SSa silhouette, son allure exotique font rêver de nombreux jardiniers. Malheureusement, la cordyline ne peut pas être cultivée partout en pleine terre. Rien de grave puisque de nombreux cultivars peuvent vivre en pot…
Venue des antipodes
La cordyline est originaire de Nouvelle-Zélande et d’Australie. Elle est découverte en 1769 par le naturaliste britannique Sir Joseph Banks et le botaniste suédois Daniel Solander dans l’île du sud de la Nouvelle-Zélande. Tous deux font alors partie du premier voyage de James Cook dans l’océan Pacifique. La cordyline est aujourd’hui largement présente sous les tropiques mais aussi dans des zones littorales au climat doux et humide, y compris en Grande-Bretagne.
Quant à son classement dans la nomenclature botanique internationale, quel cafouillage ! On a d’abord rangé la cordyline dans les Agavacées puis dans les Asteliacées, les Laxmanniacées, les Liliacées ou encore les Lomandracées avant d’atterrir pour finir chez les Asparagacées. Ouf !
Portrait express
C’est un arbuste dressé qui dans son milieu naturel peut monter à plus de 10 mètres. La plus grande Cordyline australis connue se trouve à Pakawau, dans le district de Golden Bay, dans l’île sud de la Nouvelle-Zélande. Elle mesure 17 mètres de haut et 9 m de diamètre, et serait âgée de 400 ou 500 ans. Chez nous, en pleine terre, elle sera de dimensions beaucoup plus modeste. Cultivée en pot, elle dépasse rarement 1,5 m.
La cordyline peut former un stipe unique ou plusieurs stipes. Ses feuilles persistantes forment des toupets regroupés au bout des branches qui ressemblent à des grands bras tendus vers le ciel.
La floraison intervient seulement au bout de plusieurs années. Les panicules sont très grandes, blanc crème et apparaissent entre mai et juillet.
Cet arbuste supporte bien les vents marins et elle a besoin de douceur et d’humidité. Elle s’adapte notamment très bien en pleine terre dans tous les jardins du littoral atlantique.
La cordyline peut se cultiver en pot
Si vous aimez cette plante, mais n’avez pas la chance d’habiter dans une région de climat doux, vous pouvez tout à fait cultiver la cordyline en pot. Mais il faudra la protéger (à – 8°C, bye bye la cordyline). L’idéal c’est de l’hiverner dans une pièce fraîche (entre 5° et 7°C) jusqu’aux beaux jours. Arrosez-la très modérément et laissez bien sécher la terre entre deux arrosages.
Fiche de culture – Cordyline
- Famille : Asparagacées.
- Type : arbuste exotique à feuillage persistant.
- Exposition : ensoleillée, chaude (mais pas brûlante).
- Sol : terre de jardin bien drainée.
- Floraison : mai à juillet. Les fleurs sont mellifères et parfumées.
- Rusticité : -8°C grand maximum.
- Entretien : débarrassez-la de ses feuilles mortes en tirant dessus, tout simplement. Paillez le pied pour la protéger l’hiver.
- Culture en pot : oui. Conseillée hors région favorable. Mais pensez à protéger le pot l’hiver avec du papier bulle.
Espèces et variétés de cordyline
Cordyline australis
C’est l’espèce la plus cultivée chez nous et la plus plantée dans les jardins et les rues néo-zélandaises. Le travail de l’homme a donné naissance à de nombreux cultivars, tous très intéressants. Parmi tous ces cultivars, nous vous conseillons :
- ‘Cherry Sensation’ : feuillage panaché rose à rouge cerise, avec des rayures de bronze et vert olive, oui tout ça !
- ‘Pink Passion’ : feuilles violettes bordées d’un rose bien pétard !
- ‘Torbay Dazzler’ : feuillage jaune strié de vert, fine ligne brune au centre de la feuille.
- ‘Red Star’ : feuillage bronze pourpré.
- ‘Atropurpurea’ : variété à feuillage pourpre.
- ‘Southern Splendour’ : feuilles rouge bronze bordé de rose vif, très attractives toute l’année
Cordyline indivisa
De croissance lente, elle est parfaite pour une culture en pot. En pleine terre, elle peut monter à 6 m, lentement mais sûrement. Feuillage vert à vert clair.
Cordyline banksii
‘Can Can’ : un feuillage absolument magnifique qui arbore des tons roses, blanc, crème, verts. Elle fait beaucoup d’effets en pot.
La cordyline dans l’océan Pacifique
En cuisine : la racine de Cordyline fruticosa peut être consommée.
Le Ti, nom polynésien de Cordyline terminalis, a fait l’objet d’un article dans le Journal de la Société des Océanistes en 1946. Les auteurs rapportent que la cordyline représente l’élément mâle et qu’elle est plantée, en Nouvelle-Calédonie, près de la porte de la case des hommes et aux autels. L’élément féminin est lui représenté par un dorou (Erythrine)
Les vieux Tahitiens rapportent selon Paul Pétard, pharmacien colonial, connaissaient « 30 variétés de Ti » parmi lesquelles :
- Ura : feuilles tâchées de pourpre, recherchées par les vahinés pour la confection de guirlande.
- Uti : employée dans les cérémonies religieuses, elle était plantée dans les enclos entourant les marae (lieux de culture).
- Mateni, Tao : belles variétés à racines comestibles. Mais les racines sont très longues à cuire dans le himaa (four creusé dans la terre)… Il faut compter une vingtaine d’heures avant de pouvoir les déguster !
- Vauvau Mahi : feuilles larges, spécialement recherchées pour tapisser les fosses à mai, fruit à pain fermenté, ainsi que pour envelopper les aliments.
Aux îles Cook, les feuilles de Ti étaient jadis les seuls vêtements des hommes et des femmes
Chez les Palikur, ethnie amérindienne vivant dans le nord du Brésil et l’est de la Guyane, la cordyline est plantée près des habitations pour les protéger des esprits malveillants.
En Polynésie, le Ti était également utilisé pour soigner différents maux (de l’otite à la diarrhée en passant par les phlegmons)
Cordyline ou phormium ?
La cordyline en se développant forme un tronc. Le phormium non ! Ses feuilles partent de la base. Les deux espèces peuvent très bien vivre ensemble. Leurs bons compagnons : les yuccas, les succulentes de toutes sortes, les agaves, les aloés… autant de plantes qui ont les mêmes besoins.
Yves Gloaguen produit phormiums (à gauche sur la photo) et cordylines dans ses pépinières Arven, à Poullans-sur-mer dans le Finistère.
« Dans la Nouvelle-Zélande primitive, Cordyline australis occupait une grande variété d’habitats: n’importe quel endroit dégagé, humide, fertile et assez chaud lui permettait de s’implanter et de se développer: en forêt; au bord des côtes rocheuses, dans les marais de plaine, autour des lacs et le long de la partie basse des cours d’eau, sur des rochers isolés. En approchant de la terre par la mer, un voyageur polynésien savait qu’il était revenu à la maison et un voyageur européen évoquait des images de l’océan Pacifique. » Philip Simpson, botaniste.