Jardin botanique des îles de Brissago : une merveille…

Sur Saint-Pancrace, la plus grande des deux îles de Brissago (lac Majeur), pousse un jardin botanique à l’histoire étonnante. On y accède en bateau depuis Ascona, en Suisse. Un lieu riche et magique, parfaitement entretenu, qui se prête à la promenade et à la contemplation. Nous y avons rencontré Ida Szöllösi, ingénieure agronome et guide du jardin.

Hortus Focus : racontez-nous l’histoire de ce jardin…

Ida Szöllösi : le jardin des îles de Brissago n’a pas toujours été un jardin botanique. On le doit à la baronne Antonietta de Saint-Léger, née à Saint-Pétersbourg et peut-être la fille illégitime du tsar Alexandre II. Elle fut mariée en troisièmes noces à Richard Fleming, un riche officier anglo-irlandais. Avec lui, elle acheta les deux îles et s’y installa en 1885. Très cultivée, elle jouait du piano, s’intéressait aux plantes et voulut créer ici un jardin botanique, ce qui était aussi un bon moyen de montrer sa fortune. 

Ida Szöllösi ©V.Collet
Ida Szöllösi ©V.Collet
Antonietta de Saint-Léger ©V.Collet
Antonietta de Saint-Léger ©V.Collet

Que sait-on du jardin de l’époque ?

Nous n’avons pas beaucoup d’archives. J’imagine que la baronne Antonietta s’était rendu compte que les îles jouissaient d’un climat très doux entre méditerranéen et subtropical, ce qui permettait d’avoir des végétaux de différents continents. Elle a dû importer des plantes de Californie, du Chili, d’Afrique du Sud et d’Australie, régions qui ont un climat similaire. On sait qu’elle fit venir beaucoup de terre et qu’elle planta des arbres exotiques comme des Eucalyptus. De cette époque, on a conservé de façon sûre deux palmiers, dont un cocotier du Chili (Jubaea chilensis) et un dattier des Canaries (Phoenix canariensis).

Abandonnée de son mari parti à Naples, la Baronne s’est consacrée à la culture et au jardin pendant vingt ans, recevant de nombreux artistes, comédiens, musiciens ou écrivains. Finalement, elle quitta les îles de Brissago, en 1927, en raison de problèmes financiers.

Que devient alors le jardin ?

Les îles de Brissago et le jardin sont vendus à Max Emden, un riche entrepreneur allemand qui possédait des maisons dans le monde entier. Il a dans l’idée de tout vendre pour vivre de façon plus simple dans la nature. Il fait construire la villa comme nous la voyons aujourd’hui (un très bel hôtel-restaurant). En 1949, son fils en hérite et le vend. Depuis 2020 il appartient au canton suisse du Tessin.

Combien d’espèces comporte-t-il ?  

Le jardin présente environ 2000 espèces différentes réparties sur 2,5 hectares. Géré selon les critères de la BGCI (Botanic Gardens Conservation International), il est reconnu internationalement pour son engagement dans la recherche scientifique et botanique et par son rôle dans la sauvegarde de la biodiversité.

Comment s’organise la visite ?

On circule tour à tour dans les différentes parties du jardin, un peu comme un voyage. Du côté très ensoleillé se trouve le jardin méditerranéen, avec des capriers, des euphorbes, des caroubiers… Puis c’est celui d’Afrique du Nord, notamment du Maroc. Ensuite on trouve une petite mare. On a aussi un « jardin magique » avec des plantes toxiques. Des épices, des plantes cosmétiques, médicinales. Puis vers les eucalyptus se trouve la partie australienne, la Nouvelle-Zélande, l’Afrique du Sud. L’Amérique centrale avec ses agaves et ses figues de Barbarie. En revenant, on découvre des plantes du Chili (Araucaria, Nothofagus, Jubaea) et enfin des rhododendrons, des camélias et des grands bambous qui évoquent l’Asie. 

Ile de Brissago ©V.Collet
Ile de Brissago ©V.Collet

Quelles sont les plantes les plus remarquables ?

C’est difficile de dire. Elles sont toutes très exotiques. Pour moi, peut-être les Proteacées d’Afrique du Sud, les fougères arborescentes très anciennes, les séquoias, les cyprès chauves (Taxodium distichum) et leurs pneumatophores et le Ginkgo biloba. 

Le jardin est-il difficile à entretenir ? Combien de jardiniers travaillent ici ?

Ils sont trois, à temps plein. L’an dernier, il a neigé au mois de mars quand les plantes étaient déjà assez avancées. Un phénomène très rare, qui nous a fait peur. Il a permis, finalement, de faire une expérience. En fait la plupart des plantes ont survécu.

Ressentez-vous les effets du réchauffement climatique ? 

Pas encore. L’eau équilibre les choses. L’eau du lac emmagasine la chaleur pendant l’été et la restitue pendant l’hiver. Ici, toutes les plantes restent dehors. Nous avons tout de même une serre avec des poivriers, de la canne à sucre, des bananes et du café. Nous avons aussi une petite mare avec des plantes aquatiques tropicales.

 

Le Jardin botanique des îles de Brissago rouvre le 29 mars. Accès par bateau depuis Ascona (près de Locarno, au sud de la Suisse). Pour tous les renseignements, cliquez  ICI.

Pour tous les renseignements sur le Tessin ou la Suisse :

L’Office du tourisme du Tessin

L’Office national du tourisme suisse

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