François Couplan : “Sauver le monde”

Ail des ours - foret
©ferkelraggae

François Couplan, ethnobotaniste, vient de faire paraître son dernier livre “Ce que les plantes ont à nous dire” ; un livre aussi passionnant que facile à lire ! Sa passion : la relation entre l’humain et le végétal depuis le Paléolithique.

 

François Couplan : Ce que les plantes ont à nous dire
aux éditions des Liens qui libèrent

Fils d’alpiniste, le petit François cavale le long des pentes avec sa maman. C’est là qu’il découvre la richesse et la générosité de la nature sous forme de fraises et framboises sauvages ou de feuilles et boutons de pissenlits. En culotte courte, il exerce ses papilles à reconnaître des saveurs plus ou moins acides, amères, sucrées ou salées. La plante sauvage, ce n’est pas un concept, c’est une réalité !

Et dans l’assiette, ça devient un festival de saveurs pour peu qu’on choisisse de s’y intéresser. François Couplan s’est vu offrir ce magnifique cadeau d’enfance : une relation privilégiée aux plantes, à l’origine de tous ses choix de vie. Convaincu de l’importance de ce lien au végétal pour l’humanité, il se dote d’une mission.

Sauver le monde !

Le regard malicieux, François Couplan dit : ” Tout le monde veut sauver le monde. Moi j’ai choisi de le sauver en rapprochant l’humain du végétal. ” Brûlante actualité alors que le monde se confine face à un coronavirus agressif, venu des replis sauvages d’une nature trop envahie par l’Homme !

Dans cet ouvrage, il s’agit de comprendre qu’au paléolithique, les chasseurs-cueilleurs surfaient sur ce qu’offrait l’environnement, se déplaçant au rythme des saisons. Ils prélevaient ce dont ils avaient besoin, ne manquaient jamais de rien et avaient un régime alimentaire très équilibré.

Sus au néolithique !

Puis, sont arrivées l’agriculture, la sédentarisation et la prise de pouvoir sur l’environnement par les humains. Et naissent les hiérarchies économiques et sociales et la prise de pouvoir de certains humains sur d’autres.C’est le néolithique qui a créé des famines, ça n’existait pas au paléolithique. C’est le néolithique qui a créé les guerres, en tout cas les guerres de conquête et les guerres d’extinction. C’est le néolithique qui a créé l’esclavage. C’est le néolithique qui a créé les épidémies et les hiérarchies sociales surtout, qui existaient déjà en germe. “

On peut donc dater du néolithique le début de notre domination folle de la planète. ” C’est fabuleux, tout ça dans une dimension strictement matérielle pour développer une civilisation de puissance. Ça nous a permis de devenir les plus forts du monde, et d’arriver à un point où on est tellement fort et puissant qu’on ne sait plus comment arrêter, ni même ralentir la machine. ” Toutefois, ne nous y trompons pas, la nature se moque du pouvoir des humains. Ils disparaitront avant elle. Elle reprendra la place qu’ils auront cru lui arracher.

François Couplan et la pensée paradoxale pour comprendre le monde

Nature et temps présent

Savons-nous encore nous confronter à la solitude, au silence et à la lenteur ? Nous en faisons l’expérience forcée, pour certains d’entre nous, avec le confinement lié au coronavirus. C’est difficile dans nos vies souvent très urbaines, très pleines d’urgences, de rencontres et d’inquiétudes. Pour François Couplan, la nature peut être prise comme cet espace dans lequel il n’y a pas ou peu d’êtres humains. Et la nature sauvage nous déboussole parce qu’elle nous confronte au non humain.On se retrouve aux prises avec quelque chose qui nous gêne profondément, qui nous dérange et nous fait ressentir notre vide ; ce vide qu’on cherche désespérément à combler par les consumérismes de tous ordres.

François Couplan
©François Couplan

Vide ou plein ?

Toutes les cultures ne se ressemblent pas. François Couplan vit en France, en Suisse, en Malaisie, au Japon et au Burkina Faso selon les moments. Il peut ainsi comparer les relations qu’entretiennent à la nature les différentes populations.

Si la Bible donne à l’homme un pouvoir sur la nature – à charge pour lui d’en faire bon usage – ce n’est pas le cas chez les bouddhistes. ” Mon épouse japonaise m’a fait découvrir un tout autre rapport à la nature. Les Japonais utilisent traditionnellement les plantes sauvages. Ils ont un rapport plus proche à la nature que les Occidentaux, même quand ils vivent en plein Tokyo. Dans chaque maison japonaise existe un coin, Tokonoma, où sont installés des éléments naturels. Dans la culture japonaise, on n’a pas peur de ce que nous appelons vide. Ce n’est pas du vide mais inversement, c’est ce qui nous remplit. ” Pourquoi considérer cela comme un plein ? Parce que c’est ce qui nous complète : le non humain. Et si cela nous complète, cela peut mériter un certain respect !

Pour François Couplan, ce qui nous rend fous, individuellement et collectivement, c’est cette déconnexion et notre incomplétude !

François Couplan est spécialiste des utilisations traditionnelles des plantes sauvages et cultivées, qu'il a étudiées sur les cinq continents.
Ethnobotaniste (Docteur-ès-Sciences, Muséum National d'Histoire Naturelle, Paris - Chevalier de l'Ordre du Mérite Agricole), il enseigne depuis 1975 les utilisations des plantes sauvages en Europe et aux États-Unis sous forme de stages pratiques sur le terrain. À sa formation scientifique, il joint une expérience approfondie de la vie au sein de la nature, qu'il a explorée à travers le monde.

son site : www.couplan.com

 

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