Ile Maurice, Océan indien… Il y a cette colline, La Tourelle, qui est pile de l’autre côté, il suffit de se retourner. Devant vous, des cœurs de palmier frais et du marlin fumé. Il faut chaud, mais pas trop. L’averse est déjà passée, le ciel a cessé de se laver.
Vous savez qu’après il y aura la toute petite poste engluée dans ses banians, la route le long du cimetière, la tour Martello et cette plage défoncée mais paradisiaque. Mais là, pour le moment, je préfère te regarder et te montrer, toi l’arbre de Black River…
Les arbres
Ô vous qui, dans la paix et la grâce fleuris,
Animez et les champs et vos forêts natales,
Enfants silencieux des races végétales,
Beaux arbres, de rosée et de soleil nourris,
La Volupté par qui toute race animée
Est conçue et se dresse à la clarté du jour,
La mère aux flancs divins de qui sortit l’Amour,
Exhale aussi sur vous son haleine embaumée.
Fils des fleurs, vous naissez comme nous du Désir,
Et le Désir, aux jours sacrés des fleurs écloses,
Sait rassembler votre âme éparse dans les choses,
Votre âme qui se cherche et ne se peut saisir.
Et, tout enveloppés dans la sourde matière
Au limon paternel retenus par les pieds,
Vers la vie aspirant, vous la multipliez,
Sans achever de naître en votre vie entière.
Anatole France
Vous avez écouté “Les arbres”, un poème d’Anatole France lu par Yvon Jean (lien youtube)