
Oreille-de-Judas
Comestible. Si vous aimez les plats asiatiques, vous en avez sûrement déjà mangé. Ce sont les champignons noirs un peu mous mous quand ils ont trempouillé dans une soupe ou une salade. Auricularia auriculaire-judae est donc comestible, on le trouve un peu partout, y compris en France. En étant un peu attentifs en balade, vous verrez peut-être ces petites oreilles gélatineuses sur un sureau.
Champignons en tutu
Comestible (consommé en Asie). Phallus indusiatus ne pousse pas sous nos latitudes. Il aime la chaleur et se rencontre le plus souvent dans les zones tropicales et subtropicales. Et encore, ce n’est pas un champignon très courant. Des observations ont permis de mesurer la croissance ultrarapide de son pied : de 1 à 2 mm par minute (!) s’il fait chaud et très humide. La tige finit par atteindre entre 15 et 20 cm de haut. Se développe une “jupe” qu’on croirait faite de dentelle.
Oh, un mini Schtroumpf !
Non comestible. Une couleur incroyable et tellement extraordinaire dans le grand monde des champignons. L’entolome de Hochstetter (Entoloma hochstetteri) pousse en Nouvelle-Zélande et en Inde. Chez lui tout est bleu, la tige grêle, le chapeau et les lames. En Nouvelle-Zélande, il vit sur les Nothofagus et les Podocarpus.
Satyre des chiens
Comestible, mais sans aucun intérêt ni gustatif ni culinaire. Pas eu besoin de chercher bien loin pour trouver un nom vernaculaire à Mutinus caninus qu’on appelle satyre des chiens ou phallus du chien. Une tige de 10 à 15 cm pour un diamètre de 1 cm qu’on rencontre peu dans l’Hémisphère Nord, et seulement dans l’humus, sous les feuillus et les conifères, de juillet à octobre.
Un poulpe terrestre
Non comestible. Anthurus archerii a traversé le monde ! Originaire du Pacifique sud, il a débarqué en France voilà environ 150 ans. Il s’est d’abord installé dans la zone bordelaise puis dans la région de Saint-Dié. Son nirvana ? Le pied des feuillus, mais également les prairies humides. Sa couleur fait qu’on le remarque de loin. Son odeur d’excréments aussi…
Des champignons Pollux
Comestible quand il est jeune. Hericium erinaceus est recherché en Asie, il fait partie des champignons consommés en Chine et au Japon. Il est récolté jeune, quand ses aiguillons mous sont blancs (après ils virent au jaune, puis au brun). Surnommé l’hydne hérisson, il se développe sur le bois vivant de bon nombre d’arbres, y compris de fruitiers. Aujourd’hui, ce champignon est cultivé (en sac, sur des substrats variés) quasi industriellement en Chine pour son usage alimentaire, mais également médicinal. Il est, en effet, utilisé en médecine traditionnelle pour soulager des maladies de l’estomac.
Le corail des forêts
Non comestible. Sa couleur rend la calocère visqueuse (Calocera viscosa) très facile à reconnaître : entre jaune orange et orange pétard. Le contraste est superbe avec la mousse des bois, les souches, les feuilles, les tapis d’aiguilles de conifères. Son allure fait immanquablement penser à celle du corail. Globalement, méfiez-vous de tous les champignons qui ressemblent à des coraux. La plupart peuvent provoquer des troubles intestinaux très sérieux.
Bioluminescent !
Non comestible. De nombreux organismes vivants, notamment ceux qui vivent dans les grandes profondeurs, sont capables de produire et d’émettre de la lumière via une réaction chimique. C’est aussi le cas de Mycena chrolophos surnommé au Japon “Nightlight Mushroom” vit en Asie subtropicale, en Australie et au Brésil. Quand ils émettent cette lumière, les champignons ont environ 1 j, et la température ambiante est de 27°C.
La plupart des photos proviennent de Mushroom Observer, une plate-forme nourrie par des passionnés de mycologie.
Si vous présentez des troubles après avoir consommé des champignons, contactez le centre anti-poison au 0800 59 59 59.
Avant de consommer tout champignon inconnu ou que vous pensez reconnaître, adressez-vous à un mycologue. Au moindre doute, ne consommez pas les champignons récoltés. Les champignons présentés dans cet article le sont à titre informatif. Hortus Focus ne saurait en aucun cas être tenu responsable en cas d’intoxication par les champignons présentés ici.