Tout sur le géranium de Madère

Eric Hunt / Wikimedia commons

C’est une plante merveilleuse et intrigante… Le géranium de Madère qui pousse sur les versants pentus de l’île de Madère, Marcel Delhommeau le connaît par cœur. Il le cultive en Bretagne.

Hortus Focus. À quelle famille végétale appartient le géranium de Madère ?

Marcel Delhommeau. C’est un cousin des géraniums des Canaries. Il s’en différencie notamment par une floraison en boule ; celui des Canaries produit sa floraison sur les côtés de la plante.

©Isabelle Morand
©Isabelle Morand

Comment pousse-t-il dans son milieu naturel ?

À Madère, Geranium maderense croît sur des pentes à 40 %. Il lui a, donc, fallu s’adapter à cette condition. C’est, à ma connaissance, la seule plante au monde qui a développé des béquilles. Quand il naît, le géranium de Madère ne tient pas debout. Au-dessus de sa racine pivotante, tout est tout mou ! Mais très vite, ses pétioles dans lesquels il stocke de l’eau et des sels minéraux vont se baisser vers le sol, prendre leur assise. Quand les feuilles tombent, le pétiole se rigidifie en se déshydratant. Il devient aussi dur qu’une baguette de bois. Et tous les pétioles secs et durs forment des béquilles qui permettent à la plante de rester debout.

©Nadejda2015
©Nadejda2015

Fleurit-il dès la première année de culture ?

Non. C’est l’une de ses particularités. Il a besoin de vivre 4 périodes de froid, 4 hivers pour fleurir.

Vous le surnommez “la plante voyageuse”. Pourquoi ?

Chaque fleur du géranium de Madère développe 5 pétales et donc 5 graines. Ces graines sont placées dans ce que j’appelle des arbalètes. En juin, quand le vent est au nord-est, et quand il n’y a pas du tout d’humidité dans l’air, ces arbalètes vont projeter ces graines entre 3 et 6 m de distance. Selon moi, la maman ne veut pas que ses marmots poussent à ses pieds et finissent par l’étouffer, donc elle expédie tout le monde au loin. Mais ce n’est pas la seule curiosité de cette plante.

©Dmitri Popov / Wikimedia commons
©Dmitri Popov / Wikimedia commons

Je l’ai bien observée à Madère. Quand les graines expulsées ne rencontrent pas l’humus qui va leur permettre de se fixer au sol, la racine pivotante restée au soleil se replie en tire-bouchon comme une queue-de-cochon. Elle revient sur les cotylédons (ndlr : les deux feuilles primaires), forme une boule compacte. Le vent ou la pluie la déplace jusqu’au moment où elle rencontre de l’humus et peut enfin se fixer au sol.

Comment bien s’occuper chez nous de ce Geranium maderense ?

Le drainage est le point le plus important. Il faut absolument favoriser l’évacuation de l’eau à son pied. Quand vous le plantez, installez-le sur une bonne couche de billes d’argile. Car, ce géranium, il ne faut jamais l’oublier, est bien plus sensible à un excès d’eau qu’à une sécheresse. Des pluies d’automne importantes peuvent plus le mettre en péril qu’un coup de froid modéré en hiver. D’ailleurs, à la mauvaise saison, on peut le laisser trois mois sans arrosage.

Faut-il le protéger en hiver ?

Il résiste bien jusqu’à – 3°C / – 4°C. S’il gèle plus fort, il faut bien sûr le protéger. En pleine terre, paillez bien son pied à l’automne et couvrez les parties aériennes. Donc, dans une région où les gels sont fréquents, cultivez cette vivace dans un grand pot.

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