Il y a 200 ans, Gustave Courbet, roi du réalisme (et du paysage réaliste), naissait à Ornans dans le département du Doubs. Aussi, ce superbe coin de France, à la nature magnifiquement préservée, célèbre-t-il, cette année, cet anniversaire. Ci-dessous, quelques visites incontournables en pleine nature ou dans les lieux conservant la mémoire de ce peintre rebelle et sauvage !
Gustave Courbet ne fut pas seulement le peintre de l’Origine du Monde, tableau audacieux qui fait encore scandale aujourd’hui. Il fut aussi un formidable paysagiste. On l’ignore souvent, mais les deux tiers de son œuvre sont des toiles de nature ou des paysages pour la plupart réalisés dans son pays natal du Doubs. Toute sa vie, le maître du réalisme revint régulièrement à Ornans, chez les siens, pour se promener, peindre ou chasser. Lorsqu’il acheta des terres jusqu’à la Loue pour y établir son atelier, il y planta des pommiers et des cerisiers en véritable homme de la terre. « J’aime le plancher des vaches, écrit-il à Hugo, et l’orchestre des troupeaux sans nombre qui habitent nos montagnes ».
Que peint Courbet en son pays ? « Je vais vous peindre la nature telle qu’elle est ! » dit-il. Il la peindra tel qu’il la voit et la ressent. Courbet peint la campagne, la montagne, les sous-bois, les arbres, les rochers, les paysans, les chasseurs, les animaux… Il représente la source de la Loue, le ravin du Puits noir, le miroir de Scey. Mais aussi la campagne en pleine mutation avec ses prairies et ses élevages, ses scieries, ses papeteries et ses forges, ses moulins au milieu des torrents. Ornans, sa ville natale et toute la région conservent la trace et la mémoire de cet artiste fou de nature, que différents lieux permettent de mieux connaître.
Ornans, le village natal
Marcher dans les pas de Courbet, c’est d’abord visiter le joli village d’Ornans et essayer de repérer les points de vue peints par le peintre. Les falaises qui apparaissent dans divers tableaux, les ruelles (celle des tanneries et de la papeterie), la rivière de la Loue et ses vieilles maisons, l’église Saint-Laurent qui conserve un portrait de l’artiste en Saint Vernier peint par son premier professeur…
On découvrira aussi son ancien atelier au mur duquel figurent des hirondelles, sa maison natale et sa tombe. Sans oublier le petit Pêcheur aux chavots tentant d’attraper avec son long outil les fameux poissons d’eau douce. Cette sculpture réalisée par Courbet orne une petite fontaine et montre son désir réaliste de peindre, plutôt que la mythologie, les gens et les choses qui l’entourent.
Le musée Courbet
Au cœur d’Ornans, ce très joli musée retrace sur 1000 m2 le parcours du fils prodige, soit 22 salles dont certaines offrent de splendides échappées sur la rivière, le village ou la nature environnante. On suit l’artiste à travers son séjour à Paris, sa carrière, sa rupture esthétique, les milieux artistiques qu’il fréquenta, son engagement politique, ou encore son exil jusqu’à sa mort, en Suisse. Quelques suiveurs paysagistes sont aussi présentés de même que des expositions temporaires en lien avec l’artiste (Yan Pei-Ming, jusqu’au 30 septembre). Parmi les quelque 80 œuvres, de très nombreux paysages témoignent de son amour de la nature tel le fameux Chêne de Flagey (en photo plus haut), arbre proche de la ferme Courbet et qui demandait les bras de sept personnes pour faire le tour de son tronc!
La ferme Courbet, à Flagey
C’est la ferme familiale, c’est-à-dire l’ancienne propriété de la famille paternelle qui a été restaurée et ouverte au public en 2009. En dehors du Café de Juliette, lieu sympathique pour faire une petite pause gourmande et feuilleter des livres, on pourra y découvrir des expositions, du matériel agricole ancien et surtout un potager aux relents nostalgiques, planté de plantes aromatiques et de roses anciennes.
La Source de la Loue
Huit randonnées, de longueurs et de difficultés variables, permettent de suivre l’artiste dans la nature. C’est le cas du très joli parcours du Lison et de ses sources. Pour notre part, nous nous sommes rendus à la source de la Loue, site classé Natura 2000, facile d’accès et très spectaculaire. Au pied d’une grande muraille de calcaire de plus de 100 mètres de haut, jaillissent, du fond d’une grotte, des volumes d’eau dont le débit peut aller jusqu’à 100m3 à la seconde. Un lieu connu depuis la nuit des temps, mais qui n’a été identifié en tant que source de la Loue qu’en 1901.
Courbet peignit 14 fois ce paysage à la fois violent et serein qui mêle la terre (signe de fécondité) et l’eau qui jaillit de la montagne (signe de pureté). Il est assez emblématique de sa force, de son irréductible quête de vérité et de son désir de renouvellement de la peinture occidentale.
Le Musée des Beaux-Arts de Besançon
Il est un passage obligé pour mieux connaître Courbet, car il conserve une jolie série de tableaux du maître ayant trait à la nature. On y découvre, par exemple, Les chasseurs dans la neige, la cascade du Gour de Conche, les Paysans de Flagey revenant de la foire ou encore l’Hallali du cerf. Ces deux dernières toiles ne peuvent laisser indifférents tant leur format est impressionnant. On ne pourra que recommander aussi la visite, dans cette même ville, de la vieille apothicairerie Lemaire (1738) avec ses bocaux de plantes médicinales. Un bijou!
Y aller: depuis Paris, prendre le TGV jusqu’à Besançon (2 heures). Puis la voiture.
Se loger: Hôtel-Spa les Rives sauvages, à Malbuisson, au bord du lac Saint-Point (photo)
Se restaurer: La Table de Gustave à Ornans (terrasse agréable, pour déguster une truite ou un lapin au vin jaune). Ou l’Atelier de Donat à Malbuisson.
Pour tous les renseignements: ICI ou LA