Aujourd’hui, nous sommes le 24 juin, fête de la Saint-Jean, traditionnellement accompagnée de danses autour de grands feux de joie. Elle est à rapprocher du solstice d’été, originellement en lien avec le culte du soleil. Après avoir tenté d’empêcher cette fête païenne, l’Église catholique l’a christianisée en la dédiant à Saint-Jean. Les villageois dansaient également sur la grande place du village et il y avait souvent un arbre. Un tilleul, de préférence…
L’Europe avant la lettre
Les tilleuls à danser viennent d’une très ancienne coutume que l’on trouve en Europe du Nord, surtout en Allemagne et en France. Il en reste quelques-uns en Allemagne, en Belgique, en Autriche et aux Pays-Bas. Les tilleuls à danser se plantent généralement au centre du village.
Les arbres sont formés (taillés) en cercle avec trois étages (3 houppiers). Une charpente possédant une ou plusieurs plates-formes soutient l’ensemble.
Les premières structures ont été bâties par les cordiers qui récupéraient et utilisaient l’écorce de tilleul pour fabriquer leurs cordages. Les villageois ont naturellement investi les ouvrages pour organiser des festivités, notamment des pistes de danse.
Les arbres à danser étaient aussi installés en pleine campagne…
C’est quoi ce bordel ?
Rapidement, les superstitions se sont emparées de l’affaire pour remettre un peu d’ordre dans tout ce bordel. Elles ont y trouvé (ou “donné », biffez la mention inutile.) du sens, dans le ciel, le soleil, les astres, la terre, le rythme des saisons et on en passe…
Ainsi, la structure du tilleul à danser, arbre à trois étages, s’est mise à symboliser les trois cercles de la course du soleil aux deux solstices et aux équinoxes. Évident.
La croix formée par l’axe des points cardinaux est-ouest et nord-sud, superposée à la deuxième croix dite de Saint-André formée par les points de lever et de coucher du soleil aux deux solstices. Ces deux croix divisent le cercle annuel en huit parties égales, correspondant aux huit fêtes naturelles, traditionnelles en Europe. Vous vérifiez plus tard.
La structure du pied peut comporter un banc pour les guincheurs exténués.
Des bancs à tous les étages…
Le premier parquet de 3 à 5 mètres de rayon est construit sur la base de huit piliers correspondant au cycle des huit fêtes naturelles.
Pour mémoire, les huit fêtes naturelles sont :
• Le solstice d’hiver (plus tard, fête de Noël), la nouvelle clarté renaissante ;
• La Chandeleur, fête de la fécondité ;
• L’équinoxe de printemps, la fête de la jeunesse, du renouveau ;
• Une 4e : la fête du 1er mai ou fête de mai ;
• Le solstice d’été ou fête de la Saint-Jean ;
• La fête des moissons, des arts et métiers, le 1er août ;
• L’équinoxe d’automne, époque des vendanges ;
• Et la 8e : la fête du souvenir des ancêtres, le début de la saison sombre.
Que la fête commence
Un calendrier festif était né qui reste sensiblement le même aujourd’hui, seules les étiquettes ont changé au fil du temps et des croyances, notamment avec la christianisation de l’Europe.
Vieux comme les robes d’Anne de Bretagne
La plus ancienne représentation connue d’un arbre à danser, se trouve dans le très célèbre Livre d’Heures d’Anne de Bretagne (daté de 1508) conservé à la Bibliothèque Nationale.
Le livre est à consulter ICI
On en trouve également des représentations dans les œuvres des peintres flamands, notamment Pieter Bruegel le Vieux et Pieter Bruegel le Jeune.
Il existe une association européenne qui milite pour installer à nouveau des tilleuls à danser partout où ils ont existé (et ailleurs…). Son credo est de rappeler les cycles naturels des saisons et d’animer, grâce à des fêtes, les villages et leurs habitants. Il s’agit enfin, à travers les cuisines, costumes, chants et traditions populaires spécifiques de perpétuer les richesses locales.
Pour les curieux qui veulent en (sa)voir encore plus…
Un reportage sur un vieux tilleul à danser de Himmelsberg en Allemagne et un chêne Whiteleaved en Angleterre.
Rien ne vous empêche de sophistiquer votre tilleul à danser (escalier en dur, buvette, rosiers lianes…). Vous surprendrez vos voisins !