Quand on aime les plantes, les spécimens rares ou âgés, la simple balade ou la botanique, le jardin Thuret est une destination de rêve. Difficile de parler de tous les végétaux installés ici. Il a fallu faire un choix. Promenade sous le soleil d’Antibes-Juan-les-Pins…
Les pivoines
Plantées par Gaston Thuret, elles prouvent bien la longévité de la pivoine. On a toujours du mal à imaginer que des petites plantes comme ça peuvent vivre aussi longtemps… Initialement, elles étaient alignées le long d’une contre-allée. Elles ont été déménagées récemment, mais semblent faire très bien à leur nouvel environnement. Ces Paeonia ne reçoivent aucun engrais, juste du compost, et du broyat à leur pied.
L’encéphalartos à longues feuilles
Il a été introduit au jardin en 1863. Encephalartos longifolius est originaire d’Afrique du Sud et, phénomène remarquable, il produit des rejets, il se duplique depuis une trentaine d’années. Rares sont les encéphalartos de cette taille plantés en pleine terre, en plein air. Il s’agit d’un individu mâle. Les organes reproducteurs sont facilement identifiables : ce sont de gros cônes qui surgissent au cœur de la couronne de feuilles. Les sacs à pollen sont bien visibles.
Le palmier afghan
Il existe peu de Nannorrhops ritchieana de cette dimension ! Ce sont même des proportions tout à fait incroyables. Il est au jardin Thuret depuis les années 1870. Ses grandes feuilles sont bleutées et il est très tolérant à la sécheresse. Ici, on ne le taille pas on lui laisse ses palmes sèches, ça fait partie de son corps.
Le fantôme blanc du jardin Thuret
Eucalyptus dorrigoensis est le plus grand arbre du jardin Thuret : 35 m de haut et 5 m de circonférence de tronc. Quand on est en mer, cet eucalyptus permet de repérer le jardin. Son écorce est d’un blanc virginal. Fin août ou début septembre, il se déshabille de façon très impudique ! En quinze jours, il perd toute son écorce qui vole un peu partout dans le jardin. Gaston Thuret, qui aimait beaucoup les eucalyptus, a fait planter bien d’autres espèces, dont certaines visibles encore aujourd’hui. Il était en relations étroites avec le directeur du ” botanique de Melbourne qui lui expédia des plants. Il y en avait tellement dans le passé que le jardin était surnommé “la maison des eucalyptus“.
De nombreux descendants de ces arbres vivent au jardin, et, régulièrement, de nouvelles espèces, moins grandes, plus originales sont introduites.
L’arbre le plus caressé
L’arbousier de Chypre (Arbutus andrachne) attire immanquablement le regard et les mains quand son écorce se craquelle en fin d’été. Des petites plaques tombent, et se dévoile alors une magnifique couleur vert pistache. Il a “un très beau grain de peau”, selon Catherine Ducatillon, la directrice du jardin. D’autres arbousiers sont présents ici, A. x andrachnoides, A. canariensis et un A. x thuretiana, hybride naturel né dans le parc.
Le kauri du Queensland
Voisin du fantôme blanc, Agathis robusta est introduit au jardin dans les années 1860, mais sous un autre nom (Dammara robusta). C’est une rareté, car on ne connaît que deux exemplaires poussant en plein air sur la Côte-d’Azur. Son écorce est sublime.
Les anémones chères à Gaston Thuret
“Avant même d’acheter le domaine”, explique Catherine Ducatillon, “Gaston Thuret est tombé sous le charme des Anemone coronaria qui poussent à l’époque sur le cap d’Antibes, alors zone rurale, agricole. Il a vraiment fait une fixette sur les anémones et les a introduites au jardin”. Un siècle et demi plus tard, au fil d’hybridations naturelles ou non, elles sont fidèles au rendez-vous chaque printemps. Tant qu’elles n’ont pas leurs graines, la tondeuse est proscrite ! Les anémones surgissent ici et là, et là encore, mutines, de toutes les couleurs. Même quand il faut refaire un massif, elles trouvent toujours le moyen de revenir et tant mieux !
Une euphorbe idéale
Euphorbia dendroides qui pousse à côté d’un charme-houblon (Ostrya carpinifolia) fleurit très tôt au printemps, et fait rapidement son cycle de végétation. Elle fait vite des graines, puis ses feuilles rougissent, et elle perd ses feuilles pendant toute la période estivale. Elle pousse très bien sur des rochers très exposés à la chaleur. On peut la voir à Saint-Jean-Cap-Ferrat, à Monaco, à Menton dans des conditions difficiles, voire impossibles. Mais impossible n’est pas Euphorbia dendroides !
Le cyprès de Monterey
Ce cyprès qui supporte les embruns a été planté sur les îles de Ré et Oléron, et ici ! Originaire de Californie, Cupressus macrocarpa est considérée comme une espèce vulnérable par l’IUCN (Union internationale pour la conservation de la nature). Planté entre 1857 et 1961, il mesure aujourd’hui 18 m de haut.
D’autres arbres remarquables du jardin Thuret
- Pin napoléon (Pinus bungeani) : planté en 1893. Écorce originale pour un pin. Hauteur actuelle : 15 m.
- Araucaria du Queensland (Araucaria bidwillii) : présent en trois exemplaires dans le jardin. Le plus grand mesure 27 m. Première introduction au jardin en 1858.
- Cocotier du Chili (Jubaea chilensis) : stipe gris clair, croissance lente. Il faut 60 ans pour voir ce cocotier fleurir. Introduit au jardin à partir de 1858.
- Banksia côtier (Banksia intergrifolia) : arbre de l’hémisphère sud, il épanouit ses fleurs en hiver. Il appartient à la famille des Proteaceae dont d’autres genres sont présents au jardin (Grevillea, Hakea).
- L’arbre de Joséphine (Melaleuca linariifolia) : il est présent au jardin depuis 1858. Quand il fleurit mi-juin, sa couronne se couvre de milliers de fleurs blanches.
Merci à Catherine Ducatillon, directrice du jardin Thuret. Pour savoir si le jardin est ouvert, pour connaître les horaires, vous pouvez consulter le site internet .