Obama nungara
Pierre Gros

Obamas : l’invasion est en cours

Voilà deux ans déjà, nous avions relayé les inquiétudes et les mises en garde de Jean-Lou Justine, professeur au Muséum National d’Histoire naturelle de Paris, sur le danger des Obama, Platydemus et autres vers plats. Aujourd’hui paraît la première étude sur Obama nungara. Venu d’Argentine (et non du Brésil comme vous avez peut-être pu le lire), il représente une réelle menace pour la biodiversité.  Cette étude conduite par M. Justine est le fruit d’une coopération internationale (science participative). 

Vive les échanges internationaux ! Après le frelon asiatique, l’écureuil de Corée, la mangouste de Java et autres espèces invasives, voilà les plathelminthes, des vers plats friands de “nos” vers de terre et escargots. À surveiller de très, très près… Obama nungara, le plus dangereux, aurait franchi l’Atlantique à bord d’un pot de fleurs. Son nom est composé de deux mots Tupi (langue indigène brésilienne). “Oba” signifie feuille et “ma” animal, ce qui caractérise bien ce ver aplati.  

carte de répartition
©Jessica Thevenot

Obama nungara, une menace pour la biodiversité

L’étude confirme le caractère invasif de Obama nungara : il  “a été enregistré dans 72 des 96 départements de France métropolitaine. L’espèce est particulièrement abondante le long de la côte atlantique, de la frontière espagnole à la Bretagne, et le long de la côte méditerranéenne, de l’Espagne à l’Italie. Plus de la moitié des enregistrements provenaient d’une altitude inférieure à 50 m et aucun enregistrement ne dépassait 500 m ; les régions montagneuses telles que les Alpes, les Pyrénées et le Massif Central ne sont pas envahies. L’abondance locale peut être impressionnante, avec 100 spécimens trouvés dans un petit jardin.” L’espèce est également présente en Espagne, au Portugal, à Guernesey, à Madère, dans le nord de la Corse. 

Obama nungara et ver de terre
©Pierre Gros / Peerj

Pourquoi cet Obama est-il dangereux ?

Ce ver dévore les escargots, les limaces, et surtout les vers de terre (la preuve ? photo ci-contre). Or, les vers de terre sont les garants de l’aération et de la fertilisation de nos sols. Obama nungara est une menace pour l’écologie des sols en Europe. Devant ce plathelminthe, nos vers de terre sont absolument sans défense.

Sa progression est fulgurante et très préoccupante, car rien ne semble pouvoir l’arrêter sauf le froid et encore ! Il s’agit d’une espèce frileuse, mais il faudrait plusieurs jours à – 10 / – 15°C pour lui faire la peau. 

 

 

Des photos pour le reconnaître

Obama nungara et escargot
©Pierre Gros / PeerJ
vert plat sur mousse
Spécimen de ver plat trouvé dans le bois de Vincennes ©Xavier Japiot / PeerJ
Obama nungara et un cocon
Obama et son cocon ©Pierre Gros / PeerJ
Obama nungara au repos
©Pierre Gros / PeerJ

Les autres vers plats

bipalium ©Vengolis/WikimediaCommons

Le Caenoplana coerulea présente un ventre bleu. Les Bipalium ont une tête en forme de marteau… Le Platydemus manokwari ou plathelminthe de Nouvelle-Guinée n’est pas plus épais qu’une crêpe, on le reconnait à une fine ligne médiane plus claire et il a été observé dans une serre du Jardin des plantes de Caen… Dans tous les cas, on ne peut pas les confondre avec nos lombrics ronds ! Ces vers tout terrain peuvent aussi bien prospérer dans des zones tempérées fraiches que sous des climats tropicaux. Le Platydemus manokwari, par exemple, vu dans les régions montagneuses de la Nouvelle-Guinée à une altitude de 3 000 m. Autant dire que le froid ne lui fait pas peur… À leur menu figurent vers de terre et escargots. 

Le plathelminthe, toutes espèces confondues, figure au palmarès des 100 espèces exotiques les plus invasives au monde d’après le CNRS. Pour dévorer tout cru les escargots, le plathelminthe se transforme en agent secret. Il est capable de les pister, de “grimper” aux arbres pour n’en faire qu’une bouchée. Il serait même capable de les attaquer en “bande organisée” !

Signalez la présence de ces vers plats

La situation est donc à prendre au sérieux. Si vous repérez un ou plusieurs plathelminthes dans votre jardin, il faut le signaler auprès du spécialiste français des plathelminthes, le professeur Jean-Lou Justine, chercheur au Muséum National d’Histoire Naturelle, auteur d’un blog hyper documenté (QUE FAIRE SI JE TROUVE UN PLATHELMINTHE)

Même les poules n’en veulent pas !

Les poules, bien connues pour ne pas être fines gueules, dédaignent le plathelminthe. À raison puisque selon le professeur Justine, au moins une des espèces observées en France contient une neurotoxine très puissante (la tétrodotoxine connue pour être présente dans le foie, les ovaires, les intestins et la peau du fameux fugu, le poisson-globe dont raffolent les Japonais). Par conséquent, si vous trouvez un plathelminthe, ne le touchez pas à main nue, on ne sait jamais. 

L’intégralité de l’étude est consultable ICI ! 

 

"Lien

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