Trop vert, trop grand, plante à mamy… Le Monstera deliciosa a tout entendu dans sa chienne de vie. Même son bon caractère ne l’a pas empêché d’atterrir au purgatoire des plantes vertes. Mais ça, c’était avant ! Car aujourd’hui, ce faux philodendron tient sa revanche ! Il fait son grand retour dans nos intérieurs, comme l’explique Justine Jeannin (What the flower).
Hortus Focus : si je dis “Monstera, plante à mamy”, tu vas râler…
Justine Jeannin : Non, ça me fait plutôt rire ! C’est vrai qu’on en a tellement vu chez des gardiennes d’immeubles, dans des cages d’escalier… et chez nos mémés, qu’on s’en est lassé. Il devenait même difficile à trouver en jardinerie. Si le Monstera revient à la mode, c’est en raison de sa facilité à être heureux. Il se contente de peu et nous, on se contente de le regarder pousser !
Mais il est toujours grand, vert, avec des trous dans les feuilles et puis c’est tout ?
Pas du tout ! Le Monstera deliciosa variegata présente un vert un peu plus clair et une panachure couleur crème. Il faut savoir que dans le temps, ces panachures étaient tout simplement éliminées quand elles étaient repérées. Un producteur m’a raconté que son père lui demandait de “balancer à la poubelle” toutes les feuilles qui n’étaient pas uniformément vertes ! Aujourd’hui, un pied minuscule de M. variegata peut atteindre 100 € ! Quand les pieds mesurent déjà 2 m, ils se vendent jusqu’à 1000 €, c’est dingue ! Quand on arrive à en avoir en boutique, tout part en quelques minutes, petit ou grand. En ce moment, le Graal, c’est le ‘Thai Constellation’, une variété thaïlandaise comme son nom l’indique. Il est jaunâtre juste d’un côté de chaque feuille. C’est assez surprenant.
Le Monstera peut-il devenir… monstrueux ?
Monstrueusement grand, oui, mais vous n’êtes pas obligé non plus de le laisser grimper partout ! C’est une plante tropicale qui, dans la nature, s’accroche et s’appuie sur les autres végétaux (sans les parasiter). Ses racines sont en terre et elle monte, elle monte en produisant des racines aériennes qui lui permettent de s’accrocher et de se nourrir également. Elles captent l’humidité et les nutriments.
Pourquoi le feuillage est-il si découpé et troué ?
Sans doute pour laisser passer les coups de vent, mais aussi pour permettre, dans la nature, à la lumière d’atteindre ses feuilles inférieures, et du même coup, celles des autres végétaux qui vivent sous elle.
À la maison, à quoi s’accroche-t-elle ?
Le Monstera est souvent vendu avec un tuteur. Après, à vous de vous organiser. Vous pouvez installer d’autres tuteurs, ou une vieille branche récupérée en forêt, ou bien l’aider à s’accrocher sur les murs, en tendant des fils sur les murs ! J’ai une amie dont le monstera, guidé, fait tout le tour du salon !
Le Monstera est-il facile à tailler ?
Oui, et il ne faut pas hésiter s’il vous encombre, car il ne s’arrêtera pas de pousser tout seul. Vous pouvez tenter un duel de regards, vous perdrez forcément ! Si vous devez le tailler, coupez la feuille en dessous d’un nœud et préservez la racine aérienne à côté. Plongez le tout dans l’eau. Le système racinaire se développe très rapidement. Après quelques semaines, vous pourrez replanter vos boutures, les offrir ou les échanger.
Est-ce une plante gourmande ?
Non, c’est même une plante hyper résiliente. Si vous sautez un arrosage, elle ne vous en voudra pas. Bon, elle fera peut-être un petit peu la tête, mais repartira après un bon arrosage. Côté place, le Monstera est raisonnable. Son système racinaire se restreint facilement. J’ai vu des monsteras qui étaient dans des cages d’escalier depuis 30 ans et n’avaient presque plus de terre dans le pot et ils étaient encore en pleine forme grâce à leurs racines aériennes.

À lire : “Green Addiction, la jungle à la maison”, de Justine Jeannin (éd. Ulmer)