La jacinthe d’eau, la mousse des fées et la petite lentille d’eau sont des plantes flottantes faciles de culture. Attention toutefois à ne pas les utiliser n’importe où et n’importe comment surtout la lentille d’eau au tempérament très envahissant.
Jacinthe d’eau : elle flotte grâce à ses petites bouées
Sans doute originaire du bassin amazonien, Eichhornia crassipes est une vraie peste dans bon nombre de pays chauds. Les berges du lac Victoria au Kenya sont recouvertes par ces plantes flottantes. Les zones humides de l’île de la Réunion ne sont pas épargnées, le delta du Nil non plus. Eichhornia crassipes fait partie des 100 espèces les plus invasives du monde. Sa prolifération (elle forme d’immenses radeaux) est la cause de nombreux problèmes : elle bouche les canaux, recouvre des étendues d’eau douce. C’est un peu l’Attila des plantes aquatiques : quand elle s’installe, elle provoque la disparition d’espèces endémiques. Bref, un fléau…
Sous nos latitudes, les risques de prolifération sont inexistants, car la jacinthe d’eau est gélive. On peut donc la planter sans souci dans les bassins petits ou grands. Elle est équipée de “bouées”, des renflements qui lui servent de flotteurs. Sa floraison, bleu lilas, légèrement parfumée, est tout à fait ravissante, de juin à septembre (un peu plus tard dans les régions très douces). Ses racines constituent des frayères appréciées par les habitants des bassins.
Pour la conserver d’une année sur l’autre, il faut l’hiverner en prélevant quelques rosettes. Placez-les dans une bassine ou un seau d’eau exposé à la lumière et à une température comprise entre 12 et 15°C. Sinon, installez de nouvelles rosettes chaque année, ce n’est pas très onéreux.
La mousse des fées, il faut s’en méfier !
Un joli nom vernaculaire pour cette toute petite fougère hermaphrodite, aquatique d’origine tropicale. Azolla caroliniana, souvent utilisée en aquariophile, est à cultiver de préférence dans des vasques, des bassines ou des demi-tonneaux. Elle a tendance à proliférer tant que la température de l’eau est supérieure à 5°C. Sans compter qu’elle dispose -évidemment – d’une stratégie de reproduction finaude. À la fin de l’été, ses spores plongent vers le fond du bassin et, coucou, les revoilou au printemps…
Dans une vasque ou une bassine, elle est contrôlable, mais ailleurs, c’est la galère… Si vous décidez d’en jeter, surtout ne le faites ni dans une grande étendue d’eau, ni dans une rivière, ni ailleurs. Trop dangereux pour l’environnement grâce à son goût pour le voyage et sa faculté d’adaptation.
Mais alors, me direz-vous, pourquoi l’installer chez soi ? Eh bien, pour son feuillage aux couleurs changeantes. Les frondes sont vertes au printemps, adoptent des reflets bleus par la suite, passent au bronze en hiver. Et un petit coup de gel leur fait voir la vie en… rose.
Le Royaume-Uni a interdit sa commercialisation. D’autres pays lui trouvent des utilisations. Comme la mousse des fées est riche en vitamines et en protéines, elle est cultivée dans certains pays africains, transformée en farine pour l’alimentation des animaux. Un usage assez controversé puisque cette plante est capable de biocentrer des métaux lourds qui se retrouvent ensuite dans la chair animale. En Asie, en raison de sa forte teneur en azote, certains riziculteurs l’utilisent comme biofertilisant.
Petite lentille d’eau, grande cavaleuse…
Il s’agit de l’une des plus petites plantes à fleurs du monde (d’accord, la fleur est minuscule)… et d’une jolie peste aussi. Elle colonise à toute vitesse toute étendue d’eau stagnante. Il faut donc être très vigilant et plutôt réserver son usage à des petits bassins ou des bassines. Vous croyez avoir tout enlevé à grands coups d’épuisette le tapis de Lemna minor ? Dites-vous que la plante doit être en train de ricaner… Il en suffit d’une oubliée par le filet pour que la lentille se reproduise. Le combat n’est pas gagné…
D’un autre côté, bien maîtrisée, limitée dans son expansion par un contenant, la petite lentille d’eau fait merveille en tapis flottant bien vert. Cette plante a une double qualité : elle purifie l’eau et bloque le développement des algues. On pourrait presque lui pardonner son caractère envahissant.
On lui a également trouvé un usage comme nous l’apprend Éric Lenoir dans son ouvrage “Plantes aquatiques et de terrains humides” (éditions Ulmer) : “Elle fait partie des plantes hyperaccumulatrices, avec des résultats impressionnants sur la captation des métaux lourds dans l’eau. Grosse productrice de biomasses, elle est employée traditionnellement dans les pays en voie de développement pour exploiter les eaux chargées en nitrates, puis nourrir le bétail et les volailles”.
Deux derniers conseils : quand vous vous débarrassez de la lentille d’eau, ne la jetez pas dans la nature, mettez-là au compost. Enfin, si elle finit par vous sortir par les yeux, que vous n’arrivez pas à vous en débarrasser, investissez dans des canards qui se chargeront de limiter ses ambitions…