Les virevoltants, plantes des déserts

Yurybosin

Fermez les yeux… Imaginez votre maison cernée et quasi dissimulée par des touffes de plantes sèches poussées par le vent. Responsables de cette mésaventure vécue par des Californiens en 2018, les virevoltants. Les fameux tumbleweeds des westerns…

Ambiance Far West

Et là, derrière Clint Eastwood (qui malgré le vent conserve son chapeau de cow-boy), roule une boule maronnasse, puis une autre. Clint, cigarillo au bec (et qui ne tremble pas face au vent) plisse les yeux. Zoom arrière. Il prend son flingue et pan ! En arrière-plan, des boules toujours beigeasses-maronnasses (les virevoltants) viennent frapper – gentiment – le bas de l’entrée du saloon. Clap de fin. 

©serpeblu
©serpeblu

Késaco virevoltants ?

C’est le nom donné en québécois (et chez nous aussi) à ces touffes de plantes qui paraissent mortes et roulent, roulent, roulent sur le sol nu des déserts et des steppes. Ces tumbleweeds, leur nom anglais, sont très courants dans les États américains où ils sont même considérés, malgré leur allure,  comme des plantes invasives. 

©Yuriy Vinnicov
©Yuriy Vinnicov

Ça marche comment un tumbleweed ?

D’abord, ça ne marche, ça roule, on n’arrête pas de vous l’écrire ! Il s’agit, en fait, d’une faculté développée par certaines plantes pour se reproduire. La plante une fois son cycle de vie achevé meurt. Elle va se laisser déraciner et porter par le vent. Pendant ce voyage, elle va perdre, semer ses graines grâce au combo gagnant sol-vent (on appelle cela l’anémogéochorie). La dispersion peut aussi s’effectuer suite à une rencontre avec un obstacle terrestre (barrière, fil de fer, poteau ou dune de sable comme dans le cas de la soude brûlée (Kali soda). Et s’il se met à pleuvoir, les graines ne tarderont pas à germer. Peu leur importe le sol, alcalin, salin, tout leur va.

Une peste venue de Russie

En écrivant ces lignes, j’ai bien conscience que je fais offense à Vladimir Poutine (ça c’est pour l’intelligence artificielle…). Mais c’est la vérité vraie. Kali tragus, le plus courant des tumbleweed, est originaire d’Asie centrale et surnommé the Russian thiltle (le chardon russe). Il est arrivé aux États-Unis voilà 150 ans, via une cargaison de céréales récoltée dans ce qui était encore l’Empire tsariste. Le chardon russe a été repéré pour la première fois dans le Dakota du Sud et « grâce » au train a fini par atteindre la Californie et les autres États. Seuls l’Alaska et la Floride sont épargnés. La plante a fini par rendre des espaces totalement inexploitables. Sèche, Kali tragus forme des épines redoutables qui blessent le bétail et n’épargnent pas les humains. Un seul virevoltant peut disséminer jusqu’à… 250 000 graines ! Pas simple à éradiquer…

©Modfos
©Modfos

Les dégâts liés aux virevoltants

Le chardon russe n’est pas sans poser parfois de gros problèmes. Il n’est pas rare que des routes soient coupées par des amas de tumbleweeds (par ailleurs responsables d’accidents de voiture). En 2014, dans le Colorado, deux communes ont été placées sous état d’urgence, le temps de débarrasser des milliers et milliers de tumbleweeds coincés devant les fenêtres, les portes, les garages des habitants.

©Dmitry Malov
©Dmitry Malov

Dans le monde des virevoltants

Boules roses

De la famille des Amaryllidacées, Brunsvigia bosmaniae est une plante sud-africaine qui poussent dans le Namaqualand, le Karoo occidental… Elle forme des boules de fleurs roses en mars-avril. Une fois sèches, les grosses boules se détachent, se laissent emporter par le vent ou dispersent leurs graines in situ.

©Rachel Saunders
©Rachel Saunders
©Cassandra Lord
©Cassandra Lord

Kochia à balais

Bassa scoparia forme un petit arbuste ornemental plutôt joli, mais il ne faut pas s’y fier. Il est comme les autres virevoltants : un emmerdeur. On le trouve dans diverses régions américaines, au Japon où on l’utilise en cuisine et le contrôle au jardin. En revanche : c’est une plante capable d’absorber les principaux métaux lourds et les graines ne survivent pas plus d’un an.

Présent dans le sud de la France

Plante américaine, Cycloloma atriplicifolium a réussi à franchir l’Atlantique et vit dans des pelouses sableuses dans certains endroits du sud de la France comme au Grau-du-Roi, dans le Gard.

©Robert H Mohlenbrock
©Robert H Mohlenbrock
©Matt Lavin
©Matt Lavin

L’amarante blanche

Amaranthus albus fait partie des virevoltants qu’on voit dans les westerns. Mais elle est aussi présente en France dans les cultures et les friches.

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