Peu de plantes se plaisent à la fois en extérieur et en intérieur. Le papyrus du Nil et celui de Madagascar sont des costauds qui ne demandent quasiment aucun entretien. Les conseils de culture de Philippe Courtoison, pépinière La Palmeraie Zen.
Hortus Focus : Comment différencier le papyrus du Nil et celui de Madagascar ?
Philippe Courtoison : C’est assez simple, il suffit d’observer leurs tiges. Celles du papyrus du Nil (Cyperus papyrus) sont triangulaires, ce qui n’est pas courant dans la nature. Il est aussi plus grand (entre 1,50 m et 3 m de haut !) que celui de Madagascar (Cyperus alternifolius) dont les tiges sont rondes et qui culmine à environ 1,20 m. Les feuilles sont également beaucoup plus fines chez l’espèce d’origine égyptienne.
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Ont-ils les mêmes exigences ?
Oui. Tous deux préfèrent les situations lumineuses, y compris dans la maison même si celui de Madagascar peut se satisfaire d’un peu moins de lumière en hiver. L’essentiel, c’est qu’ils ne manquent, l’un comme l’autre, jamais d’eau.
Dans quel contenant les cultiver ?
Il faut savoir que les papyrus colonisent les pots. Plus le pot sera grand, plus le papyrus l’envahira et deviendra imposant. On peut les installer dans de vieilles bassines, des pots non percés, des cache-pots. Vous versez plusieurs litres d’eau et vous êtes tranquilles quelques jours voire une semaine. Si vous le cultivez dans un contenant percé, il faut placer en dessous une soucoupe profonde que vous remplirez souvent d’eau. Ce sont vraiment des soiffards. Dans ma pépinière, j’ai même cru à un moment que mes pots étaient percés tellement ils buvaient…
Faut-il changer l’eau s’il en reste dans le pot ?
Non ! Les racines purifient l’eau, elles font le boulot toutes seules, ça simplifie nettement l’entretien !
Peut-on les installer dans un bassin l’été ?
Oui, puisqu’ils vivent les pieds dans l’eau. Le seul souci, c’est d’éviter le basculement du pot en cas de coup de vent. Le pot doit être assez grand, placé pas trop en profondeur (entre 3 et 5 cm d’eau au-dessus de la plante) et n’oubliez pas d’installer quelques galets à la surface. C’est la solution pour lester un peu plus le pot et éviter que le terreau ne flotte.
Dans quel substrat les cultiver ?
Il existe des terreaux aquatiques spécifiques ; j’utilise un bon terreau horticole et ils se portent bien.
Quand doit-on les rentrer dans la maison ?
C’est un peu quand vous voulez, en sachant qu’ils sont moyennement rustiques : – 5° à – 7°C pour le papyrus du Nil, – 7° à – 9°C pour le papyrus de Madagascar. Dans les régions où les hivers ne sont pas rudes, ils peuvent même être plantés en terre et y rester, à condition de copieusement pailler le pied en hiver. Leurs parties aériennes peuvent prendre un coup de froid, mais la plante redémarre de la souche.
Quand et comment les rempoter ?
Je vous conseille le rempotage printanier. Si vous avez laissé grossir votre papyrus, il ne s’agit pas d’une mince affaire surtout s’il a vraiment colonisé tout le pot. Dans ce cas, dépotez la plante et coupez la souche à la scie à bois. Inutile d’y aller au sécateur ! Coupez en deux ou trois morceaux, replantez-les dans d’autres contenants ou offrez-les. Dans quelques semaines, vous aurez de nouveau de superbes plantes.
Comment les multiplier ?
À chacun son mode de reproduction. Le papyrus du Nil se ressème. Le papyrus de Madagascar, lui, fait des bébés… par la tête. Pour le bouturer, il suffit de couper une tige et son toupet de feuilles. Raccourcissez la tige avant de plonger les feuilles (donc tête, à l’envers) dans un bocal en verre, par exemple. Dans quelques semaines, des petites racines blanches vont sortir des feuilles. Quand elles atteindront entre 5 et 7 cm, il vous suffira de replanter dans un nouveau contenant.
Philippe Courtoison est producteur de papyrus, mais aussi de bananiers, palmiers, bambous, cycas, tetrapanax… Sa pépinière, La Palmeraie Zen, est installée à Saumur.