Par Catherine Delhom. Les chiffres sont affolants : en vingt ans, deux tiers des hérissons ont disparu en France. Victimes des voitures et des pesticides. Selon certaines associations, l’espèce vieille de 60 millions d’années pourrait être quasi éteinte en 2025. À chacun de tout faire pour leur rendre notre jardin accueillant. Car le hérisson ne se contente pas d’être un animal “mignon”, c’est aussi un pilier de la biodiversité et l’allié précieux des jardiniers. Voici un manuel de survie du hérisson.
Mon premier il y a longtemps a fini mangé par les voisins.
Mon second a été empoisonné.
J’ai cramé mon troisième (il y a prescription).
Qui suis-je ? Un hérisson , voyons…
Que faire si vous trouvez un ou des hérissons ?
Il y a plusieurs années, en automne, j’ai trouvé 3 tout petits hérissons. Ils tournaient comme des fous, au soleil, sur la route près de chez moi. Cela m’a paru anormal, je les ai donc récupérés, ramenés chez moi avant de chercher quoi faire en surfant sur internet. Je suis tombée sur le site du Sanctuaire des hérissons, dans le nord de la France. À tout hasard, j’ai laissé un message, et à 23h, j’avais une réponse par mail… Bravo !
À cette occasion, j’ai appris que l’on pouvait intervenir uniquement s’il s’agissait d’animaux en détresse. Si ce n’est pas le cas, laissez-les tranquilles. Si vous ne respectez pas cette obligation légale, vous pouvez être condamnés à payer une amende de 15 000 €.
De mon côté, je savais qu’ils aimaient les croquettes pour chats, je leur en ai donc donné. Ils ont passé l’hiver au chaud, dans un grand poulailler. Ils ont grossi, et je leur ai rendu leur liberté au printemps. Je n’avais pas vu un petit 4e, trop tard pour lui, hélas…
Depuis, il y a en permanence, au fond de mon jardin, une cagette retournée avec plein de branchages dessus. Je sais qu’ils sont là, dans ce coin du jardin surtout l’été, quand tout est sec. Je les entends (oui, ça fait un peu de bruit un hérisson) et il m’arrive de les voir. Comme ce très gros, très clair qui est passé une nuit en courant, très décidé, vers la gamelle. C’est là que j’ai appris que les hérissons éclaircissent en vieillissant. Comme nous !
Ils peuvent vivre une dizaine d’années (si tout va bien), faire des bébés, manger des parasites, des vers et des gluants. Mais si nous ne les aidons pas, si nous ne les protégeons pas, leur espérance de vie ne dépasse guère 2 ans…
Et maintenant, la parole est à la bestiole !
– Je fréquente un coin de jardin bien sauvage que mon humain préféré a laissé, notamment sous les haies. Quand il y a des feuilles, des bouts de bois, j’y fais un de mes nids.
– Je cherche de l’eau bien propre, car je dois boire, été comme hiver (j’aime bien les plats en pyrex, ça ne bascule pas et je ne risque pas de me noyer). Je ne bois pas de lait de vache qui me rend malade. De l’eau, et uniquement de l’eau.
– Mes humains à moi font attention en passant la débroussailleuse, car je déteste avoir le nez coupé ou me faire scalper.
– Je ne sors qu’à la nuit bien noire, car je ne veux pas rencontrer de mouches (je ne vous raconte pas ce que peuvent me faire des asticots, ça vous ferait vomir).
Mes nuits
– Je suis discret même la nuit. Mes yeux ne sont pas lumineux comme ceux des renards ou de lapins et des chevreuils.
– Je ne sors de jour que quand je suis malade ou blessé, ou que je vais très mal, mais ma maman me l’interdit !
– Quand j’ai plein de tiques, elles me rendent malade moi aussi. J’aime bien qu’on me les enlève avec un tire-tique. Je ne sais pas le faire tout seul !
Mes relations
– Je ne peux fréquenter qu’un humain qui n’utilise pas d’anti-limaces : même les granules bleus bio me tuent ! C’est normal, j’adore les limaces, et quand je les mange, leur corps est plein de poison et moi, je ne supporte pas. Mes humains à moi paillent leurs plantes fragiles, je m’occupe de nettoyer le terrain ailleurs.
– Mes humains ne font pas de feu dans leur jardin, car je suis parfois sous le tas de feuilles ou de branches. Je ne sais pas m’enfuir ! Et puis, ils savent que c’est 450 € d’amende en France, que ça pollue, et que ça fait plein de particules mauvaises pour les asthmatiques.
Mes précautions
– Je suis protégé par la loi, on n’a pas le droit de me déplacer, ni de m’emprisonner ah, mais !
– J’évite les piscines, les bassins abrupts, les trous d’où je ne saurai pas remonter. Je peux m’accrocher à une petite pente, avec mes petites papattes, mais pas plus. L’autre jour, quelqu’un a dit que je grimpais aux arbres (!!!) ; ben non, je ne suis pas un écureuil.
– Je dors un peu l’hiver, mais je ne suis pas comme les ours, je sors faire pipi tous les 15 jours – 3 semaines, et là, je cherche à manger…
– Si vous voyez que je suis ramassé par des méchants qui veulent me cuire, il faut appeler les gendarmes, les services vétérinaires, une association, pour qu’on arrête de me prendre pour du truc grillé à apéro.
Sauvez-moi, protégez-moi !
Si je ne vais pas bien, si je suis orphelin ou blessé, appelez s’il vous plait une association de protection des hérissons où de gentils humains me chouchouteront, comme le font Anne, Emmanuelle, Sara et d’autres qui m’aiment vraiment beaucoup. Et on leur enverra un peu de sous pour qu’elles puissent me faire soigner, ça fera un peu moins d’impôts à payer. Il vaut donner un peu moins de sous aux élus et un peu plus à nous, les hérissons. Au moins, nous, on mange vos limaces !
Liens utiles
- Les P’tits Kipiks, centre de soins pour hérissons dans la Vallée de Chevreuse.
- Le Sanctuaire des hérissons par Emmanuelle. Vous y trouverez une liste des centres de soins en France, par département.
- Pétition Sauvons les hérissons en danger.
- Atoupic, centre de soins faune sauvage.
Quand elle ne se consacre pas à son jardin et aux hérissons, Catherine Delhom peint de superbes aquarelles. Vous pouvez découvrir son travail sur son site internet en cliquant ICI.