L’actualité nous interpelle sous de multiples formes, celle de la guerre, des catastrophes “naturelles”, des modifications sensibles des climats du monde, sur notre consommation alimentaire. Manger demain, c’est le titre du livre signé par Frédéric Wallet, chercheur à l’INRAE. Dans quel état j’erre lui a tendu un micro !
Il y fait le point sur nos pratiques, les évolutions récentes et les conséquences qu’elles ont. Au-delà des idées reçues, des approximations partisanes, des fantasmes qui circulent, il propose un travail précis qui peut permettre à chacun d’entre nous de faire des choix individuels et collectifs.
Les faits sont têtus
Or, depuis trop longtemps déjà des voix s’élèvent pour rappeler que les faits sont têtus.
Dennis Meadows, auteur du fameux rapport sur les Limites à la croissance, paru en 1972, confirme…
“Croire qu’une technologie permettrait de rester dans la croissance actuelle en évitant les conséquences du réchauffement relève du fantasme.” (Socialter – L’écologie ou la mort).
Ce qui nous nourrit est sujet à controverse parce que complexe et vulnérable du fait de la perte de contrôle des individus, des régions, des états sur la production comme sur la distribution. Il y a matière à penser parce que notre survie en dépend. Voilà pourquoi, je vous propose de retrouver Frédéric Wallet au micro de Dans quel état j’erre.
Aïe aïe aïe !
Voilà un demi-siècle que nous avons confié les clés de notre alimentation et même de notre santé à d’autres, lointains, plus préoccupés de leurs bénéfices que de notre bien-être.
L’approvisionnement alimentaire de la France est construit sur un système complexe de dépendances tant au niveau de la production que de la transformation et de la distribution. Au total, ce qui relie un fruit, un légumes ou un animal à notre assiette se compose d’étapes multiples et les produits parcourent des milliers de kilomètres ; le coût écologique, économique et social en extrêmement élevé et pas toujours facilement décelable par le citoyen, même conscient.
Dans Manger demain, Frédéric Wallet nous exhorte à nous poser les questions de l’autonomie alimentaire – individuelle, de la souveraineté alimentaire – collective et de la résilience des systèmes.
De quelle résilience s’agit-il ?
Dans Manger demain, il ne s’agit pas de cette résilience “sorte d’injonction que l’on pourrait résumer en des termes prosaïques : ce qui ne tue pas rend plus fort.” (Socialter – L’écologie ou la mort). Frédéric Wallet ne l’envisage pas comme une opportunité mais comme un travail profond de réflexion qui conduit à une remise en cause sérieuse des systèmes. Pour cela, il donne des chiffres, des tendances, des faits étudiés et contrôlés.
On peut douter que le travail d’analyse ait été mené et suivi d’effet suite au Covid ou qu’il le soit face aux conséquences de la guerre en Ukraine. On sait que la prise en compte du climat est défaillante sur le plan mondial. Quant à la France, très spécifiquement, rappelons qu’elle a été condamnée à deux reprises pour inaction climatique.
L’alimentation de demain résultera des choix d’aujourd’hui
Ne rêvons pas, l’indécision, les tergiversations ne permettront pas de laisser passer l’orage.
Les scientifiques – qui travaillent sur des données et non sur des opinions – sont formels.
- l’origine anthropique du dérèglement climatique est démontrée.
- la détérioration des puits de carbone terrestres comme océaniques est telle qu’ils sont de moins en moins efficaces pour ralentir l’accumulation des gaz à effet de serre.
- si, comme c’est plus que probable, nous ne réagissons pas très rapidement (le covid nous a pourtant montré que c’était possible) en réduisant l’émission des gaz à effet de serre de 45 % avant 2030, nous ne parviendrons pas à limiter le réchauffement à 1,5 °C.
- si, comme on le craint, nous poursuivons sur la même courbe ce sont + 2,7 °C que devront affronter les jeunes d’aujourd’hui.
- ce qui nous effraie de façon exceptionnelle en matière d’évènements météorologiques (canicules, sécheresses, inondations, tornades,…) va s’amplifier et se multiplier.
- la fonte de la calotte glaciaire produit déjà et va produire des effets dans les océans qui seront irréversibles à l’échelle humaine.
La production alimentaire est en danger pour Manger demain
La question du nombre, et jusqu’à 10 milliards d’humains sur terre, n’est pas centrale pour Frédéric Wallet. Les ressources sont là et la terre est bonne mère pour peu qu’on en prenne soin. En revanche, l’industrialisation, la surconsommation, le déficit d’autonomie, l’abandon de souveraineté sont de réels dangers. Et les dérèglements que cela entraîne, accroissent la vulnérabilité tant des productions que de leur répartition.
L’agriculture et l’élevage intensifs qui se veulent une réponse à des “besoins” des sociétés, mettent en danger le monde humain. La consommation à outrance sur fond de marketing et de communication abime le monde agricole et contribue à une confusion dangereuse des priorités. Parallèlement et continuellement les écarts entre riches et pauvres s’accroissent tant sur le plan individuel que collectif. Le tout est encapsulé dans un système entièrement fondé sur le profit, la croissance et la compétition qui affame les uns pour surnourrir les autres.
Ne sont en bonne santé ni les mal-nourris, ni les trop-nourris !
Des chiffres en plus
Dans son étude, “La Face cachée de nos consommations – Quelles surfaces agricoles et forestières importées ?“, l’association Solagro éclaire la question des importations sous un angle inédit. Elle s’intéresse aux surfaces agricoles et forestières dont nous avons besoin, à l’autre bout de la planète, pour produire nos biens de consommation courante, alimentaires et non-alimentaires et elle présente les impacts induits de l’exploitation de ces surfaces.
Si la France exporte 2,7 millions d’hectares, elle a aussi besoin de 14 millions d’hectares pour produire : cacao, soja, café, viandes, huile de palme, coton, fruits et légumes, bois,… soit 25 % de la surface de la France. Pour la plupart, ces productions génèrent de fortes pressions environnementales : déforestation, assèchement des nappes, usage massif de pesticides…
Voilà qui donne à réfléchir !
Et Yoann Lang de la Forêt de Higas, dans les Landes prévoit, dans cette disposition de sa forêt comestible, de produire ces produits du bout du monde dans une serre solaire d’un ha.
Avec le podcast Dans quel état j’erre, Je vous emmène rencontrer Frédéric Wallet, l’auteur de Manger demain. Je lui ai posé les questions qui me turlupinent et vous soucient peut-être aussi !
Dans quel état j’erre, une série de podcasts
“Dans Quel État j’Erre est le podcast du Vivant qui met en valeur les acteurs d’un monde en transition. Son ambition : traiter des sujets et des actions en relation avec cette nécessaire transition écologique, démocratique et sociale qu’appellent les excès passés.
Pour cela, vous entendrez des interviews ou suivrez le micro sur les terrains de reportage. J’irai là où certains font changer le monde pour le meilleur et pas pour le pire.”
Je suis Isabelle Vauconsant. Dans quel état j’erre, c’est mon podcast. Il est produit par Hortus Focus pour sa chaîne : TerraFocus.
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