L’arbre aux mouchoirs (Davidia involucrata) est un rêve pour de nombreux jardiniers. Il demeure souvent un rêve, car il faut attendre une vingtaine d’années avant de le voir fleurir. Avec ‘Sonoma’, le délai d’attente est réduit à… 2 ans. Sébastien Émain le produit dans sa pépinière La grange aux érables, et ça fait envie !
Hortus Focus : on va commencer par une mise en garde. Laquelle ?
Sébastien Émain : oui, mieux vaut prévenir les jardiniers qui recherchent cette variété de Davidia involucrata. Il s’est vendu des ‘Sonoma’ qui n’en étaient pas. Des petits malins ont trompé le monde en prélevant des greffons avec des bourgeons à fleurs sur des arbres âgés (20 ou 30 ans) de l’espèce type, et donc en mesure de fleurir. Donc ce Davidia va être capable de fleurir juste après la greffe. Mais, l’année d’après, vous attendrez des fleurs qui ne viendront pas. La troisième année, pas de fleurs non plus, et il faudra attendre une bonne dizaine d’années pour voir fleurir l’arbre. Des jardiniers se sont fait berner. Donc, je vous conseille vraiment de vérifier qu’il s’agit bien d’un «’Sonoma’ et d’obtenir des assurances de votre pépiniériste.
Mise en garde bien notée ! Mais est-ce vrai que le vrai ‘Sonoma’ fleurit dès la deuxième année ?
Oui, absolument. Il ne faut pas s’attendre à une floraison délirante. Il fera une ou deux fleurs la deuxième année et en fera de plus en plus les années suivantes. Dans mon jardin, j’ai un ‘Sonoma’ de plus de 2,5 m qui m’offre chaque printemps entre 50 et 100 fleurs, c’est plutôt pas mal !
Les fleurs sont-elles les mêmes que chez l’arbre aux mouchoirs type ?
Elles sont rigoureusement identiques, mais paraissent plus grandes chez ‘Sonoma’, sans doute parce que la plante est moins haute que l’arbre aux mouchoirs classique. Un jour, avec une collègue, on les a comparées : leur taille est exactement la même. Chez ‘Sonoma’ comme chez Davidia involucrata, les fleurs naissent un peu vertes et blanchissent progressivement. Il faut compter entre deux et trois semaines pour voir les mouchoirs immaculés.
Comment est né ce Davidia ‘Sonoma’ ?
C’est une sélection d’une pépinière américaine. On y avait repéré un Davidia ayant fleuri très rapidement. Ils ont donc mis la plante en production. ‘Sonoma’ est arrivé en France voilà une dizaine d’années, mais on ne la trouve pas encore très facilement, car elle ne se greffe pas facilement. Elle est un peu capricieuse en reprise de greffage. Cette année, j’ai eu 100% de réussite, l’an dernier j’ai plafonné à 50%, et sans comprendre pourquoi !
Comment bien le cultiver ?
Il se cultive dans les mêmes conditions que le Davidia involucrata : sol profond, bien drainé, léger, fertile et frais. Mais comme ‘Sonoma’ sera plus petit que l’espèce type, on n’est pas obligé de le cultiver en isolé. Il peut trouver sa place dans un massif. Il peut être planté en sol acide à neutre, ou alors très légèrement calcaire (j’en ai vu bien pousser à Valence, dans la Drôme, en sol calcaire). Et surtout, surtout, il ne tolère pas les sols secs.
Avec la sécheresse de l’an dernier, comment se portent tes ‘Sonoma’ ?
Tu peux ajouter la sécheresse de l’année encore d’avant. Du coup, ils ont un peu souffert, mais le plus surprenant, c’est qu’après leur période de dormance estivale, ils sont repartis en végétation en septembre… et ont fleuri. Des fleurs moitié moins grandes que ce qu’elles auraient dû être au printemps fleuri. Et j’ai des collègues qui ont assisté au même phénomène. Autant dire que tout cela compromet la floraison du printemps d’après…
‘Sonoma’ est-il sensible aux gelées ?
Oui, surtout celles qui sont tardives au printemps et ça, c’est inquiétant. On voit des départs en végétation de plus en plus précoces, car on n’a plus vraiment d’hivers. Or, les gelées printanières sont, elles, plus nombreuses et les fleurs gèlent donc en avril.