Lové au pied du village de Lasseube-Propre, dans le Gers, le Jardin d’Entêoulet est l’œuvre d’une femme, Renée Boy-Faget. Les terres agricoles d’hier se sont transformées en un magnifique jardin (regardez notre vidéo !) élu Jardin préféré des Français en 2014.
Hortus Focus. Allez, Renée, un petit bond en arrière dans le temps ! En septembre 2014, tu as la surprise en rentrant un samedi chez toi d’être accueillie par Stéphane Bern…
Renée Boy-Faget. Jamais je n’ai imaginé pouvoir gagner ! J’espérais arriver cinquième ou sixième dans le classement et j’en aurais été très heureuse. Alors, quand j’ai appris que le jardin était premier, j’ai eu presque du mal à y croire. Cette journée fut magique. Un immense bonheur. Jean-Marie, mon conjoint, mes filles, mes gendres étaient dans la confidence, ils ont aidé à organiser ces instants fabuleux, ces moments inoubliables. J’ai vécu un tourbillon d’émotions incroyables.
Quand et comment est né ton jardin ?
C’est mon cinquième jardin en fait. Entêoulet, je l’ai créé en arrivant ici en 2002. Je suis partie d’un terrain vierge, d’un sol agricole. Il existait juste un grand verger non exploité et une cabane qui m’a donné envie de faire naître un jardin autour. J’ai décidé aussi dès le départ de préserver les vues extraordinaires sur le village, le château, la campagne et les champs alentour. J’ai commencé par planter un rosier pour cacher une façade toute moche. Aujourd’hui, le jardin comporte 300 rosiers répartis à tous les endroits du jardin, sur la grande pergola, mélangés à des graminées. Ils recouvrent la fameuse cabane, escaladent les arbres…
Jardiner sur d’anciennes terres agricoles, c’est facile ?
Oh non ! Les agriculteurs n’amendent pas la terre et j’ai trouvé des sols “morts”. Tu ajoutes à cela la difficulté de planter dans un sol argilocalcaire… Donc, dès le départ, j’ai amendé en apportant beaucoup de compost à la plantation et je paille, je paille… Je vois bien la différence entre les massifs créés voilà 10 ou 15 ans et ceux que je continue de créer sur des parcelles rachetées en 2008. Je fais le jardin petit à petit. Un massif en appelle un autre. Je refais aussi les plus anciens. J’ai encore beaucoup à planter, mais je prends aussi mon temps. Les idées, je les laisse venir à moi…
Tu jardines seule ?
Oui même si j’ai l’habitude de dire que j’ai la chance d’avoir dix jardiniers, mes dix doigts ! Jean-Marie n’intervient que si j’ai un projet. Et là, il me dit souvent “Je me méfie de tes idées…” car il sait très bien que je vais le mettre à contribution ! C’est lui qui a construit la pergola, creusé la mare en 2008 et déniché la balustrade merveilleuse qui m’a donné l’idée de créer la terrasse au bord de l’eau, d’y installer un salon de jardin.
Il fait très chaud l’été dans le Gers ! Comment aides-tu le jardin d’Entêoulet à supporter chaleur et sécheresse ?
Il ne faut pas se leurrer. Même les plantes méditerranéennes ont besoin d’eau. Une plante non arrosée est souvent rabougrie et moche. Je paille pour maintenir une certaine fraîcheur. Mais, fatalement, à partir de mi-juillet, je suis obligée d’arroser. J’ai la chance d’avoir un lac, mais j’utilise cette eau pour faire des arrosages très ciblés. J’arrose un coin du jardin toute une nuit ou toute une journée, comme si le jardin avait reçu l’eau d’un gros orage. Après je n’arrose plus cet endroit pendant un mois ou un mois et demi.
Dans ton jardin, tu as disséminé des bancs, des chaises… Pourquoi ?
Un jardin sans lieu pour se poser, c’est inconcevable pour moi ! Il faut pouvoir s’asseoir dans un jardin, prendre le temps de savourer l’endroit, d’en profiter pleinement. Je suis comme mes visiteurs. J’aime être assise au bord de la mare, au fond du verger, sous un arbre… Évidemment, quand je me pose, je ne vois que les détails négatifs comme tous les jardiniers ! Mais, comme je fais beaucoup de photos, je sais aussi voir ce qui est réussi !
Si tu devais résumer l’esprit de ton jardin, que dirais-tu ?
Je le trouve très naturel, en harmonie avec son environnement, pas sophistiqué parce que je n’aime pas ça. Je le trouve léger, agréable à l’œil quand on le visite. Et j’aime qu’il incite à la promenade et à la rêverie aussi.
Vous pouvez suivre Renée Boy-Faget et l’actualité de son jardin sur sa page Facebook. Pour les visites du jardin d’Entêoulet, contactez Renée au 06 07 26 94 65