Utiliser des plantes pour faire du papier n’est pas rare depuis des siècles. On va oublier le papier industriel lié aux arbres ! D’autres plantes à papier l’ont été et le sont encore.
L’edgeworthia, la plante à papier
Dans nos jardins, l’Edgeworthia a une fonction exclusivement décorative. L’écorce interne de l’Edgeworthia continue d’être utilisée au Népal et en Chine pour fabriquer du papier. Mais le processus est long et la fabrication difficile, les artisans qui s’y consacrent sont de moins en moins nombreux. Le Japon a longtemps imprimé ses billets de banque sur l’Edgeworthia chrysanta, Mitsumata en japonais, notamment sous l’ère Meiji (1868-1912). Aujourd’hui, les billets japonais sont fabriqués avec Musa textilis, une espèce de bananier originaire des Philippines et surnommé le chanvre de Manille. En Asie, on utilise les fibres de ce bananier pour fabriquer des sachets de thé, des filtres à café, des emballages de saucisses ou des sacs d’aspirateur.
Des plantes à papier du genre Wikstroemia
Le Wikstroemia, surnommé gampi (ou ganpi), appartient comme l’Edgeworthia à la famille des Thymélacées. Écorces et fibres sont utilisées pour fabriquer du papier depuis le VIIIe siècle au Japon. Leur récolte n’est pas simple puisque l’arbuste n’aime pas être cultivé. Il faut donc aller le chercher en forêt où il ne sert à rien avant qu’il soit âgé de 5 ou 7 ans. Aujourd’hui, les cueillettes se font toujours dans les aires naturelles, et ce qui manque est importé des Philippines. Il faut environ 100 kg de gampi pour obtenir entre 3 et 5 kilos de papier qui sert un peu à tout, de la calligraphie à la décoration intérieure.
Le mûrier à papier (Broussonetia papyrifera)
Sans doute le plus connu des arbres, dont les fibres sont utilisées en Asie pour fabriquer du papier et, ailleurs, pour se faire de l’ombre. C’est un haut fonctionnaire chinois, Car Lun, qui a eu l’idée au début du IIe siècle de faire « pilonner des écorces de mûrier avec des morceaux de chanvre, de vieux chiffons et des filets de pêche. » Naissance du papier d’écorce, qui va connaître une large diffusion. La méthode a évolué au fil des siècles et, aujourd’hui, il n’existe plus que quelques ethnies chinoises qui fabriquent du papier traditionnel à partir de mûriers à papier sauvages.
Des alternatives actuelles intéressantes
Couper des arbres pour fabriquer du papier n’est plus une obligation. Voici quelques idées de recyclage et de valorisation qui fonctionnent…
Les déjections d’herbivores : Poopoopaper, entreprise américaine, fabrique du papier (on se rassure, c’est sans odeur) avec du caca d’éléphant, de chevaux, d’ânes, de wapitis. Une alternative qui permet également de gérer le problème des déjections animales.
Épluchures d’orange, coquilles d’œufs, noyaux de fruits, coques de noisettes… L’entreprise italienne Favini produit du papier avec ces matériaux et sans avoir recours aux arbres. Tous ces restes sont riches et permettent de fabriquer du papier dont la texture évoque la peau du raisin.