Bienvenue à la nature urbaine

NATURE URBAINE
©reportage - Isabelle Vauconsant

Faut-il faire entrer la nature en ville et, cultiver des fruits et légumes au milieu du béton ? Les citadins sont-ils des jardiniers qui s’ignorent et ne demandent qu’à se découvrir ? Nature urbaine propose une réponse à Paris.

QUELQUES TENTES ET UN RÊVE
Dans le désert à trente kilomètres de Lima au Pérou, Villa El Salvador, dans les années 70 , s’est construite sur une utopie. Cent mille déshérités, des Andins venus à Lima, se voient offrir une terre aride en guise d’avenir parce qu’alors, il faut nettoyer la capitale de leur présence. Une conférence internationale doit se tenir ; ils doivent impérativement quitter la ville. On les conduit là en car. Ils ont quelques tentes et un rêve : construire une ville où le collectif l’emporte et capable de s’auto-suffire sur le plan alimentaire. Ils l’ont fait et ont réservé des zones agricoles dans la ville. Ils pensaient indispensable que les îlots de production maraîchère soit au cœur de la structure urbaine.
Personne n’y croyait alors, ni au Pérou, ni ailleurs. On construisait des villes minérales, denses et organisée pour le développement de l’automobile. On tenait le progrès technique pour l’unique ligne d’horizon.

 

Le retour de la nature en ville

Le dérèglement climatique rebat les cartes si l’on veut prendre en considération la nécessaire captation de CO2 et l’importance des îlots de fraîcheur pour abaisser les températures en période caniculaire. Le confinement lié à la récente pandémie a rendu criant le besoin de nature chez les urbains. On a redécouvert la biophilie et en même temps, la prise de conscience de la déconnexion des citadins d’avec le vivant s’est imposée comme une évidence.

Et, l’humain n’étant jamais à court de ressources ni d’imagination, se sont développées des initiatives, nombreuses, des réflexions, diverses sur le retour de la nature en ville.

Une expression de ce retour : Nature urbaine

Nature Urbaine, NU,  est la plus grande ferme urbaine en toiture d’Europe. Elle accueille des familles, groupes et entreprises, et produit des aliments alliant qualités gustatives et respect de la nature.

Rencontre avec Sophie Hardy, directrice du site et Pascal Hardy, fondateur

Au cœur de l’activité : le maraîchage et la vente de produits transformés ou non.

Et nous avons étendu nos activités.

NATURE URBAINE SOPHIE HARDYUne partie de la serre accueille des événements d’entreprise. Nous avons également un espace extérieur qui s’appelle La Pergola pour une trentaine de personnes.

Des carrés potagers sont à disposition des Parisiens du quartier afin de leur permettre de venir mettre les mains dans la terre en famille. Nous n’avons pas eu à attendre les candidats tant ça a été vite. On sent un besoin fort de retrouver un lien terre-fruits-et-légumes-cuisine.

Les enfants adorent découvrir les plantes et on voit bien que le simple fait de d’avoir cultivé leur donne envie de goûter. Bien sûr, les fraises remportent 100 % d’adhésion mais ils sont prêts à s’essayer aux blettes aussi !

Nos Nuculteurs ont à leur disposition un point d’eau, des arrosoirs, des sécateurs, des bambous pour tuteurer les plantes, des bacs pour le compost et les déchets verts. Des systèmes d’arrosage automatique facilitent le jardinage pour les familles. Les carrés potagers sont accessibles aux personnes handicapées. Ils peuvent y planter ce qu’ils souhaitent, à quelques conditions : des plants bio, autorisés par la loi, sans aucun traitement. Si cela s’avère nécessaire, nous nous en occupons car nous n’utilisons que des produits homologués « agriculture biologique ».

Un mode de culture urbain hors sol pour le maraîchage

PH : Chez Nature urbaine, avec nos systèmes de culture (aquaponie et hydroponie), nous utilisons 10 % des ressources, de l’eau et des nutriments que vous utiliseriez en culture traditionnelle pour produire la même chose. Ce sont des systèmes très économes. Nous travaillons sans pesticides. Avec quasiment 0 km alimentaire.

Nous luttons aussi contre les îlots de chaleur en apportant du vivant. Sur le plan économique, ça n’a pas trop de sens d’aller acheter des haricots au Kenya ou des tomates au sud de l’Espagne, alors qu’on sait produire ça ici en France et même en ville.

On embauche des salariés et on crée des boucles économiques locales. Ici sur le site, nous avons ouvert 7 emplois, à terme ce sont 20 personnes qui seront nécessaires pour faire tourner la ferme lorsque nous serons installés sur toute la surface.

NATURE URBAINE PASCAL HARDY

Pour en savoir plus

Villa El Salvador, les bâtisseurs du Désert – un film documentaire signé Jean-Michel Rodrigo

La biophilie, mais encore…

Ce mot apparaît en 1964, dans l’ouvrage The Heart of Man, écrit par le sociologue et psychanalyste, Erich Fromm.  C’est le biologiste et entomologiste américain Edward Wilson qui le vulgarisera dans son ouvrage “Biophilia” paru en 1984. La biophilie désigne une affinité innée, génétique et issue de l’histoire de l’être humain avec le monde naturel.

Aquaponie : L’aquaponie est la symbiose des cultures de poissons et de plantes dans un écosystème construit en circuit fermé. Cette technique s’appuie sur des cycles bactériens naturels qui transforment les déchets piscicoles en nutriments pour les plantes.

Hydroponie : L’hydroponie consiste à remplacer la terre par un substrat neutre pour la culture de plantes, généralement des légumes, des fruits, des herbes aromatiques ou des fleurs destinées au commerce. Dans la plupart des cas, la terre est remplacée par un bassin d’eau additionnée d’engrais, dans lequel trempent les racines des plantes.

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