En Bretagne, “Les arbres du monde” ont perdu leur meilleur ami

©Isabelle Vauconsant

Adieu Malo ! 

Il avait à peine 30 ans quand il a décidé de se lancer dans une grande aventure, celle de la reprise du parc breton Les arbres du monde, au Huelgouat. Malo Dormont, jardinier dans l’âme, énergique, courageux malgré l’ampleur de la tâche, a redonné vie aux Arbres du Monde, dans les Monts d’Arrée avec sa compagne et l’association de soutien au parc. C’est là que nous avons eu la chance de le rencontrer.

Il s’est dépensé sans compter pour enrichir, embellir le parc, travailler le paysage de ce lieu labellisé Jardin remarquable. C’est avec une grande tristesse que nous avons appris le décès de Malo. Hortus Focus présente ses plus sincères condoléances à son épouse, Axelle, et à sa fille, Flora.

Nous vous proposons de retrouver cet interview réalisé en 2016

À peine trentenaire, Malo Dormont s’est attaqué en 2012 à une tâche aussi enthousiasmante qu’ardue, réouvrir au public les 22 ha d’un parc qui rassemble la plus grande collection d’arbres et arbustes du monde en France. Créé en 1990 par Jean Merret, globe-trotter et passionné de botanique, il abrite quelque 10 000 arbres et arbustes, dont des collections exceptionnelles (érables botaniques, chênes, saules, viornes, plantes de terre de bruyère, rosiers botaniques…)

Les arbres du monde : secteur amérique
Les arbres du monde - Huelgoat

Pourquoi avez-vous décidé de vous lancer ?

Parce que ça aurait été “un vrai gâchis” de le laisser fermé. “J’ai toujours été jardinier et j’ai une vraie passion pour les plantes et la botanique” (il en faut !). Malo a toujours été salarié et l’idée d’être son propre patron et de jardiner comme il aimait, le tentait aussi. 

Et puis, il y a sa compagne et “Les amis des arbres du monde”, une association dont les bénévoles donnent un coup de main sur le terrain, organisent des animations, éditent un calendrier pour faire rentrer des sous et soutenir le parc.

Mais ce n’est pas facile de conserver son enthousiasme sous la pluie et dans le froid hivernal surtout lorsqu’on ne bénéficie d’aucune subvention, qu’on est agriculteur au RSA (600€ par mois). “Je ne le fais pas pour l’argent, mais il y a des limites.”

De l’argent pour quoi faire ?

“Maintenir l’ouverture au public, planter, enrichir le parc de nouvelles variétés, travailler le paysage. Nous sommes jardin remarquable, développons la collection nationale d’érables botaniques (CCVS), et aimerions accueillir des formations botaniques, des évènements culturels (cinéma de plein air et concerts), ouvrir un salon de thé… nous ne manquons pas d’idées ! Et c’est déjà commencé, version système D, quelques concerts avec des copains.”

Portrait de Malo Dormont, jardinier
©Isabelle Vauconsant

Une histoire qui commence dans les années 60

À l’origine était une ferme. La propriété fut offerte à la maison de retraite de Huelgoat en 1967. Un objectif : offrir aux pensionnaires de l’établissement la possibilité de produire des légumes et d’élever des animaux pour l’autoconsommation de l’établissement. En 1990, le directeur de la maison de retraite, Jean Merret, décide de transformer le domaine en parc botanique : plantation d’arbres et d’arbustes, ouverture au public et donc l’occasion pour des résidents de rencontrer du monde.C’est aussi une façon de financer l’établissement.

La passion de Jean Merret, pour les treks aux quatre coins du monde, lui permet de rassembler des espèces très diverses. Le parc se développe donc jusqu’en 2010 où la décision de le fermer est prise en raison d’une fréquentation insuffisante pour faire face aux charges. La maison de retraite renonce.

Pendant deux ans le parc reste à l’abandon. Pas de projet. Personne ne sait comment poursuivre. Fin 2011, un projet est né et il rouvre ses portes au public. L’aventure peut continuer.

Deux ans à l’abandon, c’est dur ?

“À l’échelle des plantes… oui… et non, répond Malo Dormont, les ronces, la flore sauvage se sont épanouies. C’était un peu la jungle, mais pas non plus catastrophique. Un parc, ça vit un peu tout seul. Notre travail, c’est de contenir la nature, de jardiner intelligemment aussi. Le plus gros du boulot, c’est la pépinière : le semis, les boutures, l’arrosage. Bon l’entretien du parc, ce n’est pas rien non plus (sourire)”.

Aujourd’hui, le parc compte 10 000 sujets, 3500 taxons et des collections exceptionnelles rassemblées géographiquement par continent avec l’accent sur quelques pays particulièrement riches ou par type de plantes : chênes, magnolias, érables, saules, viburnum, camélias, bambous, eucalyptus…

Si vous êtes en vacances en Bretagne, dans la région des Monts d’Arrée, allez visiter “Les arbres du monde”, allez admirer les collections de chênes, de rhododendrons, de bambous, laissez votre regard se perdre vers la cime des eucalyptus…

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