Les phyllostachys sont de très beaux et bons bambous, mais aussi de redoutables cavaleurs. Sans mesures de… confinement, ils vont faire des pousses un peu partout, y compris dans les pelouses ou dans les jardins voisins. Marc Bouillon, du Jardin d’Émeraude, applique une technique pour les obliger à rester tout sages.
La tactique imparable du fossé
Tout se passe à la plantation. Quand vous installez le phyllostachys, aménagez un petit fossé autour de la plante : 20 à 30 cm de profondeur et 20 cm de large. Surtout, ne comblez pas cette tranchée. Cela vous permettra d’observer la pousse des rhizomes. Sitôt que des turions apparaissent, coupez-les. Cela fait 20 ans que Marc Bouillon plante ainsi ses bambous, et qu’ils ne se sauvent pas partout. Une méthode décrite dans “Des bambous dans tous les jardins”, un ouvrage de Yves Crouzet paru en 1995.
Si vous les enfermez dans une barrière anti-rhizomes, c’est bien… mais vous aurez bien du mal à gérer ces rhizomes. Il reste cloisonné un certain temps, mais finit toujours par trouver un moyen de s’échapper. À un moment donné, il passe en dessous et ressort 10 mètres plus loin ! Et là, difficile de le contrôler.
Une méthode adaptée uniquement aux phyllostachys
Marc Bouillon est formel : sa méthode s’applique uniquement aux phyllostachys dont les rhizomes sont très en surface. D’autres bambous parmi lesquels les Arundinaria ont des rhizomes trop profonds pour leur appliquer le régime à moins de créer des tranchées de 80 cm de profondeur.
Grâce à cette astuce, il est possible d’avoir de magnifiques plants de bambous bien sages et surtout, de grands bambous sur des petites surfaces. Au Jardin d’Émeraude, les phyllostachys sont contenus de cette façon depuis 20 ans. Ils font entre 3 et 12 m de haut avec, pour certains, des chaumes de 10 cm de diamètre.
Plantez pour cacher la tranchée
Évidemment, un petit fossé même dans un petit jardin, ce n’est pas très jojo. Comptez déjà sur les feuilles mortes des phyllostachys pour le remplir. Et pour dissimuler la tranchée, plantez selon votre sol, des lavandes, des hydrangéas, ce qui vous fait plaisir en fait !
Pas de phyllostachys en pot !
Évitez de planter ces bambous en pot. Ils sont puissants, vigoureux et vont rapidement remplir le contenant. Rapidement, le phyllostachys va végéter, voire mourir. Ou bien elle parviendra à éclater le pot. Plantez plutôt des Fargesia, notamment F. murielae et F. nitida.
Quelques espèces de phyllostachys qu’on aime bien
- P. aureosulcata : ses chaumes sont parfois facétieux et forment des zigzags. Les chaumes sont jaune doré striés irrégulièrement de vert. Hauteur moyenne : 5 – 6 m.
- P. bambusoides (= P. violacens) : bien traçant au sud, moins traçant au nord de la Loire, s’installe donc en toute région. Les chaussent naissent vert olive, mais passent au doré au soleil.
- “La carapace de tortue” (P. edulis ‘Kiko’ ou ‘Heterocycla’) : des chaumes très originaux, qui font penser aux écailles des tortues. Si vous en plantez un, supprimez les chaumes qui ne présentent pas les caractéristiques de ‘Kiko’.
- P. nigra : superbe quand les chaumes passent au noir après être nés vert. Ils sont totalement noirs au bout de la troisième année. Ce bambou est parfait en isolé. Un peu traçant, mais pas trop !