À l’occasion du nouveau festival international « Annecy paysages », une trentaine d’œuvres paysagères ont été installées dans les rues et espaces naturels de la ville et ses environs, offrant une jolie balade à faire à pied ou à vélo. Au charme du vieil Annecy et de son magnifique lac, se mêle une réflexion sur l’environnement et la place de l’art et de la nature dans la cité. À découvrir jusqu’au 2 septembre.
Ci-dessous, notre sélection d’œuvres expliquées par les artistes (ou paysagiste) eux-mêmes!
Origamis
par Antoine Milian
« Dans cette installation qui se trouve dans le canal et dans un lieu très touristique, je voulais introduire des créatures stylisées et synthétiques. Ce sont des origamis (pliages japonais), des feuilles de plastique thermopliées par mes soins et qui représentent des poissons. Ce banc est en suspension, en lévitation ; il s’agite toute la journée, toute la nuit et a une autonomie comportementale par rapport au vent et au courant. »
Le Mont des possibles
par Christophe Marchalot, José Piquer et Super sans plomb.
« Cette œuvre en forme de pyramide est une ode à la végétalisation en milieu urbain. On a fait un jardin suspendu que l’on peut visiter. Sur une trame en bois, des portoirs de vendanges ont été installés, utilisés comme jardinières. Nous les avons remplis avec du terreau et de la fibre végétale. L’irrigation se fait avec les systèmes utilisés pour les serres (goutte à goutte et brumisation). Les plantes ont été choisies toniques et puissantes (cucurbitacées, ipomées, haricots…) ; elles vont recouvrir et envahir complètement cette structure. L’idée est de réintroduire de la biodiversité dans la ville, de la fraîcheur, et une certaine qualité de l’air. C’est une œuvre optimiste qui retravaille sur les grands principes du jardin (l’eau, le végétal…) tout en offrant une promenade lyrique, pédagogique et poétique où l’on peut élever son regard et se rafraîchir avec une petite brume toutes les heures. »
Un potager dans la ville
par Guillaume Popineau et David Trigolet.
« L’idée était de créer un lieu de plaisir et d’abondance au cœur de la ville, pour le plaisir des yeux, mais aussi des papilles. Ce jardin nourricier a une forme circulaire qui rappelle le jardin mandala en s’inspirant de la culture indo-tibétaine, une forme pure qui permet aussi de se recentrer sur soi. Au milieu se trouve un arbre et tout autour des espaces plantés, environ 500 m2 qui colonisent l’espace urbain et dont nous souhaitons qu’ils attirent les gens. Ceux-ci peuvent venir librement faire leur cueillette, la partager et retrouver un lien à la terre. En tout, il y a 200 variétés différentes de plantes : fruits, fleurs, plantes comestibles… »
Échappée
par Sylvie de Meurville
« Je travaille sur les relations entre le corps humain et le paysage. En ce moment, sur les similitudes entre les réseaux d’eau (les veines d’eau) et le corps. Des similitudes de forme comme de fond puisque l’eau est un des éléments vitaux de la planète entière. Ce n’est pas de l’art écologique, c’est juste un regard sur le monde qui me paraît être une bonne base pour être un peu plus respectueux de tout. Léonard de Vinci parlait déjà de ces grands poumons que formaient les étendues d’eau. Quand on est à Annecy, ce qui s’impose, c’est le lac. Donc je suis partie de sa forme. À l’endroit où elle se trouve, ma sculpture marque le passage entre l’humain, l’urbain et le naturel. Mais l’idée est aussi qu’on prenne un peu de liberté par rapport à tout ça. En fait la forme, la nature, la pensée, nous échappent d’où le titre de l’œuvre! »
Breathing Lotus flower
par Choi Jeong Hwa, le roi du Pop art en Corée.
« Il fait beau temps, alors c’est une belle fleur, je suis heureux ! J’ai déjà réalisé plusieurs fleurs de lotus gonflables et qui bougent au rythme de la respiration, comme celle-ci : une rouge, une noire, une rose… Mais à Annecy, elle est plus lumineuse, comme le lac ! Je n’ai pas beaucoup d’explication. Je dis toujours, si vous êtes heureux, alors je suis heureux ! Vous êtes fleurs, je suis fleur, nous sommes fleurs… »
Implantations et Question de sommets
par Bob Verschueren (Belgique)
« Implantations est une sorte de tour de Babel, une cité utopique constituée d’une multitude de nichoirs faisant référence aux migrations qui ne cessent de se faire. Je l’ai réalisée en 2017, elle est devenue pérenne. Dans Question de sommets (en photo dans le diaporama) j’ai voulu montrer la relation entre le paysage et l’homme. Les homme, avides de performance (les sportifs) veulent toujours aller plus loin, se déplacer ; aller à la montagne, vers les sommets, quand ils sont au bord du lac par exemple. J’ai donc choisi trois hêtres qui sont courbes (ça arrive assez fréquemment dans les forêts) et j’en ai fait des arcs. Pour les flèches, j’ai utilisé des épicéas qui, eux, poussent toujours très droit. »
Le rideau de la Méduse
par Jean-Philippe Poirée-Ville
« Cette œuvre parle d’un monde à la dérive avec comme bouée de sauvetage le langage, ce que j’appelle « l’écriture en nuages ». C’est une grande végétation suspendue au-dessus du bassin qui fonctionne comme un écosystème en circuit fermé et va se développer puisqu’une partie des plantes est semée. Les oiseaux vont venir prendre les feutres pour faire leur nid, les graines pour manger… J’essaie que ce soit un univers vivant à part entière. »
« Annecy paysages » à Annecy et ses environs, jusqu’au 2 septembre (certaines manifestations durent plus longtemps). Pour les renseignements pratiques, cliquez ICI