Si vous êtes amateur de chewing-gum, plantez un sapotillier. Cet arbre produit une sève qui, une fois cuite, forme une gomme brunâtre bonne à mâcher… Le seul chewing-gum 100% naturel !
La prochaine fois que vous tendrez la main vers un chewing-gum, sachez que vous consommez du copolymère isobutylène-isoprène de qualité alimentaire. Et c’est quoi le copolymère isobutylène-isoprène ? Tout simplement du caoutchouc synthétique. Et à partir de quoi fabrique-t-on du caoutchouc synthétique ? Du pétrole… Donc, on mâchouille un dérivé de pétrole. De là à dire qu’à chaque chewing-gum consommé, vous et moi contribuons à la surexploitation de cette énergie fossile, il n’y a qu’un pas que je ne franchirai pas, faut pas charrier non plus !
Brosse à dents d’antan
Mais venons-en aux ancêtres de nos chewing-gums d’aujourd’hui. Mâchouiller de la gomme n’a rien de nouveau. Les Grecs consommaient la résine contenue dans l’écorce du Pistacia lentiscus, l’arbre à mastic. Cette résine entrait aussi dans la fabrication de pastilles appréciées des sultans de l’Empire ottoman. La gomme remplaçait alors la brosse à dents (inventée sous sa forme actuelle au milieu du XVe siècle) et purifiait l’haleine.
Le vrai chewing-gum, 100% naturel, vient de la sève du sapotillier (Manilkara zapota), un arbre originaire des forêts tropicales humides d’Amérique centrale. Les Indiens avaient l’habitude de consommer une gomme à base de “chiclé” (sève). On dit qu’on doit son succès aux États-Unis à Antonio Lopez de Santa Anna, président mexicain en exil. Les États-Unis avaient déjà leur propre gomme, les Américains consommant en effet la résine qui se forme sur l’écorce des épicéas quand on les coupe.
Il n’a pas fallu très longtemps pour que la demande en chiclé dépasse les possibilités de production. Il faut, en effet, laisser s’écouler de 4 à 8 ans entre deux récoltes de latex. Pour satisfaire la demande grandissante des Américains, on s’est mis alors à fabriquer des gommes synthétiques. On utilisa de la paraffine, de la cire… En décembre 1869, le pharmacien William F. Semple voit ses efforts récompensés avec l’attribution de la première patente autorisant la fabrication du chewing-gum. Et toute l’Amérique (ou presque) se met à mâcher… Le chewing-gum ayant la réputation de tenir éveillé, les soldats des deux guerres mondiales en reçurent à longueur de conflit…
Le premier chewing-gum biodégradable
Les gommes actuelles collent aux semelles, chacun le sait. Le chiclé, la gomme naturelle, ne colle pas. Au Mexique, dans le Yucatan, une coopérative mexicaine (Consorcio Chiclero) a relancé la production de l’arbre à chewing-gum. Ils ajoutent au chiclé du sirop d’agave et des arômes de plantes et produisent une gomme 100% naturelle et dégradable en quelques semaines. La forêt que gèrent les chicleros est certifiée FSC (Forest Stewardship Council) et cette nouvelle activité fait vivre de très nombreuses familles dans le cadre du commerce équitable.
Le fruit du sapotillier à découvrir
Le sapotillier est aujourd’hui cultivé dans bon nombre de pays tropicaux, de l’Inde à la Polynésie en passant par Madagascar. Son fruit, la sapotille, est un délice. On déguste la pulpe à la cuillère (comme un avocat). Elle est sucrée, très parfumée et un peu granuleuse (comme la poire). L’arbre à chewing gum produit des fruits toute l’année, mais il faut le déguster sur place. Sa peau est très fine et rend le fruit intransportable !