Le café-potager du Louvre-Lens

© Didier Hirsch

Le Musée du Louvre Lens est entouré dans de grands jardins paysagés par Catherine Mosbach. Sous la houlette de Bertrand D’hennin, une équipe de jardiniers se partage entre entretien du jardin et animation. Laetitia Manier s’occupe du café-potager, une animation qui marie plaisir et pédagogie. 

Hortus Focus : comment est née l’idée du café-potager ?

Laetitia Manier : c’est le résultat de discussion avec une médiatrice, chargée de la bibliothèque et de la médiathèque passionnée de nature et de permaculture. Elle a eu l’idée de créer une grainothèque, ce qui convenait parfaitement à l’équipe des jardiniers. Des visiteurs ont été intéressés, ils sont venus et revenus, d’autres sont arrivés… Et le café-potager est né.

Quand et comment peut-on participer à ce café-potager ?

Nous accueillons les participants à partir du mois d’avril, le mercredi. On prend un café dehors quand le temps s’y prête et on papote ensemble. Comme il y a des habitués, c’est vraiment convivial. Cela brise l’image du musée fermé. Le parc est devenu leur jardin.

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Les participants sont jardiniers ou pas du tout ?

Les deux. J’ai en tête l’exemple d’une dame qui n’avait pas de jardin, mais venait là depuis deux ans. Et puis, elle a eu un jardin. C’était un vrai plaisir de voir son bonheur. Alors on lui a donné des graines, on lui a fait des boutures. Semaine après semaine, elle nous parle de l’évolution de son jardin, nous montre des photos. Les échanges sont formidables. Nous avons eu aussi des personnes qui avaient peur de mettre les mains dans la terre. Elles venaient juste avec leur cabas parce que, pendant ce café-potager, je distribue des salades par exemple. On ne fait pas de grosse production, mais pas question de les laisser se perdre, donc je distribue ! 

Et dans l’autre sens ?

Ça fonctionne aussi ! Un visiteur est venu avec un pied de rhubarbe ‘Goliath’. Nous l’avons planté au potager et il est devenu imposant. Je donne maintenant à chaque participant une tige de cette impressionnante rhubarbe, ça suffit à faire une tarte ! Ce n’est qu’un exemple, les échanges, ça marche vraiment ! 

Oya ©Isabelle Morand
Oya ©Isabelle Morand

Tu te sers des oyas comme support pédagogique ?

Oui et c’est plutôt rigolo. Pour installer des oyas, il faut faire des trous évidemment. Et là, même ceux et celles qui avaient peur de mettre les mains dans la terre se sont pris au jeu. Donc, on a creusé ensemble, installé ensemble et rempli ensemble les oyas. 

Le Louvre Lens a aussi noué un partenariat autour du jardin avec la maison du 9…

Cette maison du 9 est un tiers-lieu de Lens, situé non loin du parc. C’est une maison de mineur réhabilitée en maison de quartier, et qui propose différentes animations. Nous avons des visiteurs qui jardinent là-bas et participent à notre café-potager. 

Le café-potager a-t-il fonctionné pendant la période du Covid ?

Non. Le parc a été totalement fermé lors du premier confinement. Une vraie catastrophe pour tous les visiteurs qui n’ont pas de jardin. Quand le parc et le musée ont pu réouvrir leurs portes, on s’est rendu compte à quel point la solitude avait pesé sur nos visiteurs privés de vert chez eux. C’était un réel bonheur de les voir retrouver le contact avec la nature, avec les gens aussi. C’était même très émouvant d’assister au renouveau des échanges, des conversations. Tout le monde avait le sourire. 

Qui participe au café-potager ? 

Il se tient le mercredi après 12 h. Donc, pendant les périodes scolaires, ce sont plutôt des personnes âgées ou sans emploi. Pendant les vacances, le public est évidemment plus jeune. Comme il est difficile de proposer des activités communes et intéressantes pour tous les âges, on a commencé à accueillir des enfants le mercredi à 11 h. 

Quelles activités proposes-tu aux enfants ? 

J’ai deux enfants donc je regarde ce qu’ils aiment faire ! C’est assez basique, mais ils aiment bien remplir les oyas, semer des radis. C’est facile à cultiver en pot sur un balcon. Je les emmène aussi toucher, sentir les feuilles des plantes aromatiques, cueillir quelques fruits en été. L’an dernier, les poules d’eau ont eu des bébés. On est allés observer les poussins. On essaye d’observer les grenouilles aussi. Et comme je tiens à ce qu’ils rapportent quelque chose chez eux, je vais leur donner par exemple des graines d’œillets d’Inde.

Potager du Louvre Lens ©Isabelle Morand
Potager du Louvre Lens ©Isabelle Morand

Tu dis que les enfants qui viennent au potager t’étonnent sans cesse. Pourquoi ?

Je pense à une classe maternelle qui est venue au potager. Ils m’ont bluffée ainsi que leur institutrice. Nous avons été épatés par les connaissances assimilées, les compétences acquises. Ils étaient capables de retransmettre in situ tout ce qu’ils avaient appris en classe. Ils ont donc aussi pu mettre en pratique leurs connaissances théoriques. Ils nous ont également beaucoup étonnés avec leurs connaissances sur la biodiversité par exemple. Incollables sur les abeilles, ces petits de maternelle. 

Tu reçois régulièrement des classes ? 

Oui, la visite du Musée et du jardin fait partie des sorties scolaires. Nous avons aussi une classe toute proche qui passe par le parc chaque semaine. Une mini classe verte qui fonctionne été comme hiver, suit l’évolution du parc, vit au rythme des changements de saison. Ce jardin est un lieu pédagogique, une salle de classe supplémentaire. À ce niveau-là, le pari est gagné !

Parcours pour les petits pieds nus ! ©Isabelle Morand
Parcours pour les petits pieds nus ! ©Isabelle Morand

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