Un sondage Réseau Action Climat/Ipsos révèle l’ampleur de l’inquiétude des Français face aux événements extrêmes et un consensus pour des mesures ambitieuses.
Dans un contexte politique en pleine recomposition, les Français expriment une préoccupation grandissante face à la multiplication des catastrophes climatiques. Un sondage Ipsos commandé par le Réseau Action Climat et réalisé fin septembre révèle un consensus national rare sur l’urgence écologique. Ce consensus transcende largement les clivages politiques traditionnels malgré l’instabilité actuelle. Ces résultats, publiés cette semaine, dessinent le portrait d’une société consciente des enjeux environnementaux et en attente d’actions concrètes de la part des pouvoirs publics. En tant que jardinières et jardiniers, nous ne pouvons que nous réjouir de ces résultats pour nos sols et nos végétaux !
La réalité climatique est désormais perçue par tous
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. La quasi-totalité des Français, soit 93% des personnes interrogées, constatent que les événements climatiques extrêmes se sont intensifiés ces dernières années. Canicules à répétition, inondations dévastatrices, sécheresses persistantes, incendies de forêts ravageurs. La liste des phénomènes météorologiques extrêmes s’est allongée dans la mémoire collective. Plus encore, 57% des répondants considèrent que cette augmentation est forte. Ils témoignent d’une perception aiguë de la détérioration de la situation.

Plus de 90% de sensibilité
Cette prise de conscience traverse l’ensemble du spectre politique. Elle est très marquée chez les sympathisants d’Europe Écologie Les Verts, du Parti Socialiste et de la FI avec des taux de 100% , 99% et 98% de reconnaissance de cette évolution. Mais le phénomène dépasse largement ces sensibilités traditionnellement sensibles.
Le lien de cause à effet entre ces événements et le changement climatique ne fait plus débat dans l’opinion publique française. Quelque 91% des sondés attribuent directement l’intensification de ces catastrophes au réchauffement de la planète. Seule une infime minorité de 6 % rejette encore ce lien pourtant scientifiquement établi depuis des décennies.
Cette quasi-unanimité illustre la progression spectaculaire de la compréhension des enjeux climatiques par la population. Nous avons intégré dans notre lecture du monde les conclusions des experts du GIEC et de la communauté scientifique internationale.
L’inquiétude domine
Face à ce constat partagé, l’inquiétude domine largement les esprits pour près de neuf Français sur dix. Et parmi eux, près d’un tiers exprime une inquiétude très forte. Cette anxiété environnementale ne connaît pas de frontières politiques. Même si elle atteint son paroxysme chez les électeurs et sympathisants EELV 98%, PS 97% et LFI 90%, elle traverse l’ensemble de l’échiquier politique.
Et, cette montée de l’inquiétude est vécue non plus comme une menace lointaine ou abstraite, mais comme une réalité tangible. Les Français constatent qu’elle affecte déjà leur quotidien et celui de leurs proches. Les images d’incendies dans le Sud, d’inondations dans le Nord, de sécheresses qui affectet l’agriculture ont ancré dans les consciences l’urgence de la situation.
Un bilan sévère pour l’inaction de l’État
Dans ce contexte, le jugement porté sur l’action du gouvernement s’avère particulièrement sévère. Plus des deux tiers des Français estiment que le président et ses gouvernements successifs n’ont pas été à la hauteur des enjeux écologiques et climatiques. Cette critique massive rassemble 68% des répondants. Elle transcende même les appartenances politiques. En effet, une majorité de sympathisants de tous les partis, y compris ceux de la majorité présidentielle, partagent ce constat.
Sept années marquées par des annonces environnementales régulières et perçues comme insuffisamment suivies d’effets ! Au moins 43 reculs ont été actés durant le premier semestre 2025 avait souligné Réseau Action Climat. Et, les Français ont visiblement noté un écart important entre les discours et les actes.

Définir les priorités, sujet de dissension
Pour autant, les Français ne sont pas unanimes sur la place que devrait occuper l’écologie dans l’agenda du prochain gouvernement. Une courte majorité de 56% estime qu’elle doit constituer un axe central de la politique gouvernementale. Mais 44% considèrent que d’autres sujets méritent une attention prioritaire.
Cette division met en exergue des fractures générationnelles et sociales profondes. Les moins de 35 ans, dont l’avenir sera le plus directement affecté par le changement climatique, soutiennent à 68% la priorité écologique. À l’inverse, seulement 44% des plus de 60 ans partagent cette vision.

Un consensus surprenant sur les mesures concrètes
Malgré ces divisions sur les priorités, le sondage révèle un soutien massif et souvent transpartisan à une série de mesures écologiques précises. Loin d’être un sujet purement clivant, l’écologie apparaît comme un domaine de convergences possibles. les Français les conçoivent associées à des propositions concrètes.
La transition énergétique recueille ainsi des soutiens impressionnants.
Trois quarts des Français se déclarent favorables à un développement accru des énergies renouvelables sur le territoire national. Ce qui frappe particulièrement reste majoritaire y compris au sein du Rassemblement National, à 65%.
L’installation de panneaux solaires sur les bâtiments et parkings existants recueille un soutien encore plus large. On compte 89% d’opinions favorables toutes sensibilités confondues.
Les agriculteurs aussi
Sur le front agricole, la limitation maximale de l’usage des pesticides est approuvée par 78% des répondants. Et, le sondage mentionne explicitement les contraintes que cela impose aux agriculteurs. Cette adhésion témoigne d’une évolution profonde de la perception du modèle agricole. La prise de conscience des impacts sanitaires et environnementaux de l’agriculture intensive est là. Cela pourrait encourager des politiques d’accompagnement des agriculteurs vers des pratiques plus vertueuses.
L’objectif de zéro artificialisation nette d’ici 2050, pourtant source de tensions dans de nombreux territoires, bénéficie du soutien de 87% des Français. Là encore, la population semble prête à accepter des contraintes fortes si elles sont justifiées par l’urgence environnementale.

Justice sociale et écologie : un mariage plébiscité
L’un des enseignements majeurs du sondage concerne l’articulation entre transition écologique et justice sociale. Les mesures qui associent ces deux dimensions recueillent des soutiens particulièrement élevés. Cela démonte complètement l’opposition sur-utilisée entre fin du mois et fin du monde.
Ainsi, 76% des Français approuvent le conditionnement des aides publiques aux entreprises à des engagements écologiques et sociaux. La même proportion soutient une augmentation de la fiscalité sur le transport aérien pour financer la baisse des prix des billets de train.
Tout le monde doit participer
L’instauration d’une contribution spécifique des très riches pour financer la transition écologique séduit 70% de l’opinion. Compte-tenu de leur très forte empreinte carbone, cela correspond à une attente forte de la population en matière d’équité.
Le soutien public aux ménages pour la rénovation énergétique de leurs logements, ( MaPrimeRénov’), est approuvé par 76% des répondants.
Le tarif progressif de l’électricité recueille l’adhésion de 70% des Français. Il permet de réduire le coût des consommations de base tout en pénalisant les usages excessifs.
Ces résultats suggèrent qu’une transition écologique juste et solidaire correspond aux aspirations d’une large majorité de citoyens.

Un défi : l’ambition écologique
À l’heure où un nouveau gouvernement prend ses fonctions dans un contexte politique particulièrement tendu, ces résultats devraient constituer une feuille de route claire. Les Français attendent manifestement une action écologique ambitieuse, concrète et socialement juste.
Le projet de loi de finances, les élections municipales à venir seront scrutés à l’aune de ces priorités environnementales désormais ancrées dans l’opinion.
Dans un pays traversé par de multiples fractures, l’urgence climatique apparaît paradoxalement comme l’un des rares sujets capables de rassembler au-delà des clivages traditionnels, à condition d’en faire une véritable priorité politique.


