Fort de ses 600 hectares et de ses milliers d’arbres et de plantes, le Jardin botanique national de La Havane est un des plus grands du monde. L’an dernier, il fêtait ses 50 ans. Et son histoire, liée à celle de Cuba, n’est pas banale ! Grand seigneur des lieux ? Le palmier royal…
600 hectares et près de 4000 espèces végétales
D’immenses allées, des plantes venues des quatre coins de la planète, une atmosphère dépaysante, un peu flottante, silencieuse où seul résonne le chant des oiseaux… Le Jardin botanique national de La Havane séduit tous ceux qui s’y rendent. Pourtant, il est relativement méconnu des touristes. Situé à 25 kilomètres au sud de la capitale cubaine, il s’étend sur 600 hectares. Et possède 3 à 4000 espèces végétales, ce qui en fait un des plus grands jardins botaniques au monde.
Sa visite se fait véhiculée. En général avec un guide spécialisé. Même si certaines zones, bien sûr, ne se découvrent qu’à pied. Les visiteurs les plus ignorants en botanique seront touchés au cœur par ce lieu tant l’atmosphère y est paisible et certains végétaux, spectaculaires.
Cuba possède une flore et une végétation très variées (7000 espèces dont la moitié est endémique). Malgré cela, on compte peu de botanistes cubains avant la Révolution. Les premières recherches dans ce domaine reviennent plutôt aux scientifiques européens et américains. De même, les jardins botaniques ont-ils été longtemps négligés sur la grande île. Certes, Charles III d’Espagne créa un premier jardin botanique en 1817 à l’emplacement actuel du Capitole. Mais un demi-siècle plus tard, celui-ci dut déménager brutalement à Quinta de los Molinos pour céder la place à une gare ferroviaire.
Vingt ans de travaux pour sa réalisation
En fait, il a fallu attendre 1966 et l’arrivée du Dr Johannes Bisse, jeune botaniste allemand invité à l’Université de La Havane, pour que se dessine pour notre paradis vert le destin qu’on lui connaît aujourd’hui.
Ce jeune passionné et connaisseur de la flore cubaine, ami de Fidel Castro, initia très tôt l’idée d’un jardin botanique national d’envergure. Création qui fut annoncée officiellement dans un discours du Commandante le 7 janvier 1968. Commencèrent alors des travaux titanesques. Ils dureront pas loin de vingt ans… !
Les premiers mois furent particulièrement effervescents. On construisit des pépinières provisoires. On prépara les sols. On organisa des expéditions dans l’Oriente pour collecter des plantes et des graines… Efforts qui permirent de semer, dès 1969, 22 000 arbres dans la section « Forêt semi-caduque ».
Pendant la décennie suivante, on édifia les pépinières définitives, les laboratoires, les herbiers et la bibliothèque. Plus de 40 000 m3 de fragments de roche calcaire et 14 000 m3 de roche serpentine furent acheminés sur place.
On effectua aussi de grandes collectes de plantes au Panama, au Mexique, au Nicaragua, en Guyane et en Jamaïque. Ainsi, le 24 mars 1984, le Jardin botanique national ouvrait ses portes au public, fier de ses différents pavillons d’expositions : de véritables pyramides de verre et de métal !
Une collection de palmiers exceptionnelle
Ses collections sont multiples. Mais une de ses fiertés principales demeure la collection de palmiers. Avec ses 25 espèces spécifiques à Cuba sur les 38 existantes, celle-ci est considérée comme la plus grande au monde. Et s’il est une vedette dans cette assemblée, c’est bien le palmier royal (Roystonea regia)!
Avec ses 25 mètres de haut et ses feuilles en éventail, il est le seul arbre à résister aux cyclones. Une force exceptionnelle qui lui a valu de symboliser le peuple cubain en figurant sur le blason du pays au côté de la clef et du bonnet phrygien issu de la Révolution française.
Le palmier royal est aussi une ressource inépuisable pour le pays. Il est exploitable de ses racines à la pointe de ses palmes. Le bois et le manchon de son tronc servent à l’architecture des maisons et des séchoirs à tabac. Ses feuilles, aux toitures et à la vannerie. Ses fruits, à nourrir les cochons.
Même la religion profite de ses bienfaits. Chez les catholiques, cet arbre est associé au dimanche des Rameaux. Mais dans la religion afro-cubaine de la santeria, très en vogue sur l’île, il représente le trône de Shango, dieu du tonnerre. Un arbre « à tout faire » !
Suite de notre article, sur les collections du Jardin : le 10 novembre!
Jardin botanique national de La Havane, carretera del Rocio, km 3,5, Calabazar, Arroyo Naranjo (la Havane). Tél. : +53 7 6979160. Ouvert tous les jours de 8h à 17h (dernière entrée 15h30)
POUR ALLER À LA HAVANE:
Air France propose un vol quotidien d’une dizaine d’heures à partir de 570 euros.
POUR TOUT AUTRE RENSEIGNEMENT: s’adresser à l’Office du tourisme de Cuba en France, 2 passage du Guesclin, 75015 Paris. Tél: 01 45 38 90 10
Ce reportage a été réalisé dans le cadre d’un voyage pour la FIT CUBA organisé par Mintur à la Havane, en mai 2019. Tous nos remerciements à l’Office du tourisme de Cuba et à Pierre Boudot-Lamotte, collaborateur pour les relations presse et directeur du magazine Destination Cuba.