Hellébores : les conseils du pro, Thierry Delabroye

Helleborus hybridus
Scott F Smith

Il les cultive, les hybride, les bichonne dans sa pépinière du Nord. Thierry Delabroye, c’est LE spécialiste des roses de Carême. Grâce à lui, vous allez tout savoir (ou presque) sur ces plantes vivaces robustes dont on guette la floraison chaque année avec grande impatience.

Thierry Delabroye
©isabelle Morand

Roses de Noël et roses de Carême

“On ne peut pas confondre les deux. La rose de Noël (Helleborus niger) est en fleurs au moment des fêtes. C’est une espèce qui pousse à l’état sauvage dans les Alpes françaises et italiennes. C’est une fleur blanche qui tient très bien en vase.

Mais cette rose de Noël est plus capricieuse que la rose de Carême (Helleborus orientalis), celle que je travaille. Si elles sont d’un caractère moins facile, il y a une bonne raison. On devrait les utiliser dans un sol minéral ; c’est une plante de montagne qui vit parfois entre des rochers.

Les roses de Carême offrent bien plus de couleurs et de motifs, du jaune, de l’ardoisé, du rose, avec des petits points. On ne devrait plus les appeler orientalis d’ailleurs, car elles ont été croisées avec de nombreuses espèces présentes dans les Balkans, en Turquie. Elles sont plus faciles à cultiver au jardin et fleurissent entre février et avril avec les hamamélis, les perce-neige, etc. Enfin, les hybrides, on n’en fait pas des bouquets ! On peut, en revanche, couper leur fleur juste au pédoncule avant de les placer le “cul” dans l’eau.”

Hellebore Thierry Delabroye
©Thierry Delabroye

Fleurs pendantes et fleurs dressées

“J’entends assez souvent la même remarque : j’aime bien les hellébores, mais les fleurs pendent. C’est normal qu’elles pendent ! Ce sont des fleurs hivernales… Comme les hellébores veulent se reproduire, ils protègent leurs pistils et étamines des intempéries. Donc, cela fait partie de notre travail de recherches et d’hybridations. Et j’ai obtenu des fleurs plus dressées, mais en coupe plate pour que la neige, l’eau, le gel ne soient pas tenus prisonniers du cœur de la plante. C’est un travail de longue haleine. Il faut repérer les fleurs qui ont des pédoncules très courts, récolter les graines, les semer. Et même si on a bien choisi les parents, on n’aura pas uniquement des fleurs dressées. Sur 15 graines, dix produiront des fleurs dressées, cinq les auront pendantes.”

Les hybridations d’hellébores

“Si on les laisse faire, c’est de l’hybridation à qui mieux mieux. Donc, je choisis des parents pour pouvoir travailler sur tel ou tel coloris, obtenir des jaunes plus intenses, des rouges plus vifs. Mais c’est bien beau de trouver une nouvelle couleur… Il faut aussi s’assurer que la plante est bien poussante. D’où l’obligation d’une vraie nurserie, de la présence en pépinière de centaines de pieds mères qu’on observe parfois pendant un an ou deux avant de faire appel à eux.”

Picotée ou piquetée ?

“La différence est importante. Pour faire simple : une fleur d’hellébore avec des petits points, c’est une fleur piquetée. Une fleur liserée de rose, c’est une picotee. Elle peut être aussi bordée de noire. On peut trouver des fleurs jaunes bordées de pourpre.

Leurs meilleurs ennemis

“À la sortie de l’hiver, des pucerons peuvent s’installer en grappes sur l’hellébore. Pas de panique, écrabouillez-les entre vos doigts, ils sont généralement peu nombreux. Vous pouvez aussi utiliser du savon noir pour les déloger, mais allez-y doucement sur le dosage pour ne pas engluer aussi les bons prédateurs. Efficace aussi, un petit coup de jet d’eau ; ça suffit souvent pour déloger les pucerons.

Hellebore Thierry Delabroye
©Vivaces Delabroye

Je sais aussi que les ragondins aiment manger, malgré leur toxicité, les jeunes tiges des hellébores. Quant aux mulots, ils apprécient les boutons floraux. Quand les fleurs sont ouvertes, ils se désintéressent des hellébores.

Mes conseils pour des H. hybrides en pleine forme

  • Apportez-leur un peu de compost à la plantation.
  • N’hésitez pas à les mulcher avec du compost à partir du mois d’avril. Chez moi, une année sur deux, je leur donne du calcium sous forme de coquilles d’huîtres broyées.
  • Plantez-les de préférence dans un endroit frais où elles bénéficieront de l’ombrage d’arbustes en été. Elles détestent cuire en plein soleil en été.
  • Ne les arrosez pas trop, elles savent se débrouiller toutes seules. Lors d’un été très chaud, c’est 4 arrosages maximum pendant toute la saison. En revanche, les H. hybridus préférant les sols plutôt limono-argileux (et drainant) que sableux (elles souffrent alors plus de la sécheresse et il faudra les arroser une fois par semaine ou tous les dix jours). Un hybride qui a trop soif l’été risque de ne pas fleurir l’hiver suivant. 
  • Mes clients bretons le savent bien : pas de problème pour planter les Helleborus hybridus dans un sol acide. Il faut tout de même savoir qu’elles y seront moins poussantes et moins hautes qu’en sol calcaire. Les H. niger, en revanche, aiment le calcaire.
  • Divisez les hellébores quand un pied mesure à la base, au niveau de son collet, environ 30 à 40 cm.
  • Égrainez les plantes surtout les deux premières années suivant la plantation. Quand vous commencez à voir des gousses qui commencent à grossir dans le centre de la fleur, attendez qu’elles mesurent environ 1,5 cm pour leur faire faire un quart de tour et les détacher. La fleur vieillira mieux.
hellebore
©wiesdie

Pourquoi certaines hellébores ne fleurissent-elles pas ?

“La principale raison, c’est une plantation trop profonde de la plante. J’ai le souvenir d’une dame qui jardinait en sol lourd et argileux, et dont les hellébores ne fleurissaient pas au bout de 3 ou 4 ans. J’étais embêté, redoutant des attaques répétées de mulots ou de ragondins. Alors je suis allé chez elle.

Constat : ses hellébores étaient plantés trop profondément. Ça se joue souvent à pas grand chose, parfois à 2 à 3 cm. Si les bourgeons sont trop enterrés, la plante ne fleurit pas. Quand vous achetez un Helleborus hybridus, plantez-le en veillant à positionner le collet au niveau du sol. N’ajoutez pas de terre. Du mulch c’est possible mais surtout pas de terre.”

Les vivaces de Sandrine et Thierry Delabroye : c’est PAR ICI

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