Nos abeilles meurent-elles de faim ?

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Pesticides, maladies et carences alimentaires… Un trio mortel pour les abeilles. Depuis un an, le docteur Bach Kim Nguyen analyse en laboratoire les échantillons de pollen et de nectar rapportés dans deux des ruches des Fermes de Gally, dans les Yvelines. Le but de ce Beeomonitoring : étudier l’environnement, identifier les causes de carences nutritives, agir en plantant des végétaux indispensables à la nourriture des pollinisateurs à longueur d’année. 

©Isabelle Morand

Hortus Focus. Les pesticides sont-ils les seuls responsables dans la disparition des abeilles ?

 

Bach Kim Nguyen. Non et on s’attache trop souvent à ce seul facteur. Bien sûr, elles sont victimes de la pollution en général et de l’emploi des pesticides. Mais elles sont également décimées par des virus, des bactéries, des acariens comme la varoise. De nombreuses pathologies ont été véhiculées à travers le monde ; les abeilles ne peuvent pas les combattre seules. Si les apiculteurs ne mettent pas de médicaments dans les ruches, elles meurent. Enfin, on oublie souvent que les abeilles sont comme nous. Pour vivre, elles ont besoin de manger à longueur d’année.

 

Quelles sont les carences observées ?

Elles manquent d’acides aminés, de protéines. Et, à certains moments de l’année, elles peuvent manquer de nourriture tout simplement ! Elles ont besoin de nectar (qui va donner le miel) qui leur procure de l’énergie, du sucre, des hydrates de carbone. Elles ont besoin de pollen qui leur assure protéines et acides aminés. 

Les abeilles domestiques et les abeilles sauvages ont-elles les mêmes besoins ?

Oui. Il faut les aider à cohabiter, car elles le font depuis la nuit des temps. Et faire en sorte qu’elles aient toutes suffisamment de ressources pour se nourrir. On ignore souvent que les abeilles, en fonction des espèces, ont des longueurs de langue différentes, qu’elles ont des besoins différents, qu’elles vont se développer à des températures différentes… Leur survie dépend en partie d’un environnement diversifié. 

sainfoin ©tamara_kulikova

Quels sont les résultats du Beeomonitoring mené aux Fermes de Gally ?

Nous avons identifié les carences alimentaires et recommandé la culture, en 2017, de sainfoin, phacélie, bourrache, sarrasin, centaurée. L’étude s’est poursuivie et nous avons pu constater une nette amélioration de la diversité pollinique. En 2018, les Fermes de Gally vont donc cultiver, sur 16 ha les mêmes végétaux que l’an passé auxquels vont venir d’ajouter de la moutarde blanche et brune, de la vesce pourpre, de la vesce brune, du tournesol…

Que conseillez-vous aux jardiniers ?

Plantez 2 mètres carrés de plantes mellifères et vous améliorerez l’environnement, les abeilles en ont besoin. 

Avez-vous un message particulier à destination des apiculteurs ?

Il faut privilégier l’abeille au miel et non l’inverse. Il faut préparer leur hiver dès la fin du mois de juillet. C’est-à-dire les laisser tranquilles, arrêter de prélever le miel après cette date pour leur donner toutes les chances de passer un bon hiver.

 

  • Pour en savoir plus sur Beeodiversity, la start up de Bach Kim Nguyen,Michaël van Cutsem, Emmanuel Lion et Olivier le Hodey, c’est PAR ICI 

 

 

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