Plantes aquatiques, le livre-référence d’Eric Lenoir

Portrait d'Éric Lenoir, pépiniériste

eric-lenoir-plantes-aquatiquesÉric, vous l’avez peut-être déjà rencontré sur une fête des plantes, lu sur Facebook, entendu sur Hortus Focus. Son nouveau livre “Plantes aquatiques & de terrains humides” est sorti récemment. Une référence pour qui possède étang, une mare, un bassin et même une bassine en zinc sur son balcon. Interview les pieds dans l’eau (c’est pas vrai mais tant pis !).

 

Eric Lenoir La pépinière aquatiquePourquoi ce nouveau livre sur les plantes aquatiques et de terrains humides, hein pourquoi ?

En premier lieu, parce que je n’en ai jamais trouvé un qui me convienne. Quand j’ai ouvert ma pépinière, en reprenant la gamme d’un pépiniériste de plantes aquatiques qui partait en retraite, j’ai eu beaucoup de mal à trouver des informations fiables (voire même des informations tout court) pour de nombreux végétaux de la collection. Les atlas de plantes généralistes n’ont fréquemment qu’une toute petite proportion de plantes d’eau ; de surcroît ce sont souvent des traductions de livres écrits à l’étranger… pour l’étranger. De fait, les données indiquées n’étaient pas toujours réalistes pour leur culture sous le climat de la France métropolitaine. Quant à internet, il regorge de perles autant que d’esbroufes.

À quel public ce livre est-il destiné ? 

Nymphaea 'Helvola Main'
Nymphaea ‘Helvola’

À tous ! Je me suis efforcé de faire en sorte que le professionnel ou le passionné puisse y trouver les informations dont il a besoin (un tableau récapitulatif recense les quelques centaines de plantes mentionnées au fil des pages et les données utiles qui leur sont relatives), mais j’ai tenu à ce que le néophyte et l’amateur ne se sentent pas du tout largués à la lecture. Ce n’est pas un ouvrage de botanique ; il comporte énormément de photos, un glossaire, et le texte est accessible. J’ai glissé un volet ethnobotanique dans la description de chaque plante, pour « alléger » le contenu.

Ethnobotanique, kezako ?

Ce qui est relatif au lien entre Hommes et Plantes. Cela comporte les usages traditionnels, la phytothérapie, les usages alimentaires, etc. 

 

 

Un exemple ?

Hippuris
Hippuris

La pesse d’eau (Hippuris vulgaris), excellente plante oxygénante. Dans les bassins, on l’utilise beaucoup à cet usage, mais je n’ai pas pu m’empêcher de mentionner qu’elle était comestible.
Bon, certes, elle n’est pas terrible au goût, mais les Eskimos l’accommodent avec une délicieuse (enfin, eux la trouvent délicieuse) sauce au sang de phoque.

Je vois, je vois…  Ton inventaire est-il exhaustif ? 

Oh là là, non !! Même s’il mentionne de nombreuses plantes sauvages endémiques en plus des variétés exotiques (rustiques) et horticoles, on est très loin du compte !

Imaginez : en France, on détermine administrativement une zone humide  par la présence d’au moins une des plus de 700 espèces végétales recensées pour ce type de milieu. S’il m’avait fallu avoir ce niveau d’exhaustivité, en intégrant toutes les plantes rustiques issues des différents continents, les centaines de cultivars d’Iris du Japon (entre autres), les 300 et quelques pages du livre n’auraient pas suffi.

Et, pour le coup, il commencerait probablement à devenir un peu ennuyeux !

Tu présentes également des plantes qui ne sont pas nécessairement considérées comme des plantes d’eau. C’est normal, docteur ?

Bon nombre de plantes d’eau (et de terrain humide) ne sont surtout pas considérées en tant que telles dans les ouvrages ! Le classique hémérocalle adore avoir les pieds qui trempent – je l’emploie régulièrement dans les lagunages de filtration pour les bassins – de même que des plantes comme l’éphémère de Virginie (Tradescantia andersoniana et consort), la salicaire (Lythrum salicaria)  et autres rubans de bergère (Phalaris arundinacea ‘Variegata’). 

Carex riparia 'Variegata'
Carex riparia ‘Variegata’
Menyanthes
Menyanthes
Miscanthus sacchariflorus
Miscanthus sacchariflorus

Ces plantes sont douées d’une grande adaptabilité, mais on oublie parfois que leur milieu de prédilection est vraiment très humide.
Inversement, j’ai souvent trouvé ailleurs des informations contradictoires concernant des plantes supposées apprécier l’immersion ou au contraire préférer ne jamais être submergées. C’est au fil de mon expérience de producteur, paysagiste, et des voyages que j’ai pu me forger ma propre opinion, preuves à l’appui. Il s’avère que les plantes ne se comportent pas pareil partout, et que les conditions tant de production que de plantation influent autant que le climat sur leur capacité à s’adapter à un emplacement. 

Y a-t-il un modèle de plantations type, que l’on peut envisager pour n’importe quel bassin ?

Certainement pas, chaque cas est un cas particulier. Il y a beaucoup de données à prendre en compte : exposition, profondeur, présence ou non de poissons herbivores, courant, jeu d’eau, possibilités de planter dans de grands bacs ou pas, souhaits esthétiques… Autant de points qui vont diriger vers tel ou tel choix (d’où la nécessité du tableau de synthèse pour dégrossir l’offre).

Carex
Carex
Flerial, lac tatanka
Flerial, lac tatanka

De même, on ne va pas choisir les mêmes végétaux selon qu’on garnit un bassin artificiel, un demi-tonneau sur une terrasse ou une mare naturelle. Un point intéressant est que les bassins des particuliers ont beaucoup évolué en termes de design. Grâce à la géomembrane (la bâche à bassins en caoutchouc), chacun peut facilement créer un aménagement à son goût, et l’on trouve de plus en plus de plans d’eau d’inspiration naturaliste, très profitables à la faune. 

Combien de temps t’a-t-il fallu pour rassembler toutes ces informations ?

Nymphaea 'James Brydon'
Nymphaea ‘James Brydon’

Plusieurs années !
J’ai commencé la rédaction des premières lignes en 2006, à la création de la pépinière. J’engrangeais alors les informations pour moi, puis pour mon site de vente en ligne. Au fur et à mesure le travail s’est affiné, et la banque de données photographiques a considérablement grossi.

Après la publication d’un premier bouquin (ndlr : “Créer simplement un bassin de jardin, éd. Ulmer), j’ai pu convaincre mon éditeur de me suivre sur ce nouveau projet, qu’il m’a fallu plus d’un an pour terminer de mettre en forme.

Mais quel bonheur de le tenir enfin en mains !

D’autres projets dans l’immédiat ?

En dehors du jardinage, des balades au bord de l’eau, de la contemplation de la nature et du partage de tout ça ? Rien de vraiment essentiel…

Hemerocallis
Thalictrum 'Davan's flair'
Thalictrum ‘Davan’s flair’

“Plantes aquatiques & de terrains humides”, éd. Ulmer, 32 € (pas donné mais ça les vaut !)

Vous pouvez suivre Eric Lenoir sur sa page Facebook et visiter le site de sa pépinière, installée en Bourgogne. 

 

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