La Mairie de Paris importe des arbres étrangers pour plusieurs millions d’euros, au détriment des pépiniéristes français. Verdir, la Fédération Nationale des Producteurs de l’Horticulture et des Pépinières, exprime son mécontentement devant l’incohérence politique.
L’attribution récente du marché des arbres-tiges de la Ville de Paris révèle une contradiction majeure de nos politiques publiques. Sur cinq attributaires retenus pour ce contrat important d’environ 18 millions d’euros sur quatre ans, une seule entreprise française. Pierre Cholat à Chambéry a été sélectionnée à côté de quatre pépinières allemandes, hollandaises et belges.
Cette décision met en colère Verdir. Non pas sur la compétence de nos voisins européens, dont la fédération reconnaît les qualités, mais sur l’incohérence des choix politiques. Comment peut-on, d’un côté, déplorer la disparition de nos producteurs locaux et, de l’autre, les priver des marchés qui leur permettraient de se développer ?
Des capacités de production surdimensionnées
Le paradoxe est saisissant. Les offres étrangères retenues n’étaient financièrement pas plus intéressantes (document qu’Hortus Focus a consulté). L’argument économique ne justifie donc pas cette sélection. La Ville de Paris a privilégié des capacités de production surdimensionnées au détriment d’une production locale de qualité, adaptée à ses besoins.
Les pépinières françaises ont pourtant fait leurs preuves et consenti des efforts considérables depuis quinze ans, rappelle Verdir. Cette Fédération Nationale des Producteurs de l’Horticulture et des Pépinières est le seul syndicat reconnu par les pouvoirs publics français. Verdir regroupe 340 professionnels, 29 syndicats et 12 unions régionales.
Réduction drastique des produits phytosanitaires, traitement responsable des déchets, diminution des consommations d’eau et d’énergie. Ces engagements environnementaux, validés par des labels exigeants comme Plante bleue, témoignent d’une production qualitative et durable. Et nos voisins européens peinent parfois à l’égaler.
Les pépiniéristes français ont fait le job
En tant que dirigeant d’une des plus importantes pépinières de pleine terre de France – 300 hectares, une centaine d’employés en Charente-Limousin – Antoine Daganaud, qui n’a pas concouru pour ce lot, mesure quotidiennement ces efforts.
Le secteur s’est profondément transformé, anticipant les enjeux écologiques. Mais à quoi bon investir dans l’excellence environnementale si les donneurs d’ordre public ne reconnaissent pas cette valeur ajoutée ? déplore Antoine Daganaud auprès d’Hortus Focus.
Ceinture et bretelles, ce n’est pas une politique !
Cette logique de “ceinture et bretelles” adoptée par Paris envoie un signal désastreux à nos producteurs. Elle invalide des années d’investissements et d’innovations. Pire, elle fragilise un secteur déjà confronté à un rétrécissement des capacités de production française.
Nous ne contestons pas le principe de la concurrence européenne, mais nous réclamons un discernement politique. La Ville de Paris, première donneuse d’ordre de France en matière de végétaux, porte une responsabilité particulière. Ses choix font école et influencent l’ensemble du secteur. Quand elle attribue parallèlement son marché d’arbustes à trois entreprises françaises, elle prouve qu’un équilibre est possible, précise Antoine, de VERDIR.
Il est temps que nos politiques publiques assument la cohérence entre leurs discours sur le soutien aux filières locales et leurs actes. Travailler avec les pépinières françaises, c’est leur donner les moyens de continuer à innover et à répondre aux enjeux environnementaux de demain.
La Fédération Nationale des Producteurs de l’Horticulture et des Pépinières est le seul syndicat représentatif des producteurs horticoles français reconnu par les pouvoirs publics.