Voici un livre à offrir à tous les jardiniers, les débutants comme les plus aguerris. Dans “Pelouse interdite” (éd. Ulmer), Elie Semoun ouvre les portes de son jardin privé, effeuille sa passion, narre ses erreurs et ses réussites, ses dialogues verts avec d’autres fous de jardins comme Catherine Deneuve. Je l’ai rencontré à Chantilly, je vous propose de l’écouter et de lire une autre interview, celle de Didier Willery surnommé par Elie sa “caution végétale”.
Hortus Focus. Comment as-tu été amené à travailler sur ce livre avec Elie Semoun ?
Didier Willery : Je connais Elie depuis plusieurs années, je l’ai conseillé un petit peu pour son jardin. Il n’a jamais beaucoup suivi les conseils (rires !). Ça rend humble ! C’est quelqu’un qui est passionné par les plantes, plus que par le jardin lui-même. Quand il part en tournée, il passe son après-midi avant le spectacle dans une pépinière ou une jardinerie, c’est aussi une façon pour lui de se déstresser. Comme beaucoup d’entre nous, chaque plante lui rappelle un souvenir, une bouture venue du jardin de Dany Boon à Los Angeles, une bouture de sédum prélevée du côté de Cassis quand il a tourné “L’élève Ducobu”…
Comment qualifierais-tu son jardin ?
C’est un jardin touchant, pas un jardin de parade ou modèle comme on peut en voir dans les magazines. Elie est très discret sur sa vie et il s’est beaucoup dévoilé dans ce livre, écrit avec une grande sincérité. J’ai aimé commencer mes journées de travail avec lui. Pendant des semaines, quand je mettais en route l’ordinateur, j’ai découvert un nouveau paragraphe, écrit de bonne heure, car Elie ne dort pas beaucoup. J’ai très peu modifié ses textes, car ils étaient sincères, intègres, complets. J’ai juste apporté quelques compléments très pratiques pour que tout le monde puisse cultiver les plantes qu’il aime.
C’est un livre décomplexant pour tous les amateurs…
Eh oui, les erreurs au jardin, on en fait tous ! On rate une plante, on la change, on apprend. Tu peux aussi être fou d’une plante pendant quelques années et, d’un seul coup, en avoir marre, la balancer ou l’offrir (c’est mieux, d’ailleurs !) pour installer un nouveau coup de cœur à la place. On peut aussi céder à des coups de foudre comme celui qu’a eu Elie, de passage à Valence, pour un olivier. Ça ne l’a pas complexé d’acheter un olivier de 400 ans et de le faire monter jusqu’à la région parisienne, de barrer la route pour faire passer l’arbre par-dessus la clôture. Depuis, l’olivier prospère dans son jardin et l’a amené à créer un jardin sec à ses pieds.
Je trouve que beaucoup de jardiniers s’interdisent des choses, c’est dommage. Évidemment, tout le monde ne peut pas s’offrir un olivier de 400 ans, mais il ne faut jamais oublier que si chaque plante est précieuse, c’est quand même le jardinier qui commande et décide…
Et si on nommait Elie “Ambassadeur du Jardin et du Jardinage” ?
Pourquoi pas ! C’est peut-être le nouveau Saint-Fiacre, va savoir ! Je l’admire quand il passe aux “Grosses Têtes” et parle de son jardin, de sa passion pour les abeilles et que les autres humoristes se fichent de sa poire. Élie Semoun tient bon, ne lâche rien qu’il soit là ou chez Ardisson. Je l’ai vu dans un reportage où il clamait que le jardinage “ce n’est pas que pour les vieux cons !” et il a tellement raison !
“Pelouse interdite”, Élie Semoun, éd. Ulmer, 192 p., 19,90 €.