Les Pépinières indigènes de Sylvain Mabon

Didier Hirsch

La tempête Ciaran de novembre dernier n’a pas épargné les tunnels des Pépinières Indigènes. Les plantes, elles, ont pu être sauvées dans leur majorité. Et tant mieux, car les végétaux botaniques produits par Sylvain ne sont pas largement diffusés ailleurs.

Hortus Focus : pépiniériste, une vocation ?

Sylvain Mabon : J’ai toujours été passionné par les plantes, mais j’ai eu une autre vie avant de créer la pépinière. J’ai été agent de voyages pendant une dizaine d’années. Cela fait maintenant plus de dix ans que je me suis reconverti. J’ai d’abord travaillé dans le bassin orléanais avec un collègue, producteur de plantes aromatiques. Puis, je me suis installé seul à Plomelin voilà 5 ans. 

As-tu profité de tes voyages pour herboriser ?

Pas vraiment. Je suis beaucoup allé sur les marchés pour voir ce que les habitants consomment, les fruits, les épices. Et comme je suis également passionné de cuisines, j’ai été intéressé par les interactions que les autochtones ont avec leurs plantes locales. Et cela m’a permis de constituer une petite collection de bases avant la création de la pépinière.

©Didier Hirsch
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Pourquoi t’intéresses-tu quasi exclusivement aux espèces botaniques ?

Les cultivars ne sont vraiment pas ma tasse de thé. Dès que la main de l’homme est intervenue, je fuis… Ma lubie, ce sont les espèces botaniques – j’en produis 150 environ – et mon objectif, c’est d’avoir un maximum de diversité génétique. Je ne produis pas toutes les espèces chaque année, il y a un roulement. J’ai encore des cartons pleins de graines qui ne demandent qu’à être semées et seront disponibles dans trois, quatre ou cinq ans. Ce qui m’intéresse, c’est d’avoir des plantes des 5 continents et une diversité importante de familles. Dans une famille, je cherche la plante qui va être comestible, à utiliser crue ou cuite, à consommer en infusion…

Tes espèces viennent-elles du monde entier ?

Non. Comme je refuse de chauffer la serre, je ne produis pas d’espèces tropicales. Mais il existe des plantes subtropicales qui vont supporter des petites gelées et qu’il suffit de placer hors gel pour les conserver sans souci. À l’autre extrémité, j’ai aussi des végétaux canadiens capables de supporter – 40°C. 

Ta pépinière Pépinières indigènes est-elle ouverte au public ?

Non, je vends essentiellement en ligne et sur les fêtes des plantes. Depuis quelques années, je fournis beaucoup de concepteurs de forêts-jardins, car une bonne partie de ma gamme est adaptée à leurs besoins. 

L’endroit où tu es installé est assez improbable…

Je suis effectivement sur un site qui appartient à la communauté de communes de Quimper. Il s’agit d’un très vieux domaine, transformé en partie en golf, qui appartenait à Alexandre Massé, l’inventeur du bouton à 4 trous grâce auquel il a fait fortune. M. Massé avait la fibre sociale, et il a créé sur son domaine en bordure de l’Odet un orphelinat et une école d’horticulture pour former les orphelins. Aujourd’hui, il existe toujours une école et c’est un réel plaisir pour moi d’échanger avec les profs et les jardiniers. 

Tu travailles tout seul ?

Oui, parce que j’ai peu d’ambition pécuniaire… Je ne cherche pas du tout à m’agrandir. J’ai 1000 m2 de pépinière, et des pieds mères disséminés dans le domaine. Il m’arrive d’avoir des stagiaires, mais je suis le plus souvent seul et j’aime assez cette solitude-là… 

Le fameux bouton à 4 trous…

Au milieu du XIXe, Alexandre Massé en a ras le gilet de voir ses boutons se découdre. Il peste, il grogne pendant des lustres avant d’avoir une idée si simple qu’elle en est géniale : les boutons feront moins les malins si on y perce 4 trous et pas 2. L’invention de M. Massé fait rapidement le tour du monde et la fortune d’Alexandre. 

©Far700
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