La biodiversité, un enjeu d’avenir et deux livres

biodiversité : en jeu - bonnes feuilles

Le mot biodiversité apparait en 1986. Dans les années qui suivent, il est assez rarement utilisé. Mais depuis la fin des années 90, on le voit croître et s’imposer dans les livres, articles, colloques, sur le web et dans les discours de politiques. Le concept est en revanche très ancien. Dans l’antiquité, il apparait dans les textes de Platon, prend forme chez Aristote puis chez les Romains et les botanistes au fil de l’histoire.

Enjeu d'avenir : la biodiversitéDans son livre À l’aube de la sixième extinction, comment habiter la terre, Bruno David, paléontologue et biologiste marin, Directeur du Muséum d’histoire naturelle de Paris, défend la biodiversité et les écosystèmes pour la santé humaine et la survie du genre humain. Ce plaidoyer pour le vivant sous toutes ses formes est à la fois une réflexion et un guide pratique à hauteur d’homme, pour éviter le naufrage, posant ainsi les jalons d’une éthique pour la planète, sans moralisme ni culpabilisation. Pour lui, 2020 et la pandémie de Covid-19 ont été l’année de la prise de conscience aigüe que nous sommes en interdépendance totale avec le vivant.

Enjeu d’avenir

Bruno David aimerait que 2021 soit l’espoir d’une réaction à la hauteur de cet enjeu d’avenir. Nous avions commencé à prendre conscience du lien entre santé animale et santé humaine avec les épisodes de vache folle et de grippe aviaire. Désormais, il apparait clairement que la bonne santé des environnements a un impact majeur. La promiscuité que nous entretenons avec la faune sauvage, la manière dont nous pénétrons son territoire, dont nous le dégradons, nous met en danger. 

La surexploitation des ressources fait basculer les écosystèmes. Le dérèglement induit par les activités humaines modifie profondément les fonctionnements et les équilibres. De nouveaux écosystèmes se créent, car la Nature est très adaptable, comme le dit aussi François Couplan, mais ils ne conviendront pas nécessairement à l’existence humaine. Il n’y a donc aucune inquiétude à avoir pour la planète elle-même, mais pour notre place en son sein. Pourtant, localement, on peut réparer la biodiversité relativement rapidement.

Espoir pour l’avenir

En 60 ans, en France, les plaines agricoles n’ont plus du tout le même équilibre biologique et les sols ont été très dégradés. Mais la situation peut s’inverser si on replante des haies, une grande diversité arbres et arbustes, qu’on renonce à la monoculture. Alors les insectes reviendront et dans leur suite, les oiseaux. Bruno David constate qu’on fait plus facilement attention aux gros mammifères qu’au vivant dans les sols parce qu’on les connait mieux, parce qu’on les voit. Mais si on se décide à prêter attention aux petits animaux, la situation est réversible ! C’est donc un livre qui fait un tableau de la situation sérieux, mais ne vous conduira pas à la dépression !

 

À l’aube de la sixième extinction, comment habiter la terre
Bruno David
Éditions Grasset
256 p. – 19,50 €

 

Ce premier livre trouve un écho dans celui de Marie-Monique Robin qui déclarait sur France 3 :

"Le meilleur antidote à la prochaine pandémie, c'est de préserver la biodiversité".

Un impératif pour la santé planétaireLa fabrique des pandémies - Marie-Monique Robin

Dans son dernier ouvrage “La Fabrique des pandémies“, elle aussi fait de la biodiversité un enjeu d’avenir. 

Pour l’écrire, cette documentariste a rencontré 62 scientifiques, sur les cinq continents. Elle a interrogé des infectiologues, des épidémiologistes, des médecins, des parasitologues, des vétérinaires… Tous sont d’accord et même formels. La destruction de la biodiversité est à l’origine des zoonoses, c’est-à-dire des maladies provoquées par des pathogènes transmis pas la faune sauvage aux humains, souvent par l’intermédiaire des animaux domestiques.

Dans les écosystèmes, ces pathogènes existent discrètement. Lorsqu’on les déséquilibre, on crée donc de véritables bombes biologiques. Marie-Monique Robin prend en exemple la maladie de Lyme. Des chercheurs ont montré que cette maladie est apparue et s’est répandue aux États-Unis lorsque, faute de mammifères en quantité suffisante, les tiques s’étaient nourries sur des souris à pattes blanches qui circulent à proximité des humains. C’est une zoonose.

One Health, enjeu de santé

Enjeu d'avenir : la nature
©Isabelle Vauconsant

On comprend que l’activité humaine, pour la première fois dans l’histoire du monde, a tant modifié ses environnements que cela rebat les cartes du vivant. Nous déréglons le climat et nous contraignons les populations animales à se déplacer si elles ne veulent pas disparaitre. Par ailleurs, nous entrons de plus en plus profondément dans les zones les plus sauvages, réduisant les territoires libres. Au rythme où les forêts tropicales sont détruites, elles auront bientôt disparu.

Depuis plus de vingt ans, des scientifiques, nombreux, tirent la sonnette d’alarme sans être entendus. Ils alertent sur la perte de biodiversité et les risques que cela représente pour la santé. Mais l’organisation des sciences est construite en silos. Or pour parvenir à une vision globale et systémique, il serait important de défragmenter la connaissance scientifique et la science politique. Sous le nom de One Health, on désigne cette imbrication qui existe entre tous les éléments du vivant pour la santé globale : végétaux / faune / humain / environnements.

Marie-Monique Robin constate qu’en période de pandémie, créer l’arsenal médical de vaccins et médicaments est l’unique préoccupation. Or, si l’on ne peut en contester l’urgence, c’est insuffisant. Si on ne restaure pas les écosystèmes et la biodiversité, si on regarde sans bouger fondre les glaciers et les icebergs, si on nourrit les poissons de plastique, d’autres pandémies suivront. Et plus on dégrade l’environnement plus le risque s’accroît.

Agir individuellement et collectivement

Pour Marie-Monique Robin, chacun de nos actes de consommation, de nos choix de vie a des conséquences au bout du monde. Elle prend l’exemple des produits contenant de l’huile de palme. Chaque achat contribue à la déforestation de l’Indonésie. En consommant du soja, on a un rôle dans la destruction des forêts amazoniennes. En achetant de l’eau en bouteille quand l’eau du robinet est correcte, on ajoute à la montagne de plastique…

Mais lorsqu’on cultive un jardin riche en variétés, prêt à accueillir les auxiliaires, les oiseaux et les pique-niques, on aggrade l’environnement. C’est une action locale et localisée au sens où Bruno David dit qu’on peut modifier la biodiversité et redonner une chance au vivant autour de soi.

Recréer un cercle vertueux

Stopper les prochaines pandémies repose sur une protection et une reconstruction de biodiversité dans tous les groupes du vivant, mais pas seulement. Les recherches mettent également en évidence la question de la pauvreté, à l’origine de poussées démographiques liées au besoin de survie. Car on entre profondément dans les forêts, là où se trouve la faune sauvage, pour des raisons industrielles, mais aussi pour se nourrir lorsqu’on n’a pas de terre à cultiver. L’interdépendance est donc complète et aucune réponse simpliste, pas plus que partielle n’est possible. En revanche, chacun peut tenter de participer à l’amélioration de la biodiversité comme le suggérait Joseph Chauffrey, permaculteur.

 

La fabrique des pandémies
Marie-Monique Robin – préface Serge Morand
Éditions La Découverte
352 p. – 20 €

Marie-Monique Robin, journaliste et réalisatrice, lauréate du prix Albert-Londres (1995) est l’auteure de nombreux documentaires et ouvrages. À La Découverte, Le Monde selon Monsanto (2008) et Le Roundup face à ses juges (2017). “La fabrique des pandémies” sortira sur les écrans sous forme documentaire prochainement.

Aggrader : En permaculture, améliorer le sol, de le rendre plus vivant et fertile, à l'inverse de la dégradation.

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