Les œillets peuvent être soit annuels, soit bisannuels, soit vivaces. Ce sont ces derniers, les œillets vivaces qu’Amélie et Jordi Tura cultivent dans leur pépinière Atelier du Végétal, à Bergerac, en Dordogne.
Des plantes qui supportent bien la sécheresse
On a parfois des souvenirs d’œillets liés au jardin de nos grands-parents… Des petits coussins blancs ou roses, un parfum très présent. Ce n’est pas le cas d’Amélie ce qui ne l’empêche pas de les aimer et d’aimer les cultiver : « C’est une excellente plante pour tous les jardins et pour tous ceux qui cultivent des plantes en pot. Il existe une grande diversité de formes, de couleurs, de silhouettes aussi. Les petits coussins de feuilles grises sont intéressants en hiver puisque leur feuillage est persistant. Et comme ce sont des plantes capables de supporter des périodes de sécheresse, ça vaut la peine de s’y intéresser, et de les installer au jardin ».
Des formes et des couleurs diverses
Il existe des œillets tout petits, tapissants, quasiment rampants. On les trouve dans les montagnes. Tout est petit chez eux, les feuilles, les tiges, les fleurs. On est dans le domaine de la miniature comme chez Dianthus strictus var. bebius.
Chez les un peu plus grands, on trouve l’œillet mignardise, “celui dont le nom résonne dans la mémoire de la plupart des jardiniers ». C’est celui des jardins de nos mamies.
Et puis, « il y a celui que j’aime d’amour », l’œillet d’Ugolin dans « Jean de Florette ». Cet œillet-là (Dianthus plumarius) fait des grandes tiges, des grosses fleurs blanches, rose, rouge, corail… et il est très parfumé.
Où planter les œillets
Ce sont plutôt des plantes de rocaille ou des vivaces à installer dans les rocailles où elles sont performantes et font vraiment de l’effet. « Beaucoup de soleil et un bon drainage, c’est le secret de leur réussite ».
Comment les cultiver en pot ?
Les œillets sont très faciles à cultiver en pot. Les conseils d’Amélie :
N’utilisez pas de terreau pur qui est trop tourbeux et ne garde pas bien l’eau. L’œillet pousse très bien dans un mélange au tiers de terre de jardin, terreau et gravier (à ramasser n’importe où, en bord de route par exemple). Mélangez bien vos trois ingrédients dans un seau, une brouette pour obtenir un substrat homogène.
Au bout de deux ou trois ans, rempotez la plante en changeant tout le substrat (complètement appauvri) ou installez-là au jardin.
Comment empêcher les touffes de devenir moches
Si vous constatez que les touffes se « vident » du centre, c’est parce que vous ne les taillez pas assez. Quand la plante est fanée ou bien à l’entrée de l’hiver, prenez votre sécateur ou votre cisaille, et taillez très court. Laissez seulement 5 cm de végétation. La saison, l’œillet va produire de nouvelles tiges y compris au centre et la plante restera homogène.
Comment empêcher les œillets de s’affaler
Évidemment, plus les tiges sont courtes, moins elles ont le risque de s’affaler. Pour les moyens et les grands, Amélie est catégorique : « Si les tiges versent, c’est que la plante ne reçoit pas assez de soleil, ce n’est pas plus compliqué. Un œillet qui reçoit suffisamment de soleil n’a aucune raison de s’affaler, sauf en cas d’orage violent. »
Faut-il couper les fleurs fanées ?
Oui, si votre unique souci, c’est l’esthétique de la plante.
Non, si vous souhaitez laisser la plante de ressemer. Les graines vont tomber, germer et faire de nouvelles plantes.
Quelques espèces d’œillets vivaces
Œillet de Grenoble
Cette espèce (Dianthus gratianopolitanus) et tous les hybrides disponibles (souvent roses) ont tous des noms allemands. Ce sont des œillets qui ne dépassent pas 15 cm de haut, très florifère, bien parfumé. « Il est très florifère, reste bien compact, tout mignon. C’est un excellent œillet de bordure et de rocaille ».
Variétés
Elles fleurissent toutes rose ou presque : ‘Rosenfeder’, ’Blauigel’, ‘Badenia’, ’Feuerhexe’ (rose très vif), ‘Pink Jewel’ (fleurs semi-doubles), ‘Whatfield Gem’ (fleurs doubles rouges et blanches).
Œillet mignardise
C’est le fameux œillet de « Jean de Florette ». « Il réussit bien en rocaille comme en bordure, plate-bande.». Dianthus plumarius a besoin d’une situation très ensoleillée. Nombreuses formes et couleurs !
Variétés :
Dans la série Scent First® : ‘Raspberry Sundae’ (fleurs semi-doubles, rose pâle à centre framboise), ‘Memories’ (fleurs doubles, blanches), ‘Sugar Plum’ (doubles, rose pâle et blanches), ‘First Romance’ (rose layette), ‘Coral Reef’ (bicolore, rose corail et blanc).
- ‘Maggie’ : rose à cœur rouge carminé.
- ‘Munot’ : pétales laciniés, rouge carminé.
- ‘Haytor White’ : fleurs doubles, blanc immaculé.
- ‘Laced Monarch’ : notre préféré !!! Tout en nuances de rose et de rouge !
- ‘Mrs Sinkins’ : un des plus plantés. Fleurs blanches adorables, doubles.
- ‘Lady in Red’ : rouge vermillon.
- ‘Moulin Rouge’ : froufroutant, fleurs à cœur rouge, pétales blancs bordés de rose. Chiquissime !
- ‘Houndspool’ : fleurs rouge sang.
- ‘Albus Plenus’ : fleurs larges, très doubles, blanches.
Œillet des Chartreux
« Dianthus carthusianorum me fait penser à la verveine de Buenos Aires parce qu’il fait des grandes tiges jusque’à 1 m. Il est très intéressant à installer soit en fond de massif, soit dans une prairie où il va se ressemer, se naturaliser. Je l’adore ! ». C’est une plante vigoureuse qui se marie bien avec des monardes, des centaurées et les pollinisateurs lui font sa fête !
Œillet d’Anatolie
Pas bien haut (30 cm), pas bien large (10 cm), D. anatolicus épanouit des fleurs blanc rosé dont le bout des pétales est porteur de fines franges.
Œillet de pierre
Dianthus petraeus est un adorable œillet d’origine balkanique qui fleurit de juin à août en pétales blancs très découpés. Il pousse entre les roches comme son nom vernaculaire l’indique et il est hyper rustique.
Œillet à tiges courtes
C’est un court sur pattes qu’on peut voir dans les rocailles des monts provençaux, celles des Cévennes et les causses du Lot notamment. Les fleurs du D. subacaulis sont petites et roses.
Œillet négligé ou œil-de-paon
5 pétales roses, des tiges courtes, des touffes denses qu’on trouve dans les prairies des Alpes du sud ou des Pyrénées entre 1200 et 3000 m d’altitude. Son nom latin : D. pavonius.
Œillet des sables
Un rikiki qui fleurit en pétales tout blancs et laciniés, de juillet à septembre. D. arenarius pousse bien comme ses copains en terrain sec, mais aussi sur des toitures végétalisées. H : 15 – 25 cm de haut.
Le seul œillet botanique à fleurs jaunes !
L’œillet de Knapp (D. knappii) fleurit jaune crème en juin-juillet et les fleurs sont rassemblées en têtes denses. Le port est souple, la rusticité excellente. Parfaite pour un jardin de gravier, en rocaille, mais également en pot.
Œillet superbe
Il mérite bien son nom avec sa floraison originale : haute (jusqu’à 90 cm !), les fleurs sont laciniées à l’extrême. La floraison semble délicate, mais D. superbus est une plante très costaude, très rustique (-20°C). Les fleurs exhalent un parfum de vanille et sont l’unique source de nourriture du papillon Coleophora musculella. L’espèce est protégée en France.
Œillet à delta
De croissance rapide, bien parfumé, D. deltoides pousse naturellement jusqu’à 2 300 m d’altitude. Il forme des petites touffes, pas très hautes (45 cm grand maximum).
L’œil et l’œillet
L’œillet grenat et l’œillet mauve
Dans la chambre des jours heureux
De leur parfum font une alcôve
Pour mon amour dont l’œil est bleu.
L’œillet grenat et l’œillet rose
À l’heure où le baiser se prend
Parfument la main que je pose
Sur mon amour dont l’œil est grand.
Si de mon amour l’œil est triste
L’œillet mauve et l’œillet grenat
En leur parfum qui tant insiste
Raniment l’heure qui sonna
Et le geste qui vient se rendre
À mon amour dont l’œil est tendre.
Louise de Vilmorin
(L’alphabet des aveux, 1954)