Sauver les espèces en voie de disparition, en Alsace et dans le Monde

©Herbier de l'Université de Strasbourg

Véronique Scius-Turlot est ingénieur aux Espaces verts de la ville de Mulhouse. Parmi ses nombreuses missions, le Conservatoire botanique de Mulhouse a pour rôle de sauver des espèces en voie de disparition.

Hortus Focus : Quel est le rôle du Conservatoire botanique de Mulhouse ?

Véronique Scius-Turlot : Ce conservatoire a une double mission : cultiver des espèces alsaciennes en danger ou en voie de disparition pour les réintroduire dans leur milieu naturel ; sauver des espèces qui risquent de disparaître dans le monde.

HF : Comment avez-vous démarré ?

VST : Nous avons contacté des naturalistes, des botanistes, mais aussi et surtout des associations de protection de la nature sur le territoire. C’était indispensable pour identifier les plantes véritablement en danger. Nous avons alors obtenu l’autorisation de prélever des graines des espèces listées.

Depuis, le processus s’est un peu sophistiqué. Nous avons désormais un conservatoire botanique pour lequel des phytosociologues parcourent la région à la recherche des espaces défavorisés comme les zones humides ou très agricoles. Ils recherchent les plantes dont nous avons des images ou des descriptions anciennes dans les herbiers à Strasbourg. Une liste des espèces en voie de disparition sur les critères UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) existe. Nous travaillons à leur reproduction puis à leur réintroduction et leur surveillance pendant des années.

Conservatoire Botanique d'Alsace : Véronique Scius-Turlot
Véronique SCIUS-TURLOT Conservation et valorisation du patrimoine végétal Service Nature et Espaces verts @Isabelle Vauconsant

HF : Comment s’est créé le Conservatoire botanique de Mulhouse ?

VST : Un ancien directeur des Espaces verts de la ville a prêté attention à la disparition d’espèces autour de nous. Constatant que des conservatoires nationaux avaient été installés à Brest ou ailleurs, il s’est dit simplement, pourquoi pas nous ? La technique de production était disponible puisque la pépinière de la ville produit la totalité des plantes nécessaires à la végétalisation des espaces publics. Les compétences étaient rassemblées et l’espace suffisant. C’était il y a plusieurs décennies.

Un travail sur le long terme

VST : La protection des espèces se fait soit in situ c’est-à-dire sur le terrain. C’est le travail d’associations comme le Conservatoire des sites alsaciens, l’ONF ou d’autres parcs. Quand l’espèce, malgré tout, disparaît, on travaille ex-situ. C’est alors que nous entrons en piste et que le Conservatoire botanique de Mulhouse prend le relai à la pépinière municipale. Pour l’Alsace, nous nous occupons actuellement d’environ 180 espèces différentes que nous suivons des années durant.

HF : Vous ne faites pas que multiplier ?

VST : Non, nous conservons également les semences. Nous avons de grands réfrigérateurs dans lesquels nous constituons une grainothèque que nous partageons.

HF : Vous avez aussi une mission internationale ?

VST : oui. On nous a demandé de travailler sur des plantes venues pour beaucoup des îles.

Les critères UICN

Avec le système de la Liste rouge de l’UICN, chaque espèce ou sous-espèce peut être classée dans l’une des neuf catégories suivantes : Eteinte (EX), Eteinte à l’état sauvage (EW), En danger critique (CR), En danger (EN), Vulnérable (VU), Quasi menacée (NT), Préoccupation mineure (LC), Données insuffisantes (DD), Non évaluée (NE). La classification d’une espèce ou d’une sous-espèce dans l’une des trois catégories d’espèces menacées d’extinction (CR, EN ou VU) s’effectue par le biais d’une série de cinq critères quantitatifs qui forment le coeur du système.

Ces critères sont basés sur différents facteurs biologiques associés au risque d’extinction : taille de population, taux de déclin, aire de répartition géographique, degré de peuplement et de fragmentation de la répartition.”

Le site de l’UICN

HF : Présentez-nous deux plantes alsaciennes sur lesquelles vous avez travaillé

VST : Voici deux plantes que nous espérons vraiment avoir sauvées, mais rien n’est jamais gagné… Un milieu peut s’ouvrir, puis se refermer.

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