Pour les observer en fleur, pour sentir leur parfum, réservez votre soirée, voire votre nuit. Certaines de ces belles de nuit sont très courantes chez nous, d’autres moins faciles à cultiver. Dans tous les cas, un vrai bonheur, exception faite de la fleur du baobab qui pue grave !
La belle-de-nuit (Mirabilis jalapa)
Elle, vous la connaissez très certainement, car de nombreux jardins l’accueillent. Elle pousse bien en massif, mais vous pouvez aussi la laisser là où le veut puisqu’elle n’est pas difficile à maîtriser. On tire sur le pied embêtant et au revoir ! Dans le précédent jardin de mon papa, en Charente-Maritime, elles avaient l’habitude de pousser dans les graviers et il les laissait se ressemer avant d’arracher les surnuméraires.
Mirabilis jalapa adore croître en sol sec drainé, se dorer au soleil et laisser le vent caresser ses tiges où fleurissent, en fin d’après-midi, des petites trompettes blanches, jaunes, roses, rouges. Sur certains pieds de cette plante annuelle, on peut même observer deux couleurs de fleurs.
Également surnommée la Merveille du Pérou, c’est une plante médicinale sous certaines latitudes.
Au Népal, on mange les feuilles ou on les utilise en cataplasme pour soigner les abcès. Les racines, elles, sont mises à contribution comme purgatif (comme en Haïti)… ou aphrodisiaque. Les fleurs infusées sont utilisées comme colorant alimentaire en Chine.
Vous trouverez souvent les graines vendues en mélange.
Le jambon du jardinier (Œnothera biennis)
L’onagre bisannuelle est à essayer absolument si vous pouvez l’installer au soleil ou à mi-ombre, à moins de 700 m d’altitude, dans n’importe quel type de sol léger, sec, bien drainé.
C’est une plante intéressante à plus d’un titre. Sa floraison, jaune citron, très parfumée, n’intervient qu’en toute fin de journée pour permettre une pollinisation par des papillons de nuit, notamment les sphinx.
Si vous avez du temps à consacrer à l’observation, ne vous en privez pas ! Après, filez au lit et faites la grasse matinée : au petit matin, la fleur est fanée.
Œnothera biennis, qu’on appelle parfois la primevère du soir, fait également partie des légumes anciens. Sa racine est comestible. Il suffit de bien la cuire pour pouvoir la déguster et là, surprise, vous mangez du jambon fumé ou du panais, ça dépend de votre palais.
En toute fin d’été, vous pouvez récupérer des graines pour les ressemer l’année suivante, mais, bien souvent, la plante se ressème sans souci. Vous pouvez aussi conserver les graines pour nourrir les oiseaux en hiver : les mésanges en sont friandes.
En phytothérapie, les graines sont utilisées pour confectionner une huile aux multiples vertus. Elle peut aider à soulager l’asthme, l’hypertension. Les femmes qui souffrent d’irrégularités menstruelles peuvent également en consommer. Et pour l’avoir testée, elle est très efficace contre les problèmes de sécheresse cutanée à condition d’en prendre 2 capsules pendant 6 semaines.
La chouchoute des grands parfumeurs (Polianthes tuberosa)
Qui dit tubéreuse dit parfums célèbres. Les fleurs de cette plante bulbeuse, au parfum prononcé entrent en effet dans la composition de, pour n’en citer que quelques uns, Poison (Dior), La vie est belle (Lancôme), Fragile (Gaultier), Twilly (Hermès), Tubéreuse mystique (Bulgari). Depuis 2011, à Pégomas, près de Grasse, la maison Chanel fait cultiver des tubéreuses par la famille Mul. Polianthes tuberosa entre notamment dans la composition du parfum Gabrielle.
La tubéreuse se cultive en pleine terre là où les températures ne passent jamais en dessous de -5°C. Ailleurs, mieux vaut les cultiver en pot et les hiverner.
La floraison de la tubéreuse est tardive. Les boutons apparaissent en août et s’épanouissent à l’automne en épis de fleurs cireuses. En pleine terre, la plante a besoin d’un sol profond, sableux. En pot, n’oubliez surtout pas de bien drainer. Dans les deux cas, donnez-lui un peu d’engrais pour l’aider à bien fleurir (je vous recommande une bonne poignée de Tonnerre d’Engrais).
L’utilisation de la tubéreuse est bien différente selon les pays : au Mexique, on en fait de superbes bouquets de mariée, en Italie c’est la fleur des… enterrements.
Il est également possible de l’avoir dans la maison, mais sachez que le parfum peut vraiment être entêtant en soirée. Plantez 5 bulbes dans un pot (à environ 5 cm de profondeur) et laissez pousser non loin d’une vitre, car elle a besoin d’une bonne luminosité pour bien fleurir.
Il existe quelques variétés pour changer de l’espèce type :
- ‘The Pearl’ : à boutons roses et fleurs double ivoire.
- ‘Yellow Baby’ : fleurs jaune pâle.
- ‘Super Gold’ : fleurs… super jaunes.
- ‘Pink Sapphire’ : fleurs doubles, rose moyen.
- ‘Sensation’ : fleurs rose lavande (la couleur est plus présente vers l’extrémité des pétales).
Toutes ces variétés sont disponibles chez Promesse de fleurs.
Ma variété préférée : ‘Flore Pleno’ aux fleurs blanches doubles.
La julienne-des-dames (Hespera matronalis)
Elle fait partie de ces fleurs qu’on adore, mais dont on a parfois du mal à retenir le nom. (enfin, moi, je n’y arrive pas trop…) Hélène-des-demoiselles ? caroline-des-massifs ? Non, juste julienne-des-dames. Une plante qui me rappelle le jardin de mes grands-parents, la plate-bande devant la fenêtre de la cuisine…
Cette vivace de courte vie (il faut en semer ou en replanter tous les deux ans) se plaît en tout sol même calcaire. Les fleurs, blanches, roses, violettes s’ouvrent en fin de journée et exhalent un parfum agréable et bien présent.
Le prince de la nuit (Selenicereus grandiflorus)
Vous avez de la patience à revendre ? Ça tombe bien ! Le cactus vanille est du genre à se faire désirer. Et si vous ratez la floraison, il peut s’écouler des semaines voire une année avant que Monsieur daigne fleurir à nouveau… et en pleine nuit. Chaque fleur ne vit que quelques heures… Mais quelle merveille : elle peut mesurer jusqu’à 40 cm de diamètre !
Selenicereus grandiflorus n’est pas du genre raide comme un piquet comme bon nombre de cactus qui ont du « cereus » dans leur nom. Ses tiges pas bien larges (en moyenne 2 cm) peuvent grimper ou retomber.
À cultiver comme tout cactus qui se respecte : dans un substrat léger, super drainé.
L’hiver, protégez le pot. Rentrez-le si vous le pouvez. Avant de le ressortir, n’hésitez pas à le tailler d’un bon tiers.
Le galant-de-nuit (Cestrum nocturnum)
Cet arbuste frileux (rusticité – 5°C) produit d’innombrables petites fleurs jaunes. Elles s’ouvrent quand la nuit est tombée, délivrant un parfum capiteux, enivrant. Le meilleur moyen d’en profiter c’est de le planter dans un grand pot à installer sur terrasse pour profiter à fond de sa fragrance et voir les insectes entrer dans les fleurs pour la pollinisation.
Le galant de nuit est un arbuste à feuillage persistant, croissance rapide, et qui pour bien fleurir a besoin d’un coup de pouce « engrais » tous les 15 jours environ. N’oubliez pas de bien, bien drainer le pot et d’arroser le Cestrum quand il fait très chaud.
La fleur de lune (Ipomoea alba)
Dans la nature, cette ipomée adopte une taille très impressionnante puisqu’elle peut grimper jusqu’à 30 m de haut ! Sous nos latitudes, elle sera plus raisonnable, mais peut tout de même crapahuter jusqu’à 3 à 4 m de haut si les conditions sont favorables. Au jardin, il faut la cultiver comme une annuelle, car elle ne supporte pas le froid. Mais elle sera aussi très heureuse à longueur d’année installée douillettement dans un grand bac en véranda.
En été, Ipomoea alba fait son show. Les fleurs rondouillardes s’ouvrent le soir, embaument toute la nuit, et se referment vers midi si le temps est ensoleillé. Si le ciel est couvert, elles en profitent et restent ouvertes encore quelques heures.
Attention, il s’agit d’une plante vraiment gourmande en eau et nourriture. Donnez-lui impérativement un substrat ou un sol riche, et n’hésitez pas à fertiliser régulièrement.
En régions douces, cette ipomée se montre volontiers vivace.
Le bonbon de minuit (Zaluzianskya capensis)
Une belle découverte pour moi ! Essayez sa culture en annuelle, car elle n’apprécie guère le froid. Un petit bijou végétal (0,50 m environ) qui embaume tout l’été, dès la tombée du jour. Les fleurs se referment le matin venu.
Côté parfum, on distingue des notes de miel, mais aussi de vanille. À semer au printemps, dans un sol bien drainé (ou en pot), neutre ou acide.
Les chauves-souris l’adorent (Adansonia digitata)
Bon côté parfum, les fleurs du baobab ne risquent pas d’entrer dans la composition d’un parfum. Autant le dire cash : elles puent quand elles s’ouvrent la nuit venue. Tant pis pour nous, tant mieux pour les chauves-souris qui apprécient cette odeur parfois putride.
Le baobab produit des fleurs à sa mesure : 15 cm de diamètre, suspendues à un grand pédoncule et riche de 2000 étamines. Elles se succèdent pendant deux mois au grand bonheur des roussettes mâles qui passent la nuit à pomper le nectar.