Elles sont familières de nos jardins, on adore les observer, les nourrir en hiver. En France vivent 6 espèces de mésanges parmi lesquelles la mésange bleue et la mésange charbonnière. Comment les reconnaître ? Et comment vivent-elles ?
Mésange bleue, un poids plume
Elle est plus petite que la charbonnière, pèse environ 10 à 12 gr. Sa tête est… bleue, la face largement blanche et on dirait qu’elle a maquillé ses yeux d’un trait de khôl ! Son ventre est jaune, presque vif chez certains oiseaux. Comme c’est un petit modèle, Cyanistes caeruleus doit se défendre de la charbonnière qui pourrait squatter son nid. Son nichoir est petit et le trou d’envol ne doit pas excéder 28 mm.
La mésange charbonnière au casque noir
On la distingue facilement de la bleue grâce au casque noir qu’elle arbore sur la tête et qui lui descend jusqu’aux yeux. Seules les joues de Parus major sont blanches. C’est un oiseau plus gros aussi qui peut peser jusqu’à 17 ou 18 grammes.
Une même obsession : se reproduire
Comme le rappelle Bruno Dulong, qui fabrique nichoirs et mangeoires dans son entreprise angevine La cabane au piaf, “les mésanges bleues et charbonnières ont la même obsession : faire des petits. Elles peuvent faire un, deux voire nichées dans l’année.” À partir du mois de mars, peu importe les conditions climatiques, les couples mettent en route une première couvée. Les petits éclosent, les parents s’en occupent, les nourrissent, les guident dans leur vie extérieure pendant environ une semaine… avant de s’en désintéresser pour refaire une nouvelle nichée.
Si la nature est généreuse, si les insectes sont nombreux, si les pontes de papillons sont suffisantes, ils peuvent mettre en route une troisième nichée. Au contraire, s’il fait chaud, si les larves de papillons sont peu nombreuses, si la nourriture vivante vient à manquer, les mésanges arrêtent de se reproduire. Elles n’ont en effet pas assez de ressources pour pouvoir nourrir les becs affamés.
Une sélection impitoyable…
Les mésanges bleues et charbonnières se différencient aussi par le nombre d’œufs pondus. Un nid de mésange bleue peut compter entre 8 et 14 œufs. La charbonnière se limite à une dizaine, et encore “dix, c’est un grand maximum”, constate Bruno Dulong.
Chez les deux espèces, la mortalité à la naissance existe. Par la suite, la femelle repère les plus faibles et les plus costauds, et elle nourrit uniquement les oisillons les plus forts. À la sortie du nid, nouvelle sélection : ceux qui peuvent suivre la femelle d’arbre en arbre sont nourris. Ceux qui ont du mal à suivre le rythme sont abandonnés. Ils meurent alors de faim, car les parents ne les nourrissent plus. Au final, quelques oiseaux s’en sortent, mais leur force et leur bonne santé sont la garantie de la perpétuation de l’espèce.
Aidez les mésanges à se nourrir
Pour Bruno Dulong, il ne faut pas arrêter de nourrir les oiseaux dès le printemps. “Les mésanges bleues ou charbonnières font entre 100 et 150 allers-retours par jour pour aller chercher la nourriture vivante nécessaire à leurs petits. Donnez-leur du tournesol, des produits bien gras pour les aider à nourrir les oisillons.” Les petits mangent la nourriture mâchée et régurgitée par les parents. Il s’agit de chrysalides de papillons par exemple, de nourriture trouvée dans les arbres. Les vers de terre sont épargnés, trop gros !
Des Roméo et Juliette à plumes
Chez les mésanges, bleues ou charbonnières, on est du genre fidèle. Les oiseaux vivent entre quatre et six ans maximum. Ils peuvent se reproduire pendant trois ans ; après, ils “prennent leur retraite”, ils sont épuisés. “Ces vieux oiseaux”, raconte Bruno Dulong, “restent à demeure dans nos jardins. Ils ne migrent plus. D’ailleurs, les mésanges migrent moins qu’avant. Avec le réchauffement climatique, les hivers sont plus doux et elles trouvent de quoi manger. Ce n’est pas pour se faire plaisir que les oiseaux parcourent des milliers de kilomètres ! C’est pour trouver de la nourriture. Alors, l’hiver, il faut leur donner à manger de la nourriture bien grasse. C’est important, surtout pour les couples les plus âgés.”
Où vivent les vieilles mésanges ?
Elles vivent dans la nature, dans les arbres. Elles n’ont plus de nid évidemment, puisqu’il ne sert qu’à leur reproduction.
À la cantine, c’est chacun son tour !
Si vous observez, en hiver, les oiseaux autour de vos mangeoires, vous allez sans doute remarquer que les espèces d’oiseaux se mélangent rarement. Certaines espèces fondent sur les mangeoires, d’autres mangent par terre. Certaines mangent vers 10 h, d’autres plus tard. “Les oiseaux ont des horaires plutôt précis. On croit que c’est complètement désordonné, mais non ! Les oiseaux commencent à manger vers 9 h. Puis il y a un creux vers midi. En revanche, entre 14 h et 15 h, c’est l’affluence. Les mésanges bleues sont assez turbulentes dans les mangeoires et les charbonnières n’aiment pas bien ce bazar… Elles attendent le départ des bleues pour venir se nourrir.”
Quand les mésanges sont rassasiées, les verdiers entre autres prennent le relais. Quand ils débarquent en groupe de 15, ils font le ménage. Tout le monde s’envole. Comme les verdiers et les mésanges fichent le bazar dans les graines, les merles eux restent par terre et récupèrent ce qui tombe !
Les sachets de graines, un peu d’arnaques dans l’air !
Quand vous achetez un sachet de graines mélangées pour nourrir vos oiseaux, sachez qu’il y a souvent 30% voire 40% de blé. Pourquoi ? Ça ne coûte pas cher le blé… Or, le blé, il faut le savoir, les oiseaux ne le digèrent pas, à l’exception des pigeons et des tourterelles. Donc, quand les mésanges en trouvent dans les mangeoires, elles font le tri et virent le blé. On a l’habitude de dire qu’elles mangent comme des cochonnes, mais il y a donc une bonne raison à cela !
Les autres espèces de mésanges présentes en France
Poecile montanus. La mésange boréale présente une calotte noire (du bec jusqu’à la nuque), l’arrière des joues blanc. Elle habite des forêts et les marais boisés de l’Europe de l’Ouest jusqu’à la Sibérie. Poids : 9-12 g.
Poecile palustris. La mésange nonnette ressemble beaucoup à la boréale. Elle est un peu plus grosse (jusqu’à 15 gr) et sa tête est plus fine. Mais il faut vraiment avoir l’œil exercé pour les différencier. Contrairement à la boréale qui construit son nid, la nonnette s’approprie et réaménage le nid d’un autre oiseau.
Periparus ater. Mésange noire. C’est une charbonnière… en moins colorée. Tête et bavettes noires, nuque et joues blanches, dos et ailes grises. C’est la plus petite des mésanges (8 à 10 g).
Lophophanes cristatus. La mésange huppée. Impossible de la confondre grâce à sa “coiffure” pétard, mouchetée blanche et noire, sa face grise ornée de dessins noir et blanc. Son ventre arbore une belle couleur chamois. Pour la voir, il faut lever le nez dans la ramure des conifères qui constituent son habitat de prédilection.