À l’origine, le tsukubai (蹲踞, littéralement « bassin où l’on se penche »), est un petit bassin japonais destiné à l’ablution que l’on trouve dans les chaniwa (茶庭), les jardins entourant les pavillons de cérémonie de thé.
Un tsukubai que l’on croise de plus en plus dans nos jardins, en pleine mode des jardins japonais !
Le bassin sert à se purifier les mains et la bouche avant la cérémonie. La position basse du bassin oblige les personnes à se baisser en signe d’humilité d’où son nom. Le tsukubai peut avoir des formes différentes, mais il s’agit généralement d’une pierre creusée, alimentée en eau par un tube en bambou. Une louche sert aux ablutions, car on ne trempe jamais ses mains dans l’eau.
Une vieille histoire
Les premières fontaines tsukubai sont apparues au Japon à l’ère Heian (794-1185). Elles étaient destinées aux rituels de purification pratiqués dans les temples bouddhistes ou les sanctuaires shintoïstes, puis dans les jardins de thé japonais. Cette fontaine tsukubai est composée d’un bassin en granit ou en pierre de lave, appelé chozubachi, et d’un tuyau en bambou, fendu ou non, appelé kakei qui alimente le bassin.
Près du bassin se trouve une louche en bambou appelée hishaku, utilisée pour la purification.
C’est le chozubachi, au départ simple bassin, qui a évolué pour devenir un tsukubai plus complexe.
À proximité, on trouve généralement une petite fosse remplie de déchets végétaux qui symbolisent les impuretés dont il convient de se débarrasser, les pensées mondaines et l’image volontiers complaisante que l’on a de soi-même.
Mizubore ishi
Kiku bachi
Les différentes formes de Chozubachi
Il en existe de nombreuses.
– Mizubore ishi : une pierre creusée naturellement par l’érosion, le temps, voire par la pluie. Elles sont très rares (donc chères).
– Kiku bachi : une pierre sculptée, en forme de fleur de chrysanthème ou kiku. C’est le symbole du Japon impérial.
– Zeni : bassin représente une ancienne pièce de monnaie.
– Ginkakuji : De forme cubique, provenant du temple Ginkaku-ji, à Kyoto.
– Natsume : une forme ovale inspirée du fruit du jujubier (Ziziphus jujuba).
Zeni
Ce tsukubai Zeni est le plus célèbre du Japon. Il se trouve à Kyoto, dans le jardin du temple Ryôanji, littéralement « Temple du repos du dragon ». Il date du XVIIe siècle et est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.
L’installation
Il n’existe pas de règle concernant l’emplacement du tsukubai. Cependant, son installation, liée à la cérémonie du thé, ne tolère pas la fantaisie… Cependant, des pierres bien spécifiques nommées Yaku-ishi sont placées autour du Chozubachi ; chacune avec une fonction définie.
Toute la zone du tsukubai, nommée Umi (litt. “mer”), est recouverte de gravier et de galets disposés entre toutes ces pierres, afin de gérer l’eau renversée à côté du chozubachi.
Le Shishi Odoshi, raffinement japonais
Il s’agit d’un ingénieux dispositif destiné, au départ, à faire fuir les animaux nuisibles (mammifères et oiseaux) dans les cultures. Dans les systèmes d’irrigation, l’eau s’écoule par un tuyau de bambou dans un autre plus gros fixé sur un axe.
Lorsque ce dernier se remplit d’eau, l’avant bascule vers le sol par l’effet de son poids. L’eau s’écoule à nouveau, la partie arrière du bambou devenue plus lourde que l’avant retombe rapidement sur le sol et frappe un caillou plat en laissant échapper un bruit bref qui effraie les animaux.
Le nom Shishi Odoshi signifie littéralement « effrayer les cerfs ».
Le Shishi Odoshi est devenu partie intégrante de certains tsukubai modernes.
L’eau coule. Le bambou se remplit puis bascule grâce au poids de l’eau. Il se vide dans le Chozubachi. Le bambou revient à sa position initiale en claquant la pierre. Et ça recommence…