Menton se prépare pour le dernier week-end de la Fête du citron ! Pour cette 85e édition, le thème de Bollywood, l’industrie du cinéma indien, a envahi de joie et de couleurs les fabuleux décors d’agrumes du jardin Biovès, les défilés de chars, le marché artisanal et la petite exposition d’orchidées. Éléphants, tigres, “rickshaws”, danseuses indiennes (et brésiliennes), charmeurs de serpents… De quoi oublier la pluie et la neige qui, exceptionnellement quand nous y étions, a joué les vedettes dans la ville la plus chaude de France !
Rencontre avec Sylvie Dorival, directrice adjointe des ateliers municipaux de Menton, sur la préparation de cette fête pas comme les autres.
Hortus Focus : à quand remonte la Fête du citron ?
Sylvie Dorival : Cette année, Menton fête la 85e Fête du citron. Elle est donc assez ancienne, mais avant, elle était d’un style différent. Elle était plus modeste, avec beaucoup moins d’agrumes et moins d’éléments de décor. Je crois qu’au départ, les Mentonais qui avaient des agrumes dans leur propre jardin ont voulu les exposer. De fil en aiguille, ils ont fabriqué des petits chariots, tirés à l’époque par des chevaux, avec des fruits accrochés autour des roues. Les premiers groupes folkloriques sont intervenus et l’événement a pris de plus en plus d’importance. Aujourd’hui, il est beaucoup plus sophistiqué, avec plus de décors techniques ; on essaie à chaque fois d’apporter quelque chose de nouveau. Par exemple, cette fois-ci, en dehors du plâtre et du bois, nous avons travaillé avec une mousse spéciale pour embellir, affiner les décors et offrir le maximum de détails.
Quand commencez-vous la préparation de ces décors ?
Leur conception démarre avec presque un an d’avance. Mais nous, on commence à travailler à Noël, en particulier pour les décors du jardin Biovès. On crée les carcasses métalliques qui pour la plupart se composent de plusieurs morceaux (il faut savoir que certains motifs montent jusqu’à 10 mètres de haut et qu’une carcasse de char pèse environ une tonne). Puis on les transporte de nuit, par convois, pour réaliser le montage sur place, avec des grues. La dernière opération est la plantation de fleurs au sol et l’installation des oranges et des citrons par des jardiniers, les « fruiteurs », environ trois semaines avant le début de la fête. Ceux-ci commencent par le bas et montent petit à petit jusqu’en haut du motif, avec l’aide d’échafaudages. Ainsi, les fruits « s’assoient », se calent, au fur et à mesure qu’ils en “reçoivent” d’autres par couches successives ; cette technique permet d’avoir un maximum d’homogénéité, de faire comme un effet « tapisserie ».
Chaque fruit est tenu par un élastique…
Oui, c’est une technique qui demande énormément de temps. Il faut glisser un élastique dans la maille du grillage. On le tire et on glisse l’orange ou le citron à l’intérieur. Au premier abord, ça paraît facile, mais quand il pleut ou qu’il fait froid, ça l’est beaucoup moins ! Il faut ranger les fruits d’une certaine manière, avoir l’œil pour les choisir de la même taille et obtenir leur alignement parfait.
Quelle quantité d’agrumes utilisez-vous et d’où viennent-ils ?
Cette année, nous en avons utilisé 170 tonnes. D’autres années, ça peut être 140 ou 150. Ils viennent d’Espagne. Après la fête, ils sont vendus à bas prix et les gens les utilisent pour faire des jus ou des confitures.
Combien de personnes travaillent au total pour la Fête ?
Nous avons des peintres, des maçons, des menuisiers, des jardiniers, des musiciens, des danseurs, des figurants pour le Corso… Différents services municipaux sont sollicités, que ce soit les Jardins, l’Office du Tourisme ou la Voierie qui doit nettoyer les tonnes de confettis déversés sur la voie publique dès la fin du Corso. Donc au total, 400 personnes au moins participent à l’événement.
Pourquoi ce thème de Bollywood, cette année ?
Chaque année, le thème est choisi par les élus. C’était, je pense, une idée très sympa, très vivante, qui donne de la couleur ! On a eu plein de thèmes différents pour la fête du Citron : 20 000 lieues sous les mers, les régions de France, les grandes civilisations, les tribulations d’un citron en Chine… Mais c’est vrai que depuis trois ans, on s’est souvent orientés vers le monde du spectacle : Cinecitta en 2016, Broadway en 2017… La musique, la couleur, la gaieté. Ça fait du bien, surtout quand il pleut comme aujourd’hui. Mais il ne pleut pas toujours à Menton !
La Fête du citron, Menton, jusqu’au 4 mars 2018. Pour les renseignements pratiques, c’est ICI