Horticultrice, Élisabeth Barrier est peu à peu tombée dans la marmite aux fuchsias. Aujourd’hui, c’est l’une de nos meilleures spécialistes en France de ce grand genre. Retour sur la naissance d’une passion. Les Fuchsias de la Dombes et Élisabeth seront présents aux Journées des plantes rares de la Ferté, les 20 et 21 avril prochains.
Hortus Focus : vous avez toujours été une passionnée de fuchsias ?
Élisabeth Barrier : Absolument pas ! J’ai toujours été horticultrice, installée au cœur de la Dombes, à Saint-Trivier-sur-Moignans, dans l’Ain. Un grand nombre d’espèces végétales me sont passées dans les mains, y compris le fuchsia. Et ces fuchsias se sont emparés de moi sans que je m’en aperçoive !
Comment cela s’est-il traduit ?
J’ai commencé à acheter des fuchsias à droite, à gauche. Des clients ont commencé à me demander : « Combien vaut-il ce fuchsia ? ». Et je répondais invariablement : « Il n’est pas à vendre… ». Et puis, un jour, comme ma collection est abritée sur mon lieu de travail, une cliente les a vus et m’a incitée à adhérer au Club fuchsias de la région lyonnaise. Jusque-là, je ne savais même pas qu’il existait un club de passionnés comme moi !
Et vous avez décidé de vous lancer dans la production de fuchsias ?
Même pas ! J’étais productrice de plantes à massif et légumiers. Tous les matins, je vendais ma production horticole sur les marchés. J’ai attendu une bonne dizaine d’années pour me lancer dans la production. J’avais peur que les clients les fassent crever…
Mais alors, quel a été le déclic ?
Quand la foire aux plantes rares a été lancée à côté de chez moi, à Châtillon-sur-Chalaronne, j’ai proposé aux organisateurs d’exposer gratuitement ma collection, et sans rien vendre. Nous étions en septembre, les 80 plantes exposées étaient de toute beauté. C’était magnifique ! Tout le week-end, j’ai pu échanger avec des clients, des passionnés sans pouvoir répondre à leurs demandes qui tournaient autour de la même question : « Où est-ce que je peux me procurer ce fuchsia ? ». Là, je me suis décidée à multiplier mes plantes. Pour mon entreprise, la décision a été importante : six ans plus tard, la vente de fuchsias c’était 50% de mon chiffre d’affaires !
Comme vous connaissez les fuchsias sur le bout des pétales, vous pouvez nous raconter brièvement son histoire ?
Le fuchsia a été découvert par le Père Plumier, sur l’île de Saint-Domingue à la fin du XVIe. Le nom de fuchsia a été choisi pour honorer la mémoire de Leonard von Fuchs. Ce médecin bavarois a été le premier à avoir laissé une trace écrite de la médecine par les plantes. Les premiers fuchsias sont arrivés à Kew Gardens, l’hybridation a démarré bien plus tard en 1850 avec les différentes espèces rapportées par les explorateurs.
Tous les fuchsias sont-ils originaires d’Amérique du Sud ou des Caraïbes ?
Alors, ces espèces viennent de tout le continent sud-américain, des Caraïbes, mais aussi de Nouvelle-Zélande, de Nouvelle-Guinée, c’est-à-dire tous ces « petits bouts de cailloux » qui se sont séparés du continent sud-américain. Les fuchsias ont évolué différemment. Les fuchsias qu’on trouve en Nouvelle-Zélande sont très différents de ceux qui poussent au Mexique. Ils vivent dans des climats très contrastés. Certains poussent à 3000 m dans la cordillère des Andes, d’autres s’épanouissent sur le bord des rivières mexicaines, là où il ne gèle jamais. Résultat : on a affaire à une plante vivace, mais qui n’est pas forcément rustique.
Sait-on combien il existe d’espèces et de variétés de fuchsias ?
On dénombre 106 espèces botaniques, mais les découvertes continuent. Du côté des variétés, c’est de la folie, avec plus de 25000 variétés.
Combien avez-vous de variétés chez vous ?
Environ 500, c’est déjà beaucoup ! Et sur ces 500, une centaine est rustique.
Mais comment les clients peuvent-ils s’y retrouver ?
D’abord, on est là pour les renseigner. Ensuite, sur les fêtes, les foires, les marchés, nous présentons très distinctement nos plantes. D’un côté, ceux qu’il faut cultiver en pot et rentrer dès les premiers froids. De l’autre, ce sont tous les fuchsias de pleine terre. Tous sont plantés dans notre jardin depuis au moins 3 ans. Leur rusticité a été éprouvée dans notre jardin qui a connu du – 18°C six fois en 35 ans. Parfois, certains changent de catégorie après avoir été cultivés. Un fuchsia donné pour rustique peut basculer dans les gélifs s’il ne repart pas chez nous. À l’inverse, certains nous ont surpris et se sont révélés beaucoup plus rustiques qu’annoncé.
De plus, pour la culture en pot, nous indiquons le port que va adopter le fuchsia. Étiquette blanche : port érigé, le pot peut être posé par terre. Barrette rouge : port retombant, le pot doit être placé en hauteur, sur une sellette ou en suspension.