Ils sont en fleurs dans les jardins. Mais il ne s’agit pas des seuls dignes d’intérêt ! L’essentiel à savoir grâce à Richard Cayeux, représentant la quatrième génération de la famille Cayeux, reconnue internationalement pour sa production et ses hybridations.
Hortus Focus : quels sont les grands types, les espèces d’iris ?
Richard Cayeux (Iris Cayeux) : Il existe environ 300 espèces naturelles et des dizaines de milliers de variétés, dont de nombreux hybrides. Dans un premier temps, observez un iris. Il est soit barbu soit non barbu…
C’est quoi la barbe ?
C’est l’appendice que vous pouvez voir sur le sépale. Les barbus (Iris germanica) sont dits aussi iris de jardins. Ils se déclinent entre nains ou miniatures, intermédiaires et grands iris. Ils ne fleurissent pas tous au même moment. Certains miniatures peuvent fleurir dès le 15 mars, les grands, eux, vont fleurir au mois de mai, voire jusqu’à début juin.
Comment s’y retrouver parmi les innombrables variétés d’iris barbus ?
Laissez parler vos envies, le choix est effectivement très large. Ces iris sont de plus en plus spectaculaires, avec une palette de coloris qu’on peut qualifier d’exceptionnelle. Les fleurs sont unies ou bicolores. Voilà 7 à 8 ans, j’ai créé une variété blanche et noire.. Maintenant, je cherche à créer des blancs et roses, des blancs et verts même. Je travaille aussi sur des variétés remontantes. Pour le moment, je l’avoue, je ne suis pas arrivé à mes fins, mais, sur l’ensemble de notre collection, nous avons seulement une douzaine de variétés qui remontent honorablement.
Quels sont les non-barbus ?
Les iris des marais (I. pseudoacorus), aux fleurs jaunes, apprécient, comme leur nom l’indique, les milieux humides ; ils sont capables de pousser les pieds dans l’eau. Les iris de Sibérie (I. sibirica) à fleurs bleues présentent un feuillage long et fin, ils sont toujours en bonne santé. On les installe en sol frais. Les iris du Japon (I. ensata) demandent eux un terrain acide (ils se plaisent bien en Bretagne), leurs fleurs blanches et bleues sont très gracieuses. Les iris versicolores (I. versicolor) sont originaires de l’Amérique du Nord, ils poussent dans les zones humides ; leurs fleurs sont bleues, bleu-violet mais on trouve désormais des hybrides roses. Quelques mots également sur un que j’aime bien, Iris spuria, qui fleurit début juin et vient prendre le relais de la floraison des iris… barbus !
Est-ce facile de créer une nouvelle variété ? Comment fait-on ?
On procède par hybridation. Il faut 8 à 15 ans pour créer une nouvelle variété. C’est une moyenne. Tout dépend de ce l’on recherche. Améliorer un coloris ou une forme existants, augmenter le nombre de boutons floraux d’une variété prend quelques années. Pour créer une toute nouvelle variété, ça peut durer 10, 15 ou 20 ans ! Ce qui est hallucinant, c’est de savoir que tous les 10 ans, la Société américaine des iris enregistre 5 à 7000 nouvelles variétés. C’est énorme et c’est trop. Je ne suis pas certain que chacune d’entre elles apporte vraiment un plus.
L’entreprise Cayeux existe depuis 120 ans. Combien d’iris sont-ils dus au travail familial depuis 1898 ?
Oh, la question piège ! Je ne le sais pas avec précision. Sur les 500 variétés présentes au catalogue, 250 ont été créées chez nous. Chaque année, nous mettons entre 8 et 16 variétés au commerce. Pas de minimum, pas de maximum. Nous avons toujours fait le choix de proposer uniquement le meilleur.
Un ou deux coups de cœur parmi vos dernières créations ?
J’aime beaucoup une variété sortie en 2018, et qui se nomme ‘Rose Désir’. Il m’a fallu des années pour arriver à faire naître cette variété. Je suis ravi aussi par ‘Digne fils’, blanc et gris-bleu ardoisé avec une infusion de jaune. Je l’ai nommé ainsi car il a les qualités de son père ‘Ciel gris sur Poilly’. Enfin, j’aime ‘Souffle chaud’, et son si joli jaune cuivré.