Marc-André Selosse dans l’intimité de la biodiversité

Marc-André Selosse est l'invité de DANS QUEL ÉTAT J'ERRE, le podcast du vivant
Marc-André Selosse est l'invité de DANS QUEL ÉTAT J'ERRE, le podcast du vivant
Dans Quel État J'Erre
Dans Quel État J'Erre
Marc-André Selosse dans l'intimité de la biodiversité
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Marc-André Selosse est microbiologiste spécialisé dans les champignons des sols, en particulier les mycorhizes, professeur au Muséum national d’histoire naturelle, et président de la fondation BioGée.

Lorsque je lui ai téléphoné, j’avais pour projet de lui demander de me parler, pour ce premier épisode de la série sur la biodiversité, du sol. En effet, Dans Quel État J’Erre, le podcast du Vivant va explorer la diversité avec les chercheurs qui se passionnent pour chacune de ses richesses. Marc-André Selosse m’a proposé d’aborder un aspect de la diversité biologique qui nous concerne toutes et tous : notre corps et ses microbiotes.

Un matin assez gris

Marc-André Selosse me reçoit.  Il est enrhumé, mais vous allez l’entendre, la passion, l’enthousiasme et surtout ce qui apparait comme une absolue nécessité – faire partager les connaissances – l’emportent.

Parce que voyez-vous, le chercheur est effaré de voir que ses pairs et lui font des recherches de plus en plus fines et sérieuses, avec nos impôts, et que leur prise en compte reste si faible.

Marc-André Selosse, professeur au Muséum National d'histoire naturelle
Marc-André Selosse, professeur au Muséum National d'histoire naturelle

La diversité biologique de notre corps est considérable,
mais elle s’effondre

Nous sommes des zoos, affirme le chercheur. Il y a en nous des milliers de bactéries et de microbes qui sont nos meilleur.e.s ami.e.s. Ces microvivants colonisent nos intestins, nos poumons, notre peau… Et c’est à eux que nous devons notre bonne ou notre mauvaise santé, en partie !

Or, la confusion entre propreté et hygiène, entretenue par le marketing, parfois le monde médical ou paramédical et une information imprécise, est dangereuse. Car si l’hygiène est un concept médical et scientifique, la propreté est une notion culturelle dont mouvante. La première vise la bonne santé quand la seconde satisfait à une norme du moment et du lieu.

Ce que constate aujourd’hui Marc-André Selosse, c’est que notre relation très tendue à la propreté nuit à l’hygiène. Et c’est particulièrement exact pour ce qui est de ce fameux microbiote. Notre alimentation, ce que nous respirons ou appliquons sur notre peau, permet ou non le développement des bactéries qui nous maintiennent en santé.

Les résidus de pesticides dans les fruits, légumes ou céréales portent atteinte à notre zoo interne. Les lessives ou produits de nettoyages qui affichent des propriétés bactéricides doivent être bannis. Certains produits de beauté remplis d’émulsifiants sont ennemis d’un bon microbiote. Les produits carnés mal élevés et porteurs de résidus d’antibiotiques agressent notre corps.

“Si vous lisez sur une étiquette qu’un produit élimine 100% des bactéries, c’est écrit dessus qu’il ne faut pas l’acheter !”

ONE Health

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont travaillé ensemble pour définir le principe :

Le principe « Une seule santé » consiste en une approche intégrée et unificatrice qui vise à équilibrer et à optimiser durablement la santé des personnes, des animaux et des écosystèmes.

Il reconnaît que la santé des humains, des animaux domestiques et sauvages, des plantes et de l’environnement en général (y compris des écosystèmes) est étroitement liée et interdépendante.

L’approche mobilise de multiples secteurs, disciplines et communautés à différents niveaux de la société pour travailler ensemble à fomenter le bien-être et à lutter contre les menaces pour la santé et les écosystèmes.

L’alimentation, sujet majeur !

En gros, nous mangeons trop peu de fibres et 5 fois trop de viande au moins. Nous consommons trop de sucres et de mauvaises graisses. Ceci a pour conséquence une multiplication de graves dérèglements comme le sont les maladies chroniques, mais aussi le développement des allergies et des cancers.

Marc-André Selosse évoque des choix assez simples, mais fondamentaux. Il nous rappelle que ce qui est bon pour la nature est bon pour nous. Et bien souvent ce qui est bon pour notre santé, l’est pour la nature qui nous accueille. Il se réfère au concept One Health, tout en nuançant le propos.

Quand on est jardinier, on sait

  • à quel point le sol est fondamental pour le développement des végétaux,
  • combien la diversité végétale est nécessaire au jardin,
  • ce qu’on perd en degrés sous un arbre et qu’en ville on appelle un îlot de fraîcheur,
  • que le couvert végétal conserve la fraîcheur au sol et économise l’eau
  • que l’eau est une ressource précieuse que nous devons préserver, entretenir et protéger,
  • qu’un bon légume ou un bon fruit est un plaisir immense,
  • ce qu’il en coûte d’utiliser des produits nocifs.

Pour la suite, je vous laisse écouter Marc-André Selosse. Avec le Muséum national d’histoire naturelle, il mène des recherches qui permettent de faire des liens entre ce que nous recevons de l’extérieur et notre corps. Ainsi, peut-être pouvons-nous prendre les meilleures décisions possibles tant à titre individuel que collectif.

Marc-André Selosse est l'invité de DANS QUEL ÉTAT J'ERRE, le podcast du vivant
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