C’est en Islande, en mode camping et sac à dos avec deux amis eux aussi biologistes, que la dryade à 8 pétales est apparue à Blandine… Cette petite Rosacée est la fleur nationale de l’Islande suite à un sondage réalisé en 2004 auprès des locaux, au passage très avant-gardistes en matière d’écologie…
Mais où sont les dryades ?
Entre l’Islande, la Scandinavie, les toundras arctiques et les hautes montagnes des Alpes, des Pyrénées, du Massif Central, des Carpates, des Balkans et des Apennins, la dryade se mérite… Car c’est une créature timide et secrète.
Courageuse, pionnière dans les zones rudes des hautes latitudes et altitudes, elle dort sous une épaisse couverture de neige pendant tout l’hiver, à l’abri des températures trop basses et du manque de soleil. Au printemps, elle se dépêche de profiter du retour de la lumière : elle fleurit et donne ses graines rapidement.
Carnet rose
La petite dryade éclot dans les régions boréales froides ou montagneuses, au milieu des forêts claires, des pelouses rases et des rochers. Après sa naissance, elle mesure aux alentours de 3 cm. Doté d’un bon caractère, elle montre un cœur chaleureux, jaune vif, déploie une corolle de 8 délicats pétales blancs, 7 ou 9 pour les rebelles. Ses feuilles sont recouvertes d’une légère toison blanche sur le revers.
Et à l’âge adulte, elle donne des akènes surmontés de longs brins plumeux, prêts à prendre le vent pour se disséminer. Notre dryade est donc assez velue ! Plus que pour lui tenir chaud, sa fourrure lui permet plutôt de limiter ses pertes d’eau dans des régions où l’été est sec et l’intensité lumineuse forte.
Un joli prénom
Logiquement appelée Dryas octopetala dans la classification binomiale officielle, son nom a pour origine le mot « dryade »du grec ancien, Δρυάδες / druádes, issu lui-même de δρῦς / drũs, signifiant « chêne ».
Nymphe associée à la Nature et aux arbres, la petite dryade à huit pétales est aussi justement appelée « chênette ».
Quant aux islandais, ils l’ont joliment nommée Holtasòley, « bouton d’or des landes ».
La dryade est géologue !
Eh oui, en plus d’être un personnage de légende, c’est une intello, scientifique de renom ! Ses qualités de bioindicateur des variations climatiques passées ont été reconnues et saluées par l’ensemble de la communauté scientifique qui lui a octroyé l’honneur de laisser son nom aux trois oscillations froides duTardiglaciaire, la dernière subdivision paléoclimatique de la dernière glaciation : le Dryas ancien, le Dryas moyen et le Dryas récent. Son pollen est abondant dans les couches géologiques de ces époques et permet donc de les marquer.
Les analyses effectuées dans d’anciennes tourbières ayant concentré ce pollen ont confirmé le courage légendaire attribué aux dryades, qui ont été parmi les premières plantes à fleur à recoloniser les éboulis et les substrats suite à la dernière glaciation.
Alors, d’où viennent les dryades ?
Encore un peu de science dans nos légendes… Car des analyses génétiques effectuées sur 52 populations ont montré qu’actuellement, les dryades viennent de l’Europe !
Deux souches, l’une basée en Europe centrale et l’autre, en Europe de l’Est sont à l’origine des massifs de dryades peuplant nos contes et nos contrées…
Blandine Lecrux
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Photo de une : ©victorn