Le safran a fait, dans le passé, la richesse de régions comme le Quercy ou le Gâtinais. Après avoir été longtemps délaissée, sa culture a repris avec la création de safranières. On y produit cette épice qui reste encore la plus chère du monde. Vous pouvez, vous aussi, en cultiver le safran au jardin ou en pot.
L’or rouge
Le safran mérite bien son surnom d’or rouge ! En effet, il faut environ 150 000 fleurs de Crocus sativus pour obtenir, après séchage, 1 kg de cette épice (oui, 150 000, vous avez bien lu !). La récolte, le prélèvement des pistils, le séchage… Aucune étape ne peut être mécanisée, ce qui explique une partie du coût. Le travail est minutieux, délicat ; il a donc longtemps été confié aux femmes et aux enfants.
L’histoire du safran épouse celle de bon nombre de civilisations, car cette épice a été utilisée en cuisine, mais aussi dans les parfums, les teintures et nombre de préparations médicamenteuses. Ainsi, Cléopâtre en faisait verser dans ses bains et l’utilisait avant tout rendez-vous amoureux ; Alexandre le Grand lui faisait confiance pour guérir ses blessures ; un médecin chinois le recommandait même pour en parfumer du vin… L’épice fut même à l’origine d’un conflit meurtrier, “Safrankrieg”, en 1374. Pour avoir détourné une cargaison de 360 kg de safran en route vers Bâle, des nobles furent assiégés par les spoliés dans le château Falkenstein (Suisse). Ils capitulèrent au bout de deux semaines, durent payer une énorme amende et les mercenaires qui leur avaient prêté main-forte furent décapités. À l’époque, on ne rigolait pas avec l’or rouge !
Mais combien ça coûte ?
- Préparez-vous à casser vos tirelires si vous voulez en acheter 1 kg. En effet, le prix moyen s’établit environ à … 30 000 €.
- 1 g vaut donc 30 € environ et, pour ce prix, vous disposez d’environ 150 pistils séchés. Largement suffisant pour parfumer ou colorer plusieurs plats.
- Si vous trouvez lors de voyages du safran “à pas cher”, il s’agit surement de pistils de perlimpinpin ou de poudre colorée, rien à voir avec du safran.
Comment cultiver le safran chez vous
Allez, oubliez toute idée reçue ou préconçue ! On peut cultiver du safran à peu près partout. Car, c’est la nature du sol qui importe, pas le climat.
- Les bulbes de Crocus sativus doivent être plantés dans une terre très drainée. En effet, ils détestent les terrains lourds, compacts, argileux (il faudra amender, c’est-à-dire améliorer, changer la nature de l’emplacement de plantation pour obtenir des fleurs).
- En pleine terre ou en pot, le safran a besoin d’un emplacement très ensoleillé pour bien se développer.
- Plantation : les bulbes (on dit aussi les cormes) se plantent en été dans un sol débarrassé des racines d’adventices. Côté pointu vers le haut. Il faut les enfoncer entre 10 et 15 cm. Distance entre deux bulbes : 10 cm maximum.
- Arrosage : pas besoin sauf en cas d’extrême sécheresse. L’humidité fait pourrir le bulbe.
- Floraison : courant octobre. C’est à ce moment-là qu’on récolte les pistils rouges. Deux solutions : soit on prélève sur place les 3 extrémités des pistils (avec une pince à épiler, c’est plus pratique qu’à la main), soit on récolte les fleurs et on prélève les pistils confortablement installé (chaise, table, c’est moins crevant, mais c’est si vous en cultiver beaucoup).
- Au printemps, les feuilles se dessèchent ? Pas de panique, c’est normal !
- Les bulbes sont bien rustiques. Pas besoin de les déterrer.
Comment sécher et conserver Crocus sativus
Il faut laisser les pistils bien sécher pour éviter tout risque de pourriture. Vous avez le choix : au soleil, en plein air (mais au moindre coup de vent, au revoir le safran), au four (porte entrouverte) entre 40 et 60°C pendant environ quinze minutes.
Enfin, conservez votre safran dans un petit bocal bien hermétique et à l’abri de la lumière.
Les safranières françaises à visiter
- En Limousin : Les Safranières de la Font Saint Blaise. Véronique Lazérat est à la tête de la plus grande safranière de France, implantée en Creuse depuis 2005. Depuis, Véronique a fait des émules en Creuse… La Safranière de Freyssinet, à Saint-Priest-Ligoure et Safran en Limousin, à Sereilhac.
- Dans la Drôme : Les safranières du Val d’Or, à Albon.
- En Savoie : Safran des anges, à Saint-Jean-de-la-Porte (massif des Bauges).
- En Quercy : Quercy Terre d’Arômes, à Cregols (Lot)
- Hauts de France : Safran de Lille, à Entières-en-Weppes (Nord)