Les sols urbains appartiennent à ce qu’on nomme les sols anthropisés. Il s’agit des sols sur lesquels l’action des humains a modifié les fonctionnements et les services écosystémiques. Convenons que ça fait une grand nombre d’hectares, car outre les zones urbaines, il y a également toutes les zones agricoles ou celles qui accueillent des infrastructures diverses.
L’anthropisation, danger ou solution ?
Depuis un peu plus de deux cents ans, l’anthropisation des sols est devenu un vrai danger. Alors que jusque là, cela restait suffisamment léger pour ne pas créer des dommages difficilement réversibles, tout a changé avec l’entrée dans l’ère industrielle. L’urbanisation croissante qu’elle a déclenché, le développement de l’agrochimie et des machines trop lourdes qui vont avec, ont eu des conséquences souvent désastreuses pour les sols qui se traduisent aujourd’hui dans le dérèglement climatique et l’effondrement de la biodiversité.
Toutefois, si l’humain est capable d’abîmer ou de détruire, il l’est également de réparer s’il le veut. “L’urbanisation et la croissance des villes conduiront à des augmentation significatives de la demande en ressources naturelles telles que l’eau, l’énergie et les ressources minérales.” peut-on lire dans Terres urbaines, paru aux éditions Eyrolles sous la direction de Youssef Diab. Il poursuit “Des millions voire des milliards de tonnes de terres sont excavées sans identification de filière de valorisation structurée et réfléchie.” Et on constate ceci partout dans le monde.
Les participants au podcast
Quentin Vincent
Écologue, il travaille pour Sol&Co dont il est co-fondateur avec Anne Marchand, pédologue. Sol&Co est une entreprise issue de l’Université de Lorraine, qui valorise dix années de recherche en sciences du sol (agronomie, pédologie, écologie, écotoxicologie) et aménagement du territoire (urbanisme opérationnel, planification territoriale) et se déploie sur 4 missions :
le conseil
la formation
la recherche et développement
et la sensibilisation des publics.
Il nous éclairera sur les réalités et les complexités des sols urbains.
Adrien Rogissart
Il est directeur des opérations de l’Association Halage. L’association Halage est née en 1994 à l’initiative de membres de l’association d’éducation populaire Ebullition, à l’Île Saint-Denis (93). L’objet de l’association est de mobiliser l’ensemble des ressources humaines et naturelles, exclues ou dégradées, des territoires urbains et péri-urbains, dans la perspective du développement durable. Sur L’ile Saint-Denis, il met les objectifs en pratique.
Il nous fera part de son expérience de réhabilitation de Lîl’Ô sur l’Ile-Saint-Denis.
Philippe Gérin
Il est chargé d’Affaires Premier Tech Producteurs et Consommateurs France. Premier Tech travaille à redonner vie aux sols afin d’améliorer le rendement des cultures avec des solutions respectueuses de l’environnement qui intègrent des biocontrôles et des biostimulants pour contribuer à enrichir les sols et à accroître la résistance des plantes. Pour les jardiniers, ce sont des terreaux, des mélanges, des composts et des couvre-sols qui préparent un sol vivant.
Il apportera le regard d’une entreprise partie-prenante de la réhabilitation.
Premier Tech est partenaire de ce podcast
Pourquoi se préoccupe t-on des sols urbains ?
Parce que l’enjeu est crucial. Aujourd’hui, 56 % de la population mondiale, soit 4,4 milliards d’habitants, vivent en ville. Cette tendance va se poursuivre : d’ici 2050, avec le doublement du nombre actuel de citadins, pratiquement sept personnes sur dix dans le monde vivront en milieu urbain. (Banque mondiale). Or, les zones urbaines produisent environ 80% des émissions mondiales de CO2 et sont responsables de près de 80% de les consommation mondiale d’énergie.
En cause, la construction bien sûr et les quantités de terres excavées, polluées, dont la vie a été trop perturbée pour reprendre son cours normal. Tout commence avec les mots : terre en français comme en anglais désigne à la fois la planète et le matériau, mettant à distance l’idée de territoire et de paysage. Pour autant, ces sols sur lesquels nous vivons ont un rôle dans la possibilité de développement de la biodiversité et d’atténuation du dérèglement climatique. Ce sont eux qui accueillent les arbres et les autres végétaux. Ils sont la solution la plus sérieuse aux risques d’inondation s’ils peuvent jouer leur rôle. Car ils guident les eaux vers les nappes phréatiques et les cours d’eau. Ils doivent être traités avec le plus grand soin si nous voulons un jour pouvoir y planter de quoi nous nourrir.
Sur et dans les sols
Les sols en général et même les sols urbains sont autant d’habitats et de garde-manger pour les non-humains fort nombreux qui nous côtoient dans les villes. Voilà pourquoi replanter des jardins, des arbres et des haies en ville est une bonne idée et pourquoi il leur faut un substrat de qualité, capable d’une vie underground !