4 palmiers rustiques

Chamaerops humilis ©Aquatarkus

Les palmiers font rêver, mais il ne faut pas acheter n’importe quoi. Attention aux palmiers qui font rêver, mais vous décevront. Voici les conseils du pépiniériste Philippe Courtoison (La Palmeraie zen) pour bien choisir celui ou ceux de ces palmiers rustiques qui trouveront place dans votre jardin, en pleine terre. 

Hortus Focus : quels palmiers produis-tu dans ta pépinière et pour quelles raisons ?

Philippe Courtoison : on ne fait pas d’achat-revente, tous les palmiers sont produits chez nous, à partir de graines. J’ai eu jusqu’à une centaine de variétés, mais, comme beaucoup de palmiers ne résistent pas au froid et qu’il faut énormément chauffer les serres pour qu’ils poussent, j’ai réduit la gamme. Je me suis concentré sur les plus demandés, ceux qui poussent sans souci dans nos jardins métropolitains.

Philippe Courtoison
©Isabelle Morand

Quels sont justement ces palmiers ?

Ils sont quatre : palmier à chanvre (Trachycarpus fortunei), palmier nain (Chamaerops humilis), Washingtonia et palmier des Canaries (Phoenix canariensis).

Mais le Phoenix canariensis est décimé dans le Sud !

Nous, en Pays de Loire, nous n’avons jamais eu d’attaques de prédateurs, ni papillon ni coléoptère, pourvu que ça dure ! Au-dessus de Bordeaux, les Phoenix sont épargnés. Mais il faut enquêter sur l’origine de ces palmiers pour être sûr de ne pas importer les maladies sinon c’est toute la France qui verra périr ces Phoenix canariensis. Le problème, ce sont les palmiers infectés qui viennent du sud de l’Europe. Rien n’empêche un importateur peu scrupuleux de faire venir d’Espagne des palmiers « à pas cher ». Ils peuvent se retrouver à Paris ou ailleurs en un coup de camion. C’est difficile de lutter quand on peut déplacer les végétaux si facilement.

Phoenix canarensis et charançon
©Olga Gont
Palmier des Canaries
©Manuel Fil Ordieres Garcia

À quoi faut-il faire attention quand on achète un palmier ?

Si vous observez attentivement un palmier, cela vous permettra de ne pas vous faire avoir. On va prendre l’exemple d’un Chamaerops humilis. Si les pétioles font 80 cm ou 1 m, et si le palmier mesure déjà 2 m, dites-vous que ce n’est absolument pas normal. Il a sans doute poussé dans une serre, dans un petit pot et surdopé à l’engrais. Un pétiole normal, c’est 30 cm, pas plus ! Une fois planté dans votre jardin, il vous décevra, car il reprendra ses proportions normales.

Doit-on choisir un palmier en fonction de sa région ?

Dans le nord de la France, plantez le palmier de Chine (Trachycarpus fortunei), sa rusticité en fait le palmier tout indiqué, ou un Chamaerops humilis qui se comporte très bien aussi. En bord de mer, je vous conseille le Washingtonia. Dans le sud, vous pouvez tout planter !

Peut-on planter des palmiers quand on habite à la montagne ?

Seul le Trachycarpus fortunei est capable de résister dans les zones montagneuses.

Quel est l’entretien à prévoir pour ces 4 palmiers ?

Le strict minimum ! Quand les palmes sont sèches, abimées, il suffit de les couper. L’année de la plantation, il faut arroser. Si la deuxième année, le ciel n’est pas généreux en eau, il faut arroser, ne pas laisser la terre sécher. Après, ils se débrouilleront tout seuls.

Peut-on les cultiver en pot ?

Oui, à condition de choisir la bonne taille de pot, de surfacer tous les ans et d’apporter un peu d’engrais. Pas besoin d’acheter un engrais spécifique. Les engrais pour palmiers, c’est juste un argument de vente. Du printemps jusqu’au mois d’août, ils ont besoin d’azote. Après, on peut leur donner un peu de potasse.

Le compost, c’est bien pour eux ?

Pour le surfaçage, c’est parfait. Vous pouvez aussi mélanger du compost à la terre de votre jardin à la plantation. Pensez aussi à la crotte de poule, les palmiers adorent être nourris avec.

Chamaerops utilis, un palmier nain

C’est le seul palmier européen – voire même français – qui poussait à l’état sauvage. Il s’agit d’un palmier nain, presque bonsaï pourrait-on dire même si certains spécimens qui ont deux siècles peuvent finir par atteindre 4 à 5 mètres de haut. Il se développe plus en largeur qu’en hauteur. Les pétioles portent de petites épines. Et surtout, ce qui en fait un palmier à part, il est naturellement multitronc, car il produit des rejets sur son tronc.

palmier nain
©tella_db

Phoenix canariensis, le palmier des Canaries

Ce palmier mesure environ 1 m à l’âge de 4 ans. À partir de cet âge-là, il se développe très vite. Il faut tripler la taille du pot tous les ans quand on le cultive en pépinière. Je vais encore critiquer les Espagnols, mais leur méthode de culture est trompeuse. Ils cultivent ces Phoenix dans des pots trop petits. Résultat, les palmiers produisent de grandes feuilles, mais leur tronc est maigrelet et ils seront plus fragiles au vent. Donc, quand vous achetez un Phoenix, il faut regarder la grosseur du tronc, pas sa hauteur ni la taille de ses feuilles.

©Gyro
©Gyro

Trachycarpus fortunei, le plus rustique

Le palmier le plus vendu parce qu’il a tout pour plaire. Ce palmier à chanvre (il fait du chanvre autour de son tronc) résiste au froid, pousse tout seul et se passe d’entretien. C’est pratiquement le palmier du débutant. On le plante, on l’arrose la première année et après il se débrouille. L’hiver, pas la peine de le protéger puisqu’il supporte – 18°C sans broncher.

Trachycarpus Jardin de Pellinec
©Didier Hirsch (Jardin de Pellinec)

Washingtonia, le palmier à jupon

Il existe deux espèces de Washingtonia : W. filifera au tronc large et gros, W. robusta au tronc plus fin, qui peut monter très haut. Les deux ne sont pas très résistants au froid. Les deux présentent en haut du tronc une espèce de jupe. Ce sont les feuilles mortes qui ne tombent pas et habillent le tronc.

©Jack N. Mohr
©Jack N. Mohr

Les ravageurs des palmiers

 

 

Le papillon palmivore du palmier (Paysandisia archon)

Symptômes : feuilles poinçonnées, galeries à la base des plantes, jaunissement des palmes, perforation des palmes avec présence de sciure ou d’une espèce de gomme dans la couronne du palmier… Chamaerops et Trachycarpus y sont sensibles. Ce ravageur a été introduit accidentellement en 1997.

Traitement : traitement bio à base de nématodes.

Paysandisia archon
©Jorg Gillwald

Le charançon rouge (Rhynchophorus)

Cette espèce fait crever les Phoenix canariensis de la Côte d’Azur depuis 2006.

Symptômes : feuilles rongées, chute des palmes, pourrissement du stipe… Pour finir, rongé de l’intérieur, le palmier s’effondre sur lui-même.

Traitement : piège à phéromones anti-charançons rouge en prévention. En curatif : nématodes anti-charançon (à faire appliquer par un professionnel agréé).

charançon rouge ©MattiaATH
charançon rouge ©MattiaATH
©Bigpra
©Bigpra

Bon à savoir : si vous constatez une attaque sur l’un de vos palmiers, signalez-le auprès du service des espaces verts de votre commune, ou à la DRAAF (Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt).

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