Le château de Versailles a mis en place un parcours balisé et commenté pour découvrir les plus beaux arbres du Domaine, de Trianon à l’Orangerie. Une balade agréable et très instructive à la découverte d’arbres vénérables, témoins de notre Histoire, de Louis XIV à la tempête de 1999… Voici quelques-uns de ces Arbres Admirables de Versailles.
Un survivant sur béquilles
La tempête de 1999 a failli avoir raison de ce genévrier de Virginie (Juniperus virgininia). Mais l’arbre a été le plus fort, la sève y circule encore. Une grosse béquille l’aide à se maintenir et à continuer de vivre. Il aurait été planté sous Napoléon 1er. Un cadeau de l’Empereur à Marie-Louise d’Autriche qu’il épouse le 2 avril 1810. Napoléon a alors 41 ans et Marie-Louise, 18. On sait que d’autres genévriers de Virginie vivaient dans le parc, car leur présence est mentionnée dans l’inventaire révolutionnaire établi en 1795.
Un pied imposant
Deux platanes à feuilles d’érable (Platanus x acerifolia) sont à observer dans le domaine. L’un dans la partie des jardins et bosquets plantée en 1818, l’autre vers le Hameau de la Reine. Ce dernier a été planté en 1798, sous le Directoire, et mesure une trentaine de mètres de hauteur. Il est surnommé le “platane à pied d’éléphant”, car sa base mesure 7 m de circonférence !
Le guetteur de l’Orangerie de Jussieu
Ce séquoia géant (Sequoiadendron giganteum) ressemble à une tour de garde. C’est l’un des premiers spécimens à avoir été planté en France, en 1870. Un “bébé” encore puisque les séquoias géants sont capables de vivre plusieurs centaines d’années voire deux millénaires. Un séquoia californien baptisé Général Sherman serait vieux de 2200 ans. L’écorce très épaisse du séquoia le protège du feu. Le séquoia géant de Versailles mesure 38 m, il est encore en pleine croissance !
L’arbre des pagodes, pleureur ou pas
Plusieurs sujets pleureurs de sophora (Styphnolobium japonicum ‘Pendula’) ont été plantés à proximité de l’Orangerie de Jussieu au début du XXe siècle. Le sophora dans sa forme classique, érigée, a lui été planté près du Petit Trianon à la demande de Marie-Antoinette. La Reine fit installer cet arbre non loin du Jeu de bagues, l’ancêtre de nos manèges. Au lieu de décrocher la “queue à Mickey” comme le font les enfants d’aujourd’hui, les joueurs munis de baguettes devaient décrocher des anneaux. Le plateau tournait grâce à la force des serviteurs…
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Sa Majesté le cèdre
En 1734, grâce à Bernard de Jussieu, les premiers bébés cèdres du Liban arrivent en France depuis l’Angleterre où poussent déjà plusieurs sujets rapportés du Mont Liban. Mais le Cedrus libani que vous pourrez voir à Versailles aurait été planté en 1840 seulement. Le cèdre du Liban change de port avec l’âge. Conique les trente premières années, il adopte ensuite un port tabulaire. Au Liban, les grandes forêts de cèdres ont été décimées par l’activité humaine. Le bois imputrescible a été utilisé pour la construction des bateaux phéniciens, mais aussi pour l’édification des premier et second temples de Salomon. Si vous allez au Liban, vous pourrez voir quelques cèdres à Bcharré, en haut de la Vallée Sainte, dans la réserve des Cèdres de Dieu. La plus grande réserve se situe dans la région du Chouf.
Feuilles en cœur
Le catalpa ou arbre à haricots (Catalpa bignonioides) se reconnaît aisément grâce à ses feuilles cordiformes (en forme de cœur). Ce ne sont pas les arbres les plus hauts de Versailles (10 à 15 m), mais leur écorce en vieillissant est remarquable. L’un d’entre eux est véritablement impressionnant. Il a été planté en 1726.
Le doyen du Domaine
Du haut de ses 350 ans estimés, ce chêne pédonculé a vu Louis XIV, André Le Nôtre, Marie-Antoinette, les Révolutionnaires, des guerres, des tempêtes… Quercus robur est le plus vieil arbre du Domaine ; il mesure 36 m de haut. Il existe aussi sous une forme fastigiée (Quercus robur ‘Fastigiata’, notre photo). Sa date de germination est, elle, très précise : 1768. Il est visible près de l’Orangerie de Jussieu.
L’intrigant cyprès chauve
C’est un conifère (Taxodium distichum) qui ne fait rien comme la plupart des autres ! D’abord, il perd ses feuilles. Ensuite, il respire par ses… genoux, ou pour parler correctement par ses pneumatophores. Ces racines aériennes, bosselées ou en forme de curieuses stalagmites, captent l’oxygène nécessaire à sa vie d’arbre. On retrouve ces pneumatophores chez les palétuviers ou les cyprès chinois des marais. Le cyprès chauve pousse à l’état naturel dans les zones humides ou marécageuses. C’est pourquoi il a été planté il y a plus de 200 ans, sur la rive de l’étang au pied du Hameau de la reine. Si vous passez par l’arboretum de Balaine, dans l’Allier, vous pourrez voir un superbe exemplaire de Taxodium et observer à loisir ses pneumatophores.
Une des pires odeurs qui soit…
Les fleurs du Ginkgo biloba femelle ne sentent pas la rose, c’est le moins que l’on puisse dire… Elles exhalent même une odeur abominable ! Dans les pépinières de Trianon, vous pourrez voir un couple de ginkgos, planté vers 1850. Cette espèce d’arbre qui existait avant les dinosaures est appelée en Chine “abricot d’argent”, et chez nous “arbre aux 49 écus”. Ce surnom vient de la somme de 40 écus que versa le botaniste français, M. de Pétigny, pour l’acquisition de 5 plants à un confrère anglais.
Une belle cachette
Planté au début du XIXe siècle, ce Fagus sylvatica ‘Tortuosa’ ne semble pas monstrueusement grand au premier abord, mais sous sa ramure l’impression est tout autre ! On se croirait sous un parasol géant. Il a une allure folle avec ses branches tarabiscotées et son look de Pollux feuillu. Ce hêtre à croissance lente fait le bonheur des enfants… et des grands.
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Le pied dans la grotte
Il n’est pas bien grand (3 m), mais il est bien vieux, contemporain de Marie-Antoinette. Cet if (Taxus baccata) a été planté au-dessus de la grotte à deux entrées voulue par la Reine. Que n’a t-on raconté sur cette grotte… Marie-Antoinette y aurait donné rendez-vous à des soupirants, elle y aurait comploté, etc. Las ! Ce n’était sans doute rien de plus qu’un aménagement comme on pouvait en voir à l’époque dans de nombreux jardins.
Le circuit des Arbres admirables au domaine de Versailles comporte 14 étapes. Un parcours audioguidé est disponible via une application mobile gratuite “Arbres admirables à Trianon” à télécharger sur Appstore ou Google Play.
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