Le Jardin de Luchane, c’est son troisième jardin. Aujourd’hui, installé à Bougarber, non loin de Pau, Jean-Christophe Aumont peut laisser libre cours à ses envies de jardin romantique, champêtre, à l’anglaise… et à tous ses rêves (ou presque !). Interview d’un jardinier autodidacte.
Hortus Focus. Le jardin, virus familial ?
Jean-Christophe Aumont. Absolument pas ! Ma grand-mère jardinait un petit peu, mes parents pas du tout. Il y a 15 ans, je suis parti aux Pays-Bas et j’ai visité Keukenhof, presque par hasard. Le déclic s’est produit à ce moment-là, au milieu des tulipes…
Racontez-nous vos débuts…
Mon tout premier jardin, je le partageais avec les propriétaires d’une exploitation agricole à côté de Villeneuve-sur-Lot, à Penne d’Agenais. Je me suis limité à planter des annuelles, à créer des décors éphémères, il faut un début à tout. Puis, j’ai loué une maison dans le centre de Villeneuve-sur-Lot (47). Le terrain faisait 600 m2. J’ai commencé à m’intéresser aux vivaces, aux arbustes, mais sans penser à imaginer un jardin beau toute l’année, y compris à la mauvaise saison. J’ai découvert les rosiers moschata, les rosiers remontants. Je partais un peu dans tous les sens, mais j’ai poursuivi, là, mon initiation.
Vous êtes installé depuis 2010 à Bougaber. Pourquoi cet endroit ?
Je suis locataire. J’ai choisi la maison en fonction du terrain (1500 m2) et obtenu l’accord du propriétaire pour y aménager un jardin. Quand je suis arrivé, il y avait quelques arbres (un tilleul, deux ou trois grands conifères disparus aujourd’hui, un platane, un érable champêtre, une haie de noisetiers qui bouchait la vue…), mais aucun massif, aucune fleur. J’ai organisé le déménagement d’une partie de mes plantes, il a fallu un camion de 20 m3 pour les rapatrier ! Je me suis installé ici au mois d’août, pas la meilleure période pour transplanter des végétaux, mais la plupart ont tenu, y compris la glycine à laquelle je tiens beaucoup !
Par quoi avez-vous commencé dans ce nouveau jardin ?
Au départ, j’étais un peu coincé par la haie de noisetiers qui coupait la vue du jardin en deux depuis la terrasse. Depuis, je l’ai fait enlever à la mini-pelle pour pouvoir créer deux massifs, de chaque côté de la terrasse. Sur la pergola poussent des grimpantes, dont une clématite d’Armand. J’avais besoin d’aménager un cocon à cet endroit. Actuellement, un tiers du jardin est véritablement aménagé. J’ai encore beaucoup de place, de travail, d’envies…
Vos goûts ont-ils évolué ?
Forcément… Voilà quelques années, j’ai découvert l’intérêt d’avoir des graminées dans un jardin. Elles sont intéressantes dix mois sur douze ! J’ai plusieurs variétés de Miscanthus, des stipes, des carex, des fétuques… J’aime les ports en fontaine, les graminées qui se tiennent bien, ne s’affalent pas. Aujourd’hui, je m’intéresse beaucoup aux feuillages des arbustes et des vivaces. Je suis très sensible par exemple à la beauté du feuillage des fougères, à celui de la persicaire ‘Red Dragon’ ou celui du daphné panaché ‘Rogbret’… Les écorces m’intéressent de plus en plus également, ce doit être l’effet Cédric Pollet (ndlr : photographe qui a consacré plusieurs ouvrages à “la peau des arbres”). J’ai planté un bouleau blanc de l’Himalaya (Betula utilis var. jacquemontii) et je rêve d’un cerisier du Tibet (Prunus serrula) mais mes envies sont, malheureusement, limitées par mon compte en banque !
Vous cultivez de nombreuses plantes en pot. Pourquoi ?
Ma terre est assez lourde, elle ne convient pas aux érables, par exemple. La seule solution : les planter en pot, car j’en ai perdu deux en pleine terre. Les pots me permettent aussi de “meubler” ma terrasse. J’ai installé un bambou dans un gros tonneau et un olivier pour bien en profiter.
Au quotidien, comment entretenez-vous votre jardin ?
Je désherbe à la main, à genoux dans les massifs ! Je composte, je passe les déchets de taille au broyeur et tout ou presque finit en paillis. Un voisin qui coupe ses arbres ? J’en fais du BRF et zou, je paille les massifs. Comme j’aime les fleurs annuelles, je laisse se ressemer les nigelles de Damas, les verveines de Buenos Aires. De temps en temps, je sème à la volée, des cosmos, des coquelicots…
Quelles sont vos envies pour les prochaines années ?
J’aimerais un bassin plus grand, un coin à l’italienne, une scène plus exotique avec un gunnera, des palmiers, des bambous…
Pourquoi ce nom Jardin de Luchane et pourra-t-on visiter votre jardin un jour ?
Luchane, c’est tout simplement le nom du chemin qui borde le jardin. Pour l’instant, je réfléchis à son ouverture. Mon jardin est-il assez intéressant ? Est-il assez varié ? Est-il assez beau ?… Mais j’aimerais bien, c’est vrai, l’ouvrir à la visite…
Vous pouvez suivre Jean-Christophe sur sa page Facebook, et sur son blog.
Il a également réalisé une vidéo de son jardin, visible ICI !