La vigne de Coignet (Vitis coignetiae) est une splendeur à l’automne. On ne la cultive pas pour ses fruits – non comestibles-, mais pour sa vigueur et son généreux feuillage qui s’embrase en fin d’été.
“Grâce” au phylloxéra
On fait un bond en arrière, dans la seconde partie du XIXe siècle. Le phylloxéra fait des ravages dans les vignes françaises. Capable de se reproduire par millions en une seule saison, cette espèce d’insecte (Daktulosphaira vitifoliae) originaire de l’est des États-Unis fait périr les vignobles français à partir de 1864. On ne comprend pas le phénomène jusqu’au jour où le botaniste Jules Planchon découvre le ravageur sur les racines vivantes d’un plant. Quand le phylloxéra s’installe, le cep meurt dans les trois années suivantes.
Comment lutter ? Pendant des années, la quête aux solutions est lancée. Il faut chercher et trouver des vignes résistantes à la maladie. Introduire des plants américains résistants est une alternative et des chercheurs sont missionnés. Mais existe-t-il d’autres vignes ailleurs capables de faire barrage au phylloxéra ?
En 1875, M. et Mme Coignet, originaires de Lyon, rapportent du Japon où ils voyageaient pour le compte de la Chambre de Commerce de Lyon, des graines d’une vigne de montagne (yama-budo) qui sera nommée en leur honneur. Les pieds sont confiés à M. Pulliat, un ampélographe (spécialiste de l’étude des cépages) du Beaujolais qui préconise le greffage pour lutter contre le phylloxéra. Mais Vitis coignetiae se révèle finalement peu résistante au ravageur.
Une autre expédition est montée dans le Sud-est asiatique en 1883 à la recherche de vignes sauvages résistantes. Henry Degron, lauréat de la Société d’Acclimatation, viticulteur à Crespières, en ancien directeur des postes françaises à Yokohama, part en exploration. Il fait envoyer 1500 des plants bien enracinés de un à trois ans confiés à Gustave Foëx, directeur de l’École nationale d’Agriculture à Montpellier. Jules Planchon suit leur évolution et constate, lui aussi, leur faible résistance au phylloxéra.
Côté ornement, la vigne de Coignet assure vraiment !
Au Japon, Vitis coignetiae est capable de se hisser au sommet de grands arbres. Plantée par Henry Degron dans sa demeure de Crespières, elle a atteint des dimensions impressionnantes : 16 cm de diamètre à la base, mais 35 m de long ! Quand il les découvre au Japon, il écrit : « Que l’on regarde des vignes gigantesques, à l’automne, alors que leurs feuilles ont revêtu toutes les couleurs d’un joli coucher de soleil (…) on a devant soi un tableau aussi original que ravissant. »
La vigne de Coignet devient une « simple » plante sarmenteuse ornementale. Henri Degron la décrit ainsi dans son ouvrage « Les vignes japonaises » : « La vigne dont il s’agit se recommande aussi pour l’ornementation, ses feuilles étant bien plus larges que celles de nos vignes françaises ; de plus, au lieu d’être minces, ténues et glabres comme la plupart des feuilles françaises, elles sont épaisses, malléables et poreuses ; les lapins en sont très friands. »
Vitis coignetiae – Vigne de Coignet – Fiche de culture
- Famille : Vitaceae.
- Végétation : grimpante, feuillage caduc.
- Exposition : soleil
- Sol : ordinaire, mais bien drainé. Tout sol sauf acide.
- Fructification : en fin d’été, fruits bleu foncé, non comestibles.
- Rusticité : – 15°C. Au Japon, elle pousse dans les montagnes jusqu’à 1300 m d’altitude, où la neige peut demeurer de longs mois.
- Dimensions : 10 – 15 m.
- Taille : en fin d’hiver.
- Utilisations : pergola, arceau, en liberté dans les arbres. Un support est indispensable pour qu’elle puisse s’accrocher avec ses vrilles.
Une variété intéressante
‘Sunningdale’ : jeunes pousses couleur caramel, revers jaune.
Et côté vin ?
En résumé, c’est très bof bof bof. Cultivée et récoltée en Normandie grâce à des plants introduits par Henri Degron, la vigne de Coignet donne de la bonne grosse piquette !